En Ethiopie le nombre de cas de paludisme en 2024 a été multiplié par 1,8 par rapport à 2023

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En Éthiopie, entre le 1er janvier et le 20 octobre 2024, plus de 7,3 millions de cas de paludisme et 1 157 décès (taux de létalité de 0,02 %) ont été signalés, soit le nombre annuel de cas le plus élevé enregistré au cours des sept dernières années. La majorité (95 %) des cas ont été confirmés en laboratoire, Plasmodium falciparum représentant plus des deux tiers des cas. 

En 2023, 4,1 millions de cas de paludisme, dont 527 décès, avaient été signalés, P. falciparum représentant environ 70 % de tous les cas signalés. 

En 2024, quatre régions ont représenté 81 % des cas signalés et 89 % des décès dus au paludisme dans les établissements de santé : Oromia (44 % des cas ; 667 décès), Amhara (18 % des cas ; 56 décès), Sud-Ouest (12 % des cas ; 250 décès) et État régional du Sud-Éthiopie (7 % des cas ; 45 décès). En raison de conditions géo-écologiques favorables, la partie occidentale du pays connaît une forte charge de paludisme et est fortement touchée par la poussée sans précédent actuelle.

Au niveau national, un total de 222 districts (woredas) fortement touchés par le paludisme ont été identifiés pour une intervention ciblée. Ces districts représentent 20 % du total des districts du pays, mais ils représentaient plus de 75 % de la charge nationale du paludisme en 2023. Parmi ces districts, 50 seraient partiellement accessibles en raison de conflits prolongés dans ces zones.

Les hommes représentent 56 % des cas ambulatoires et 52 % des admissions en hospitalisation. Les enfants de moins de cinq ans représentent 16 % des cas ambulatoires et 25 % des admissions en hospitalisation. Le mouvement important de travailleurs migrants saisonniers (dont la majorité sont des hommes adultes) vers les zones de forte endémie palustre et le schéma hautement saisonnier du paludisme dans le pays peuvent avoir contribué à la répartition par âge et par sexe observée.

Entre 2020 et 2024, on a observé une augmentation du nombre de cas annuels signalés, ainsi qu’une persistance des épidémies au-delà de la saison de transmission prévue. En règle générale, les pics de paludisme surviennent entre septembre et décembre, après la saison des pluies primaire (qui se déroule de juin à septembre), et entre avril et mai, après la saison des pluies secondaire (qui se déroule de février à mai). Malgré la fin de la principale saison de transmission du paludisme de 2023 en décembre, des épidémies ont persisté dans de nombreuses régions, caractérisées par des poussées du nombre de cas observés pendant la saison de transmission secondaire de 2024.

Les raisons à l'origine de cette situation

La tendance à l'augmentation du nombre de cas annuels et des zones endémiques est probablement influencée par la réduction des efforts de lutte antivectorielle, exacerbée par les conflits aigus et prolongés qui touchent certains États régionaux. L'Éthiopie compte actuellement un nombre important de personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI). En mai 2024, l'Éthiopie comptait 3,3 millions de personnes déplacées sur 2 739 sites, dont 68,7 % en raison d'un conflit et 16,5 % en raison de la sécheresse. La région Somali accueille la plus grande population de personnes déplacées par la sécheresse, avec 397 913 personnes (73,1 % du chiffre national pour la sécheresse). Les conflits, en particulier dans l'Oromia et l'Amhara, sont prolongés et risquent d'annuler des décennies de progrès dans la lutte contre le paludisme.

Ces populations sont confrontées à des risques supplémentaires en raison de structures de logement médiocres et d'une couverture insuffisante en moustiquaires imprégnées d'insecticide de longue durée.

Il existe également de nombreuses populations de rapatriés qui ne bénéficient pas d'une protection adéquate contre les vecteurs. L'Éthiopie accueille actuellement plus d'un million de réfugiés, dont environ 50 % résident dans les basses terres occidentales où le paludisme est très endémique. Le système de surveillance n'est pas optimal dans les zones touchées par le conflit, ce qui empêche de comprendre pleinement la dynamique de la transmission. Les retards de dépistage et de traitement, en particulier dans les zones touchées par le conflit, ont entraîné une mortalité évitable.  L'insuffisance du soutien financier complique encore les efforts déployés pour faire face à la situation du paludisme de manière adéquate. Cette vulnérabilité augmente le risque d'épidémies graves de paludisme, en particulier dans les communautés isolées et difficiles d'accès.

Le risque régional est modéré en raison des flambées simultanées de paludisme et d'autres maladies à transmission vectorielle dans six pays voisins : Djibouti, Érythrée, Kenya, Somalie, Sud-Soudan et Soudan. Ces pays sont confrontés à des défis liés à des ressources et des capacités de réponse limitées pour gérer efficacement le fardeau de ces épidémies. 

Source : Organisation mondiale de la Santé

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