Le point sur l’épidémie de méningite à pneumocoque au Togo
Au Togo, le 15 février 2023, le ministère de la Santé a officiellement déclaré une flambée de méningite à pneumocoque dans le district de l'Oti Sud, région des Savanes, dans le nord du pays, région limitrophe avec le Ghana et le Bénin.
Du 19 décembre 2022 au 2 avril 2023, un total de 141 cas suspects de méningite avec 12 décès (CFR 8,5%) ont été rapportés dans le district de l'Oti Sud, ce qui correspond à un taux d'attaque de 112 pour 100 000 habitants.
Au total, 118 échantillons de liquide céphalo-rachidien (LCR) ont été prélevés sur des cas suspects, dont 22 ont été confirmés par réaction en chaîne de la polymérase (PCR) et culture pour Streptococcus pneumoniae au laboratoire national de référence (81 échantillons étaient négatifs et les résultats de 15 échantillons sont en attente).
Le groupe d'âge le plus touché est celui des 10-19 ans (47% ; n = 66), suivi du groupe d'âge ≥30 ans avec 20% (n = 28) des cas, et du groupe d'âge 20-29 ans avec 15% (n = 22) des cas. Il n'y a pas de différence dans la répartition des cas par sexe, avec 71 (53%) cas signalés chez les hommes.
Commentaires :
Le Togo a introduit le vaccin pneumococcique conjugué 13-valent (PCV13) en 2014, qui est actuellement administré en trois doses aux premier, deuxième et troisième mois de vie. La couverture administrative en PCV13 dans la région des Savanes est de 100% pour la troisième dose, mais l'historique vaccinal n'est pas disponible pour les cas individuels, et on ne sait pas si le(s) sérotype(s) en cause est (sont) couvert(s) par le vaccin. En outre, les groupes d'âge les plus touchés sont nés avant l'introduction du PCV13 en 2014 et pourraient ne pas avoir reçu le vaccin.
Le Togo fait partie de la ceinture africaine de la méningite et enregistre chaque année des cas de méningite et des décès. Bien que le pays ait acquis une certaine expérience dans la gestion des flambées de méningite à méningocoques au cours des dernières années, la flambée actuelle de S. pneumoniae est inhabituelle car le pays n'a jamais géré de flambée de méningite à pneumocoques dans le passé, et les capacités nationales sont limitées.
À ce jour, aucun cas importé n'a été signalé dans les pays voisins. Cependant, plusieurs facteurs sont susceptibles d'augmenter le risque de propagation, notamment la situation du pays dans la ceinture africaine de la méningite ; la saison épidémique, qui s'étend généralement de janvier à juin ; les contraintes liées à la fourniture de services de vaccination, qui ne permettent pas une couverture vaccinale optimale pour protéger la population ; le fait que les principaux groupes d'âge touchés par l'épidémie ne sont pas protégés par la vaccination de routine contre S. pneumoniae, introduite au Togo en 2014 ; la crise sécuritaire au Sahel, affectant la région des Savanes, entravant les interventions de santé publique et provoquant des mouvements de population ; les conditions économiques précaires dans le pays, en particulier dans la région des Savanes ; et la capacité de surveillance sous-optimale pour la détection précoce des cas, le diagnostic et le traitement dans le district de l'Oti Sud.
Les pays voisins se trouvent également dans la ceinture africaine de la méningite, et le district de l'Oti Sud est limitrophe du Ghana et du Bénin, ce qui rend possible la propagation de la maladie à d'autres pays de la région.
Compte tenu de la situation décrite ci-dessus, l'OMS estime que le risque global posé par cette flambée est élevé au niveau national, modéré au niveau régional et faible au niveau mondial.
Source : Organisation mondiale de la santé (OMS)