Dengue

Face à l'augmentation des cas de dengue dans les Outre-mer, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande l'utilisation du vaccin QDENGA pour prévenir la dengue symptomatique. La vaccination est préconisée dans les territoires français d'Amérique, à Mayotte et à La Réunion pour : 
- Les enfants de 6 à 16 ans ayant déjà eu une infection par la dengue.
- Les adultes de 17 à 60 ans avec des comorbidités, qu'ils aient ou non un antécédent d'infection.

Le vaccin DENGVAXIA n'est plus commercialisé.

1. Cause

La dengue est causée par le virus de la dengue, un flavivirus transmis principalement par les moustiques du genre Aedes, notamment Aedes aegypti et Aedes albopictus. Il existe quatre sérotypes du virus (DEN-1, DEN-2, DEN-3, DEN-4), et une infection par un sérotype ne confère pas une immunité durable contre les autres.

2. Répartition géographique

La dengue est endémique dans les régions tropicales et subtropicales :

  • Amérique latine et Caraïbes
  • Asie du Sud-Est et Pacifique
  • Afrique subsaharienne
  • Océanie
  • Certaines zones des États-Unis (Floride, Texas) et d'Europe (notamment autour de la Méditerranée) connaissent des cas sporadiques en raison de la propagation d'Aedes albopictus.

3. Clinique

La dengue peut se présenter sous différentes formes :

3.1. Forme classique

  • Fièvre élevée
  • Douleurs musculaires et articulaires ("fièvre cassante")
  • Céphalées, éruption cutanée, fatigue

3.2. Forme sévère (dengue hémorragique)

  • Fuite plasmatique, saignements, défaillance multiviscérale
  • Peut entraîner un choc potentiellement fatal (syndrome de choc dengue).

4. Diagnostic

4.1. Clinique

Evocation devant une fièvre aiguë chez un patient revenant d’une zone endémique.

4.2. Biologique

  • Détection antigénique : Test NS1 antigène (précoce).
  • Sérodiagnostic : Détection d’IgM/IgG spécifiques (plus tardif).
  • RT-PCR : Pour confirmer la présence du virus et identifier le sérotype.

5. Traitement curatif

  • Pas de traitement antiviral spécifique.
  • Prise en charge symptomatique :
    • Antipyrétiques (paracétamol, éviter les AINS et l’aspirine en raison du risque de saignement).
    • Réhydratation orale ou intraveineuse en cas de formes graves.
    • Surveillance en milieu hospitalier pour les cas sévères.

6. Prévention

6.1. Vaccination

  • Le vaccin Qdenga (dengue tétravalent vivant atténué) est recommandé dans certaines populations à risque.

6.2. Lutte contre les moustiques

  • Élimination des gîtes larvaires (eaux stagnantes).
  • Utilisation de moustiquaires et de répulsifs.
  • Vêtements couvrants dans les zones à risque.

6.3. Surveillance épidémiologique

  • Mise en place de mesures sanitaires rapides lors d’épidémies.

La prévention reste le moyen le plus efficace pour réduire la propagation et l’impact de la dengue.

Les recommandations vaccinales

Deux vaccins sont autorisés dans les pays membres de l'Union européenne : le vaccin Dengvaxia et le vaccin Qdenga.

1. Vaccin contre la dengue Dengvaxia

Ce vaccin, mis au point par Sanofi Pasteur, a été autorisé par la Commission européenne le 18 décembre 2018. Il n'est plus commercialisé depuis fin mars 2024.

L'indication dans le cadre de cette autorisation en limite l'usage aux personnes âgées de 6 à 45 ans qui ont été infectées par le virus de la dengue dans le passé et qui vivent dans des régions où cette infection est endémique. La survenue d'une infection préalable par un virus de la dengue doit être prouvée par un résultat de test positif. Le vaccin est alors administré en trois doses à un intervalle de six mois. L'injection est réalisée par voie sous-cutanée, de préférence dans la partie supérieure du bras.

2. Vaccin contre la dengue Qdenga

Ce vaccin est produit par le laboratoire japonais Takeda (autre nom : Denvax). Il a été autorisé par la Commission européenne le 13 octobre 2022.

Le vaccin contre la dengue Qdenga a fait l'objet de recommandations vaccinales en France en décembre 2024 (voir ci-dessous). C'est le seul vaccin recommandé actuellement, depuis l'arrêt de commercialisation du vaccin Dengvaxia.

2.1. Objectifs des recommandations

  • Réduire les formes symptomatiques et graves : Le vaccin diminue les risques de complications graves de la dengue, particulièrement chez les populations vulnérables.
  • Diminuer la charge sanitaire : La vaccination vise à limiter l'impact sur les systèmes de santé dans les régions concernées.
  • Compléter les mesures de prévention : Le vaccin est une solution complémentaire aux mesures de lutte contre les moustiques (élimination des gîtes larvaires, répulsifs, moustiquaires).
  • En France, les recommandations vaccinales contre la dengue font exclusivement appel au vaccin Qdenga (vaccin tétravalent vivant atténué).

2.2. Populations concernées

Le vaccin est recommandé dans les territoires français où la dengue est active (Antilles, Guyane, Mayotte, La Réunion) pour les populations suivantes :

  • Enfants âgés de 6 à 16 ans ayant un antécédent confirmé de dengue.
  • Adultes âgés de 17 à 60 ans présentant des comorbidités augmentant le risque de formes graves de dengue, avec ou sans antécédent d'infection.

2.3. Contre-indications

Le vaccin est contre-indiqué chez :

  • Les personnes immunodéprimées.
  • Les femmes enceintes ou allaitantes (comme la plupart des vaccins vivants).
  • Les personnes sans antécédent d'infection par la dengue (dans certaines tranches d'âge), car le vaccin pourrait augmenter le risque de formes graves en cas d'infection ultérieure.

2.4. Précautions associées

La vaccination doit s'accompagner de mesures de protection contre les piqûres de moustiques, car elle ne protège pas contre tous les sérotypes de manière absolue ni contre une première infection.

Les recommandations générales

La HAS recommande la mise en place de la vaccination contre la dengue par le vaccin Qdenga dans les territoires français d’Amérique (Antilles et Guyane), ainsi qu’à Mayotte et à La Réunion. La HAS recommande la vaccination par Qdenga pour les enfants et adolescents âgés de 6 à 16 ans résidant dans ces territoires, incluant les enfants et adolescents drépanocytaires ou présentant d’autres comorbidités, dont les parents ou tuteurs légaux sont dans la capacité de produire une preuve documentée d’une infection antérieure à la dengue, c’est-à-dire biologiquement confirmée en laboratoire (RT-PCR, antigénémie NS1, sérologie IgM/IgG) OU cliniquement diagnostiquée en contexte épidémique de dengue et inscrite dans le carnet de santé, pour l’enfant/adolescent à vacciner.

En l’absence de preuve documentée d’infection antérieure de dengue, un test sérologique ELISA ou EIA réalisé en laboratoire pourra être effectué au préalable pour connaitre le statut sérologique de l’enfant/adolescent. La HAS précise cependant qu’elle ne recommande pas la réalisation d’un dépistage pré vaccinal de façon systématique.

Les recommandations professionnelles

1. Personnes âgées de 17 à 60 ans à risque de dengue grave

Par ailleurs, la HAS recommande la vaccination par Qdenga chez les personnes âgées de 17 à 60 ans présentant des comorbidités (drépanocytose, hypertension artérielle compliquée, diabète, obésité, insuffisance rénale, affections cardio-pulmonaires chroniques, autres hémoglobinopathies, thrombocytopathies), avec ou sans antécédent de dengue, résidant dans ces territoires, compte tenu du risque élevé de formes sévères de dengue dans cette population, y compris en cas de dengue primaire en raison du risque de décompensation de ces comorbidités.

2. Cas particulier des enfants drépanocytaires

Au vu du risque particulièrement élevé de formes sévères de dengue chez les enfants drépanocytaires, et ce, même en cas de dengue primaire, et étant donné le fait que ces enfants sont suivis par des médecins en lien avec les centres de référence et de compétence de la drépanocytose, la vaccination peut être proposée au cas par cas aux enfants et adolescents drépanocytaires de ces territoires, âgés de 6 à 16 ans, sans antécédent connu de dengue (c’est-à-dire séronégatifs à la dengue), sous réserve d’une décision éclairée partagée entre le médecin, les centres de référence et les parents, prise après une information des parents sur les bénéfices et les risques de la vaccination par Qdenga dans cette population. Les parents ou tuteurs légaux doivent être informés : 

  1. que le vaccin peut ne pas conférer de protection contre les sérotypes viraux DENV-3 et DENV-4 chez les personnes séronégatives ;
  2. que les données actuellement disponibles ne permettent pas d’exclure un risque de formes sévères de dengue chez les personnes séronégatives vaccinées qui seraient par la suite exposées à ces sérotypes et 
  3. qu’il n’y a actuellement pas de données disponibles sur la vaccination par Qdenga chez les personnes drépanocytaires. Cette vaccination devra s’accompagner d’un suivi régulier permettant de documenter la tolérance et la survenue éventuelle d’infection par la dengue après la vaccination dans cette population.

Les personnes sans antécédent de dengue doivent être préalablement informées que le vaccin Qdenga peut ne pas conférer de protection contre les sérotypes DENV-3 et DENV-4 et que les données actuellement disponibles ne permettent pas d’exclure un risque de forme sévère chez les personnes séronégatives vaccinées qui seraient ultérieurement exposées aux sérotypes DENV-3 et DENV-4.

Une surveillance clinique étroite par les équipes soignantes des personnes drépanocytaires ayant bénéficié de la vaccination par Qdenga est recommandée, afin de permettre de recueillir des données de sécurité du vaccin dans cette population. De plus, la vaccination par Qdenga chez les personnes drépanocytaires devra être réalisée dans le respect des contre-indications des traitements concomitants.

Le vaccin Qdenga est un vaccin vivant atténué. Il est contre-indiqué chez les personnes immunodéprimées, la femme enceinte et la femme allaitante.

La HAS souligne que les personnes vaccinées par Qdenga doivent continuer à appliquer des mesures de protection individuelle à l’égard des piqûres de moustiques (répulsifs, vêtements longs, moustiquaires…) ; la lutte antivectorielle restant un moyen de prévention essentiel dans les programmes de lutte contre la dengue.

Remettre des supports d’information adaptés à chaque groupe de population concernée (parents, adultes, professionnels de santé) par cette vaccination.

Les recommandations pour les voyageurs

Etant donné l'absence de données sur la tolérance, d'immunogénicité ou d'efficacité chez les voyageurs vivant dans des zones non endémiques et se rendant dans des zones endémiques, la vaccination de ces personnes n'est pas recommandée.

Le schéma vaccinal

Deux doses de vaccin espacées de 3 mois. 

La nécessité d’une dose de rappel n’a pas encore été établie.

Organisation de la vaccination entre deux épidémies. Après une infection par la dengue, attendre 6 mois avant de vacciner.

Les données épidémiologiques

La dengue est une maladie endémique dans les territoires ultramarins français situés en zones tropicales, où les conditions climatiques favorisent la prolifération des moustiques vecteurs, principalement Aedes aegypti et Aedes albopictus. Ces territoires connaissent des épidémies cycliques liées à une augmentation saisonnière de la transmission.

1. Territoires ultramarins concernés

1.1. Antilles françaises (Guadeloupe et Martinique)

Épidémies fréquentes, souvent associées à une transmission soutenue en saison humide.

Présence de tous les sérotypes du virus (DEN-1, DEN-2, DEN-3, DEN-4).

1.2. Guyane française

Transmission active et permanente, exacerbée par la proximité de pays où la dengue est hyperendémique.

Risque accru pour les populations vivant dans des zones rurales ou isolées.

1.3. La Réunion et Mayotte

Épidémies récentes à La Réunion, notamment depuis 2018, avec une transmission accrue par Aedes albopictus.

Mayotte connaît une circulation constante avec des pics épidémiques.

2. Dynamique des épidémies

2.1. Facteurs saisonniers

Transmission accrue pendant les saisons des pluies, lorsque les eaux stagnantes favorisent la reproduction des moustiques.

2.2. Facteurs sociaux et environnementaux

Urbanisation, densité de population, et insuffisance des infrastructures sanitaires (gestion des eaux usées, déchets).

2.3. Cyclisme des sérotypes

Les épidémies sont souvent liées à l’introduction ou à la prédominance temporaire d’un sérotype particulier.

3. Impact sanitaire

3.1. Morbidité élevée

La dengue classique entraîne des milliers de cas chaque année dans ces territoires.

Les formes sévères (dengue hémorragique ou syndrome de choc dengue) sont rares mais potentiellement fatales.

3.2. Populations vulnérables

Enfants, femmes enceintes, et personnes avec comorbidités sont les plus à risque de complications graves.

3.3. Charge sur le système de santé

En période d’épidémie, les hôpitaux et centres de santé font face à une augmentation importante des consultations et hospitalisations.

4. Surveillance épidémiologique

Les données sont collectées par Santé publique France et les agences régionales de santé (ARS).

Mise en place d’outils de surveillance, comme la déclaration des cas confirmés et des systèmes de veille pour détecter les épidémies.

Références

Vaccins contre cette maladie