Népal : faut-il élargir des indications de vaccinations contre l'encéphalite japonaise chez les voyageurs ?
Dans une lettre publiée récemment dans la revue New Microbes and New Infections, les auteurs s'interrogent que sur la nécessité de revoir les recommandations vaccinales faites au voyageur vis à vis du risque d'encéphalite japonaise (EJ) au Népal.
Le Népal connaît une importante épidémie d'EJ, avec 63 cas confirmés et 17 décès signalés depuis juin 2024. La flambée s'est étendue à la vallée de Katmandou, une zone située à 1500 mètres d'altitude où la présence de Culex vecteurs de l'EJ était jusqu'alors considérée comme improbable.
Le virus semble s'être déplacé de la région du Teraï vers les régions vallonnées comme Katmandou, probablement en raison du changement climatique, de l'urbanisation, de l'augmentation de la densité de population et des conditions favorables à la reproduction des moustiques.
Concernant les résidents : Les autorités estiment que 12 millions de résidents sont à risque. La vaccination contre l'EJ fait partie du programme de vaccination des enfants au Népal depuis 2016, mais moins de 50 % des personnes infectées ont été vaccinées. Le vaccin est administré aux enfants âgés de 12 à 23 mois, avec un rattrapage jusqu'à cinq ans. Les adultes qui n'ont pas été vaccinés ou qui n'ont pas reçu de doses de rappel restent vulnérables. Les autorités sanitaires cherchent à obtenir des vaccins supplémentaires auprès des organisations d'aide internationale, mais les interventions telles que les campagnes de vaccination ciblées dans les zones à haut risque font défaut.
Concernant les voyageurs : Les auteurs estiment qu'il est urgent de réévaluer les recommandations de vaccination pour les voyageurs. Habituellement, la vaccination contre l'EJ n'est pas systématiquement recommandée pour les voyages de courte durée au Népal, en particulier en cas de séjour en zones urbaines ou de randonnées en altitude. La détection de cas d'EJ à Katmandou suggère que les voyageurs urbains peuvent désormais être exposés à un risque. Pour les auteurs, les voyageurs qui prévoient de se rendre au Népal - en particulier ceux qui pratiquent des activités de plein air, qui séjournent à proximité de porcs ou d'oiseaux, ou qui effectuent des séjours prolongés - devraient envisager de se faire vacciner contre l'EJ, quel que soit leur itinéraire. Outre la vaccination, les voyageurs doivent prendre des mesures de protection personnelle contre les piqûres de moustiques.
Les recommandations françaises actuelles pour les voyageurs de rendant au Népal tiennent compte de la zone du séjour et du niveau de risque d'exposition
Au Népal, les zones à risque vis à vis de l'EJ sont les Basses terres du Sud (taux d’incidence le plus élevé dans le Teraï), des cas ayant ayant été signalés également dans les districts de montagne, y compris celui de Katmandou. La période allant de juin à octobre est la plus à risque.
En pratique, la vaccination contre l'EJ, en complément des mesures de protection personnelle anti-vectorielle, va être recommandée :
- en cas de séjour (quelle qu’en soit la durée) dans le Teraï si le risque d'exposition est accru c'est à dire s'il se fait dans une zone où l’irrigation par inondation est pratiquée (rizières), à proximité d’élevages de porcs, en période d’épidémie (ou de circulation accrue du virus chez l’animal), ou de saison des pluies ;
- en cas d'expatriation ou de séjours répétés.
En cas d'incertitudes quant à la durée du séjour, la destination précise ou les activités qui y seront pratiquées, la vaccination sera également proposée.
Par contre, la vaccination n'est généralement pas recommandée pour les randonnées dans les zones de haute altitude.
Source : New Microbes and New Infections