Méningocoques
Calendrier vaccinal 2024 : vaccination des nourrissons et des adolescents contre les méningocoques ACWY.
Le méningocoque (Neisseria meningitidis) est une bactérie très fragile qui ne survit pas dans le milieu extérieur. Il est exclusivement retrouvé chez l'homme, où il se développe au niveau de la gorge (rhinopharynx) en étant commensal. Le rhinopharynxest à la fois la porte d'entrée, le lieu de vie et la voie d'élimination de cette bactérie. Les personnes qui hébergent le méningocoque au niveau de leur gorge sont appelées "porteurs du méningocoque".
Le méningocoque possède une capsule composée de sucres (polyoside). La capsule est un facteur de virulence important du méningocoque car elle lui permet de résister aux défenses immunitaires de l'être humain ; sa composition détermine le sérogroupe du méningocoque. Chaque sérogroupe est désigné par une lettre majuscule. Parmi les douze sérogroupes décrits, les méningocoques A, B, C, W et Y sont les plus souvent responsables d'infections graves. Le polyoside capsulaire est utilisé comme antigène vaccinal pour les méningocoques A, C, W et Y (à noter que d'autres antigènes sont utilisés pour fabriquer le vaccin contre le méningocoque B).
Le méningocoque est transmis directement par voie aérienne d'un porteur à une autre personne par l'intermédiaire de sécrétions rhino-pharyngées (gouttelettes de Flûgge) émises lors de la toux ou de la parole : celles-ci sont projetées à courte distance, et on estime que le risque de recevoir des méningocoques n'existe que pour des contacts proches et répétés. Dans les jours qui suivent son installation dans la gorge (période d'incubation de 2 à 10 jours) , le méningocoque peut traverser la muqueuse, atteindre la circulation sanguine, responsable d'infection invasive à méningocoques telles qu' une méningite (infection des membranes qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière) ou une septicémie, dont l'évolution peut conduire au décès du malade. Le purpura fulminans est une complication redoutable de l'infection par le méningocoque, qui se traduit par des plaques hémorragiques cutanées et un choc septique foudroyant mortel une fois sur quatre.
Plus rarement, le méningocoque est transmis lors de rapports sexuels.
Une suspicion d'infection invasive à méningocoque nécessite une prise en charge médicale rapide incluant l'administration d'antibiotiques le plus souvent par voie intraveineuse.
Les infections invasives à méningocoques sont à déclaration obligatoire.
Si la mise en place de mesures barrières durant la crise de covid 19 a permis une baisse notable de ces infections, les données de surveillance des infections invasives à méningocoques issues de Santé publique France, sur les années 2022 et 2023, montrent une reprise de la circulation des méningocoques (tous sérogroupes confondus).
Dans ce contexte d’évolution défavorable de l’épidémiologie des infections invasives à méningocoques, la Haute Autorité de santé (HAS), en réponse à une saisine de la Direction Générale de Santé, a révisé la stratégie de vaccination contre les infections invasives à méningocoques et mis en ligne le 27 mars 2024 de nouvelles recommandations relatives à la stratégie de vaccination contre les méningocoques de sérogroupes ACWY et B.
Les recommandations vaccinales
Les vaccins utilisés contre les méningocoques A, C, W et Y sont fabriqués à partir des polyosides qui composent leur capsule.
Les premiers vaccins utilisés étaient des polyosides simples. Ces vaccins ne sont plus disponibles aujourd'hui en Europe, mais de nombreuses personnes ont des carnets de vaccination qui attestent de leur administration dans le passé. Il s'agit notamment des vaccins quadrivalents ACWY Mencevax, Menomune ou du vaccin bivalent méningococcique A+C, Ces vaccins avaient plusieurs inconvénients : comme tous les vaccins utilisant des antigènes polyosidiques, et à l'inverse des vaccins protéiques (pour lesquels l'antigène est une protéine), ils ne sont pas efficaces avant l'âge de deux ans, il ne sont pas capables de supprimer le portage du méningocoque dans la gorge (à l'origine de la transmission de personne à personne) et la protection qu'ils confèrent est de courte durée (3 ans environ). De plus, ils n'induisent pas pas la production de lymphocytes B et T mémoires et ne sont donc pas capables d'avoir un effet rappel en cas de nouvelle injection vaccinale (la quantité d'anticorps n'augmente pas comme avec les vaccins protéiques).
Actuellement, les vaccins disponibles contre les méningocoques A, C, W ou Y sont tous aujourd'hui des vaccins polyosidiques conjugués. Cela signifie que le polyoside est lié (conjugué) à une protéine, conférant à l'ensemble les mêmes propriétés qu'un vaccin protéique : efficacité chez le jeune nourrisson, contre le portage du méningocoque, durée de protection plus longue qu'avec les vaccins polyosidiques, induction de lymphocytes mémoires B et T et d'un effet rappel en cas de d'administration d'une nouvelle dose vaccinale.
Il existe deux vaccins monovalents conjugués contre le sérogroupe C (Menjugate et Neisvac) et trois vaccins quadrivalents conjugués contre les sérogroupes A, C, W et Y (Menveo,Nimenrix, Menquadfi).
Les vaccins Menjugate et Neisvac sont utilisables dès l'âge de 2 mois. Le vaccin Menveo peut être utilisé dès l'âge de 2 ans, le vaccin Nimenrix peut être utilisé dès l'âge de six semaines, le vaccin Menquadfi à partir de 12 mois . Ces vaccins sont disponibles en pharmacie d'officine depuis le début de l'année 2014.
Les recommandations vaccinales vis à vis des infections à méningocoques ACWY ont été révisées par l'HAS en mars 2021 et définies par le calendrier vaccinal en vigueur
Les recommandations générales
Vaccination des nourrissons
La HAS recommande de rendre obligatoire la vaccination tétravalente chez tous les nourrissons, en remplacement de la vaccination méningococcique dirigée contre le sérogroupe C, selon le schéma vaccinal à deux doses suivant : une dose unique de primovaccination à l’âge de 6 mois suivie d’une dose de rappel à l’âge de 12 mois.
Le maintien d’une première dose avant l’âge de 1 an se justifie par la nécessité d’offrir une protection directe et précoce à cette population pour laquelle l’incidence et le fardeau des infections invasives à méningocoque W sont élevés. Le changement de schéma vaccinal avec une première dose à 6 mois au lieu de 5 mois (âge actuellement en vigueur pour la première dose de vaccins dirigés contre le sérogroupe C) permet de conserver un schéma vaccinal complet réduit à 2 doses et débuté précocement dans la première année de vie.
Compte tenu des données d’interchangeabilité, la HAS rappelle qu’une vaccination initiée avec un vaccin monovalent C chez les nourrissons peut être poursuivie avec un vaccin méningococcique tétravalent ACWY et qu’une vaccination ACWY initiée avant 12 mois doit être poursuivie avec le même vaccin Nimenrix. La HAS rappelle également que le vaccin Nimenrix peut être co-administré avec la plupart des vaccins recommandés à cet âge.
Vaccination des adolescents
La HAS recommande la vaccination tétravalente chez tous les adolescents selon un schéma à une dose administrée entre 11 et 14 ans, et un rattrapage vaccinal chez les 15-24 ans. Les trois vaccins tétravalents disponibles en France (Nimenrix, Menquadfi et Menveo) peuvent être considérés comme interchangeables et peuvent être administrés dans le cadre du rattrapage, en même temps que les autres vaccins qui sont recommandés à cet âge.
Les recommandations particulières
1. Personnes présentant une réceptivité accrue aux infections invasives à méningocoque
Les personnes qui présentent l'un des facteurs de risque suivants devraient bénéficier d’une protection durable contre les sérogroupes A, C, W et Y du méningocoque avec un vaccin quadrivalent conjugué :
- déficit en fraction terminale du complément ou qui reçoivent un traitement anti-C5A ;
- déficit en properdine ;
- asplénie anatomique ou fonctionnelle ;
- greffe de cellules souches hématopoïétiques.
Il existe tois vaccins quadrivalents ACWY conjugués : le vaccin Menveo peut être utilisé dès l'âge de 2 ans, le vaccin Nimenrix dès l'âge de six semaines (depuis novembre 2016), le vaccin MenQuadfi.
Les vaccins NIMENRIX, MENVEO, MenQuadfi sont remboursés à 65 % par l'Assurance maladie pour les patients à risque élevé d'infection invasive à méningocoque (pas de remboursement pour les voyageurs).
Une vaccination de rappel utilisant un vaccin tétravalent ACWY conjugué est recommandée tous les cinq ans chez les personnes à risque élevé et durable d'infection invasive à méningocoque, dont la liste est précisée ci-dessus.
2. Personnes au contact d'un cas d’infection invasive à méningocoque de sérogroupe A, C, W ou Y
Une nouvelle instruction du 27 juillet 2018 actualise la conduite à tenir autour d'un cas d’infection invasive à méningocoque.
Vaccination au plus tard dans les 10 jours qui suivent l'exposition au méningocoque. Des précisions sur les schémas vaccinaux à utiliser sont données dans l'instruction.
Devant la survenue de cas groupés, des mesures spécifiques peuvent être mises en œuvre.
3. Personnes de 25 ans et plus, résidant en France, qui fréquentent les lieux de convivialité ou de rencontres gays : cette recommandation temporaire ne s'applique pas actuellement
La détection d'une souche de méningocoque C particulièrement transmissible chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et chez les personnes fréquentant des lieux de convivialité gay a conduit les autorités sanitaires à étendre l'âge de la vaccination contre le méningocoque C aux personnes âgées de 25 ans et plus, résidant en France, qui fréquentent les lieux de convivialité ou de rencontres gays ou qui souhaitent se rendre à un ou des rassemblements gays. Cette recommandation, qui devait initialement être appliquée jusqu'en novembre 2015, a été étendue jusqu'à fin 2016 (avis du 29 janvier 2016) puis arrêtée en raison de l'amélioration de la situation épidémiologique.
4. Vaccination contre le méningocoque W en situation d'hyperendémie
Référence : avis de la Haute autorité de santé de janvier 2019 sur la vaccination contre les infections invasives à méningocoques de sérogroupe W avec un vaccin tétravalent dans les situations d'hyperendémie.
En cas de déclaration d'un foyer d'hyperendémie d'infection invasive à méningocoque W, les recommandations suivantes s'appliquent.
4.1. L'Agence régionale de santé (ARS) et la Cellule d'intervention en région (CIRE) sollicitent la Direction générale de la santé (DGS) d'une cellule d'expertise , dès lors que les critères d'alerte sont réunis : au moins trois cas d'infection invasive causés par le même méningocoque W dans une zone géographique donnée sur une période d'un an, avec un taux d'incidence au moins dix fois supérieur au taux national au cours de la même période (consulter l'avis pour des précisions sur ces critères).
4.2. La cellule d'expertise analyse les données épidémiologiques, cliniques et microbiologiques pour évaluer la nécessité d'une campagne de vaccination et définir éventuellement ses modalités (tranches d'âge, zone géographique).
4.3. Les acteurs, partenaires, structures et personnes ressources sont identifiés pour organiser rapidement, voire en urgence, une campagne de vaccination et la prise en charge des vaccinations sans avance des frais. L'instruction n°DGS/SP/2018/163 précise les conditions de financement.
4.4. Le parcours vaccinal est simplifié. Prescription et acte vaccinal sont réalisés au cours d'une seule et même consultation. La vaccination est réalisée près des lieux de vie de la population concernée. La traçabilité du numéro de lot des vaccins administrés et le suivi renforcé des déclarations de pharmacovigilance font l'objet d'une attention particulière.
4.5. Une communication autour de la campagne de vaccination est réalisée au plus près des professionnels de santé, des usagers, ainsi que des partenaires et des élus locaux, grâce à des canaux d'information diversifiés et adaptés.
Les recommandations professionnelles
Une protection durable et étendue aux sérogroupes A, W et Y du méningocoque est souhaitable pourles personnels des laboratoires de recherche travaillant spécifiquement sur le méningocoque.
Les recommandations pour les voyageurs
1. Personnes se rendant dans une zone d’endémie dans des conditions à risque
Notamment pour un séjour dans la "ceinture de la méningite" en Afrique subsaharienne : zones de savane et Sahel, d’Ouest en Est, du Sénégal à l’Éthiopie, au moment de la saison sèche, favorable à la transmission du méningocoque (habituellement hiver et printemps) ou dans toute autre zone où sévit une épidémie, dans des conditions de contact étroit et prolongé avec la population locale :
- Vaccin méningococcique C
Personnes âgées de 2 mois et plus en cas d’épidémie due au méningocoque de sérogroupe C : avec le vaccin méningococcique C conjugué.
- Vaccin tétravalent conjugué ACWY
Nimenrix :
- à partir de l’âge de 6 semaines : deux doses espacées de deux mois et rappel à 12 mois.
- à partir de l'âge de 12 mois : une dose unique.
Menveo :
- à partir de l'âge de 2 ans : une dose unique.
Menquadfi : à partir de 12 mois : une dose unique
2. Personnes se rendant dans ces zones pour y exercer une activité dans le secteur de la santé ou auprès des réfugiés.
Utilisation du vaccin méningococcique ACWY conjugué.
3. Pèlerinage à La Mecque (Hadj et Umra)
Vaccination obligatoire. Cette vaccination doit être notée sur un Certificat International de Vacccination .La vaccination doit être réalisée au moins 10 jours avant le départ. Utilisation d'un vaccin méningococcique ACWY conjugué comme indiqué plus haut.
Le schéma vaccinal
1. Vaccin monovalent conjugué contre le méningocoque C
- Nourrissons âgés de 2 à 3 mois révolus :
- Menjugate et Neisvac : deux doses à au moins deux mois d’intervalle et un rappel au cours de la deuxième année de vie.
- Nourrissons âgés de 4 à 11 mois révolus :
- Menjugate : deux doses à au moins deux mois d’intervalle et un rappel au cours de la deuxième année de vie ;
- Neisvac : une dose et un rappel au cours de la 2ème année de vie.
- Enfants à partir de l’âge de un an, adolescents et adultes : une dose unique.
2. Vaccin tétravalent conjugué ACWY
- Nimenrix
- à partir de l’âge de 6 semaines : deux doses espacées de deux mois et rappel à 12 mois ;
- à partir de l'âge de 12 mois : une dose unique.
- Menveo : à partir de l'âge de 2 ans : une dose unique.
- Menquadfi : à partir de 12 mois : une dose unique
Pour les personnes immunodéprimées ou aspléniques : cf. rapport du HCSP du 7 novembre 2014.
Depuis avril 2022, les pharmaciens, les IDE peuvent administrer ces vaccins sur prescription médicale chez les personnes de 16 ans et plus.
Les données épidémiologiques
1. Dans le monde
En Afrique subsaharienne , des épidémies de grande ampleur surviennent régulièrement, notamment pendant la saison sèche (novembre-juin), dans une zone s’étendant du Sénégal à l’Ethiopie (« ceinture de la méningite » africaine) ou ceinture de Lapeyssonnie, du nom du médecin militaire qui l'a décrite et mis en oeuvre des méthodes de lutte contre la méningite à méningocoque. Le sérogroupe A a longtemps prédominé en Afrique. Les campagnes de vaccination entre 2010-2020 avec le vaccin méningocoque A MenAfrivac ont contribué à diminuer de manière importante les épidémies de méningites. Les méningocoques responsables plus fréquemment d'épidémies sont actuellement de sérogroupe C et W. Le sérogroupe W semble maintenant durablement implanté en Afrique, avec une importance variable selon la zone géographique
Le méningocoque de sérogroupe A a été également responsable d’épidémies en Asie.
Le sérogroupe W a été responsable d’épidémies en Arabie saoudite (pèlerinage de la Mecque) .
Le sérogroupe X est présent depuis les années 1990 en Afrique avec des poussées épidémiques récentes (Niger, Kenya et Ouganda). Il n'existe pas de vaccin disponible contre le sérogroupe X.
Dans les zones tempérées, la plupart des cas surviennent en hiver. Des flambées localisées se produisent dans des espaces clos bondés (dortoirs, casernes, etc.). Les sérogroupes B et C prédominent dans les Amériques et en Europe où ils sont à l’origine de cas sporadiques et de petites bouffées épidémiques. Les autres sérogroupes restent minoritaires dans le monde. Cependant, le sérogroupe Y s’est implanté de façon endémique en Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) et progresse dans plusieurs pays européens.
2. En France
En France, la majorité des cas d'infection invasive à méningocoque survient de manière sporadique (cas isolés).
Après 2 années de faible incidence, en lien avec les mesures mises en place avec la pandémie Covid-19, le nombre de cas d'infections invasives à méningocoques (IIM) repart à la hausse depuis octobre 2022.
En 2022, 84 cas d'infections invasives à méningocoque ont été déclarés en France, en grande majorité liées aux sérogroupes B (53 % des cas), Y (23 % des cas) et W (19% des cas). Le sérogroupe C était très minoritaire (4 % des cas).
Les infections invasives à méningocoques B surviennent plus fréquemment chez les adultes jeunes (15-24 ans) et les nourrissons.
Le sérogroupe Y est fréquemment identifié chez les adultes , e particulier les personnes de 60 ans et plus.
Les infections invasives à méningocoques W sont en augmentation dans plusieurs classes d'âge : nourrissons, jeunes adultes 15-24 ans et les adultes plus âgés.
En 2022, 10 % des décès ont été rapportés parmi les cas d'infections invasives à méningocoque, soit une létalité équivalente à celle observée avant la pandémie.
Références
- Vaccination contre les infections invasives à méningocoque - Calendrier vaccinal 2024 - 26/04/2024
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- Stratégie de vaccination contre les infections invasives à méningocoques - Révision de la stratégie contre les sérogroupes ACWY et B - 11/04/2024
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- Sclérose en plaque vaccinations Tableaux - 07/11/2019
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- Sclérose en plaque et vaccinations - 07/09/2019
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- Traitement de l'enfant par rituximab pour une maladie systémique ou une cytopénie auto-immune - 01/07/2009
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