Un vaccin en développement pourrait efficacement prévenir les infections urinaires récidivantes

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Les infections urinaires basses ou cystites infectieuses sont des infections de la vessie, d’origine souvent bactérienne, très communes et particulièrement fréquentes chez la femme. Elles évoluent le plus souvent favorablement, sans complication, sous traitement antibiotique en dose unique ou de courte durée (3 à 5 jours). Toutefois, chez environ 25 % des femmes ayant présenté un premier épisode, elles ont tendance à se répéter. On parle en France de cystite récidivante lorsque plus de 4 épisodes (3 pour d’autres pays) surviennent sur une période de 12 mois. Chez la femme jeune, ces récidives peuvent avoir pour origine de petites anomalies anatomiques ou fonctionnelles des voies urinaires, permettant la persistance de foyers infectieux, mais leur cause n’est pas toujours retrouvée. Chez les femmes plus âgées, les modifications hormonales (ménopause) et parfois anatomiques (descente d’organe) sont aussi des facteurs favorisants. D’autres facteurs, dont l’âge et les pathologies prostatiques, interviennent chez l’homme.

Le retentissement de la cystite récidivante peut-être important sur la qualité de vie et la santé des femmes concernées (impact professionnel, anxiété, dépression, dysfonctionnement sexuel). Il peut imposer le recours à une antibiothérapie au long cours, non dépourvue d’effets indésirables et pourvoyeuse de résistances. Depuis des années, des recherches sont menées sur la possibilité de limiter les récidives en rendant les voies urinaires plus résistantes aux infections. Dans ce but, des compléments alimentaires et des vaccins ont été testés, avec parfois de bons résultats (1). A la fin des années 1980, une préparation contenant un lysat inactivé de plusieurs souches d'Escherichia coli, le germe le plus fréquemment en cause dans les cystites, a été mise au point et vendue sous le nom de URO-VAXUM (OM-89). Absorbé par voie orale (une prise quotidienne pendant 3 mois), ce vaccin s’est montré capable de stimuler l’immunité humorale et cellulaire contre E. coli, avec une certaine efficacité contre les infections urinaires. Toutefois, bien que disponible dans plusieurs pays, URO-VAXUM n’a pas obtenu d’AMM en France.

Développée depuis plus de 10 ans par le laboratoire espagnol Inmunotek, UROMUNE (MV-140) est une autre préparation visant à renforcer l’immunité, contenant, en quantités égales, les cellules de quatre espèces bactériennes, toutes responsables d’infections urinaires, inactivées par la chaleur : Escherichia coli, Klebsiella pneumoniæ, Enterococcus fæcalis et Proteus vulgaris. Administré quotidiennement sous forme de spray sub-lingual, pendant 3 ou 6 mois, UROMUNE active les cellules dendritiques et les lymphocytes, en particulier au niveau de la vessie. Il semble également renforcer l’immunité innée non spécifique contre les infections bactériennes. Plusieurs études, menées chez la femme mais aussi chez l’homme, souvent simplement observationnelles et portant sur de petits effectifs, ont montré que le vaccin pouvait être plus efficace que l’antibiothérapie au long cours contre la récidive des infections urinaires. En 2022, les résultats d’une étude multicentrique, randomisée, en double aveugle, contre placébo, menée sur 240 femmes recrutées en Espagne et en Angleterre, ont été publiés (2). Ils confirment l’efficacité du vaccin, administré pendant 3 ou 6 mois. Dans les 9 mois suivant l’administration du traitement, le nombre médian de récidives a été de 3 chez les femmes ayant reçu le placébo, alors qu’il a été de 0 chez celles des deux groupes qui ont reçu le vaccin. Le temps médian d’apparition d’une infection après la fin du traitement a été de 275 jours dans les deux groupes vaccinés (3 ou 6 mois), et de 48 jours pour le groupe placébo. Neuf événements indésirables ont été attribués aux procédures de l’étude. Ils ont concerné 5 femmes, dont 2 dans le groupe placébo, 3 dans le groupe vacciné pendant 3 mois. Tous étaient attendus et se sont résolus sans séquelles. Les données de sécurité issues d’une vaste étude européenne sont également rassurantes (3). Dans une étude citée par D. Baudon, dont les résultats définitifs ne sont pas encore publiés (4), le suivi de 89 participants, femmes et hommes, souffrant d’infections urinaires récidivantes et vaccinés avec MV-140 il y a 9 ans, les auteurs ont observé une nette diminution de l’incidence des récidives et de leur sévérité, le cas échéant. Il n’a pas été rapporté d’effets indésirables significatifs.

Le vaccin UROMUNE suscite dont un intérêt justifié et de nouvelles études, visant des populations différentes et plus nombreuses, vont en préciser les bénéfices et risques éventuels (5), permettant peut-être une autorisation de mise sur le marché dans les pays de l'Union européenne.

Références

  1. F. Bruyère et coll. Les traitements anti-infectieux non médicamenteux en urologie.
  2. M-F. Lorenzo-Gomez et coll. Sublingual MV140 for Prevention of Recurrent Urinary Tract Infections.
  3. S. Korsia-Meffre. Cystites récidivantes : vers un vaccin thérapeutique ?
  4. D. Baudon. Bientôt un vaccin contre les infections urinaires.
  5. J. Kovacic et coll. Evaluation of MV140 in preventing recurrent urinary tract infections: a multicentre double-blind randomized controlled trial protocol.