L'ECDC met en garde contre les infections invasives à méningocoques chez les voyageurs en provenance d'Arabie Saoudite
Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) surveille les rapports de trois pays (France, Royaume-Uni et États-Unis) faisant état de cas d'infections invasives à méningocoques (IIM) associées à un voyage au Royaume d'Arabie saoudite.
Au 17 mai 2024, 12 cas ont été signalés en France (4), au Royaume-Uni (3) et aux États-Unis (5). Presque tous les cas ont déclaré avoir effectué le pèlerinage de la Omra pendant leur séjour en Arabie Saoudite. La majorité des cas sont dus à un méningocoque de sérogroupe W et n'ont pas d'antécédents de vaccination contre le méningocoque.
Les séquences du génome entier déposées sur <pubmlst.org> appartiennent à un groupe de plusieurs pays, avec des séquences de 2024 rapportées par la France (3), le Royaume-Uni (4) et les États-Unis (1), ainsi que des isolats historiques rapportés par l'Allemagne (1 séquence, 2015) et la Fédération de Russie (2 séquences, 2019 et 2020). Parmi ces séquences, 1 séquence de France, 4 du Royaume-Uni et 1 des États-Unis, toutes issues d'échantillons collectés en 2024, forment un sous-groupe très étroit, ce qui indique un lien épidémiologique.
L'évaluation du risque d'IIM par l'ECDC est la suivante :
- pour le grand public dans l’UE le risque est très faible en raison de la très faible probabilité d’exposition et d’infection potentielle.
- pour les pèlerins visitant les zones du Hajj et de la Omra en Arabie saoudite qui sont vaccinés avec le vaccin quadrivalent contre le méningocoque, la probabilité d'infection est faible, car ils sont protégés grâce à l'immunité induite par le vaccin.
- pour les pèlerins non vaccinés visitant ces sites, la probabilité d'infection est modérée.
L'ECDC recommande les mesures suivantes aux autorités de santé publique de l’UE/EEE:
Veiller à ce que les voyageurs se rendant dans les zones du Hajj et de la Omra en Arabie saoudite éligibles à la vaccination soient conseillés de recevoir le vaccin quadrivalent contre le méningocoque (ACWY) au moins 10 jours avant le départ.
Sensibiliser les cliniciens aux soupçons précoces de méningite chez les voyageurs de retour et inclure les antécédents de voyage dans leur évaluation des cas d'IIM, en particulier lorsqu'il y a eu un voyage en Arabie saoudite à des fins religieuses.
Gérer de manière appropriée les cas nouvellement détectés. La suspicion et le traitement précoces, l'isolement des cas de méningite, l'identification des contacts étroits, la fourniture d'une chimioprophylaxie et la surveillance des contacts étroits pour les symptômes cliniques pendant au moins 10 jours à compter de la dernière exposition possible sont essentiels pour la gestion des cas. Les travailleurs de la santé qui gèrent des cas suspects ou confirmés devraient suivre leurs protocoles nationaux de prévention et de contrôle.
Poursuivre la surveillance, y compris la surveillance moléculaire, ainsi que les tests de sensibilité aux antibiotiques de tous les cas d'IIM, afin d'éclairer les mesures de prévention et de contrôle. Les cas d'IIM, en particulier s'ils sont liés à des voyages dans les zones du Hajj et de la Omra, devraient être rapidement signalés à la plate-forme EpiPulse afin de permettre une meilleure évaluation des risques et la fourniture de recommandations actualisées.
Les isolats de méningocoque doivent être génotypés par séquençage du génome entier et signalés à pubmlst.org ou à la base de données européenne sur l'épidémiologie du méningocoque en temps réel (EMERT-II) afin de permettre l'identification et le contrôle rapides des grappes multinationales. L’ECDC peut fournir une aide au séquençage sur demande.
Source : Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC)