Point de situation sur l'épidémie d'hépatite E au Soudan du Sud

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Au Soudan du Sud, le 14 avril 2023, le ministère de la Santé a déclaré une flambée du virus de l'hépatite E dans la ville de Wau, qui est la capitale de l'État occidental de Bahr el Ghazal (voir la nouvelle du 23 avril 2023).

Entre le 23 mars 2023 et le 13 avril 2023, un total de 91 cas suspects d'hépatite E ont été signalés et cinq ont été mortels (CFR 5,5 %). Au total, 44 échantillons de sang ont été prélevés et testés pour les anticorps IgM du VHE, dont 79% (n = 35) ont été confirmés. La plupart des cas (93%) ont été signalés dans le village de Nazareth, dans le sud de Wau. L'âge médian des cas est de 20 ans (de 2 à 71 ans). Les hommes sont les plus touchés, représentant 74% de tous les cas signalés.

Pour valider les résultats positifs, 24 échantillons ont été envoyés au laboratoire de virologie de l'Uganda Virus Research Institute et du Medical Research Council en Ouganda le 17 avril 2023. Le 24 avril 2023, dix des 24 échantillons ont été testés positifs pour le VHE par RT-PCR. Des investigations plus détaillées et le séquençage des échantillons sont en cours.

Des cas de virus de l'hépatite E (VHE) ont été régulièrement signalés au Soudan du Sud depuis 2018, avec des flambées récurrentes à Bentiu, dans le comté de Rubkona, dans l'État d'Unité (centre-nord du Soudan du Sud), où se trouve le camp de déplacés de Bentiu, qui compte environ 170 000 personnes.

Entre 2018 et le 29 novembre 2021, un total de 1707 cas suspects, dont 104 confirmés et 12 décès (cinq décès pour la seule année 2021) ont été signalés dans le pays. Tous les cas confirmés ont été testés par PCR à l'Institut ougandais de recherche sur les virus.

En 2022, 2 110 cas ont été signalés dans le camp de déplacés de Bentiu, dans l'État d'Unité. Suite à la détection continue de cas en mars, avril et octobre 2022, Médecins Sans Frontières (MSF) et le Ministère de la Santé ont mené conjointement la première campagne de vaccination contre l'hépatite E dans le camp de déplacés de Bentiu. Environ 25 000 personnes, dont des femmes enceintes, ont reçu le vaccin sur les 170 000 personnes que compte le camp.

Au 19 mars 2023, 4 009 cas d'hépatite E, dont 27 décès (CFR : 1%) ont été signalés dans le camp de déplacés de Bentiu.

Évaluation des risques par l'OMS

Le risque au niveau national est jugé élevé en raison des facteurs suivants

  • des mauvaises pratiques en matière d'assainissement et d'hygiène, en particulier dans les camps de personnes déplacées ;
  • la disponibilité limitée d'eau potable ;
  • d'un accès limité aux services médicaux essentiels ;
  • la présence d'une importante population de personnes déplacées au Soudan du Sud ;
  • les contraintes financières qui ont un impact sur la capacité à contenir efficacement l'épidémie et la capacité locale limitée à mener à bien les activités de réponse ;
    la disponibilité limitée des vaccins ;
  • les mouvements de population ;
  • le risque élevé de décès chez les femmes enceintes en l'absence d'introduction d'un vaccin contre le VHE.

Le risque global au niveau régional est considéré comme modéré en raison du risque de propagation de la maladie entre les populations mobiles de déplacés internes et les réfugiés qui traversent les frontières entre le Soudan du Sud, le Soudan et l'Éthiopie. En 2018, le séquençage génomique d'isolats provenant de cas de VHE signalés dans le camp de déplacés de Bentiu a révélé le génotype 1 du VHE, étroitement lié aux souches isolées dans le bassin du Tchad et dans le nord de l'Ouganda. Cela met en évidence le risque d'une propagation régionale étendue dans le contexte actuel qui implique des personnes déplacées, des réfugiés et d'autres populations qui suscitent des inquiétudes sur le plan humanitaire.?

Au niveau mondial , le risque est faible.

Source : Organisation Mondiale de la Santé