L'OMS a publié son rapport annuel sur le paludisme dans le monde

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L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié le 11 décembre le Rapport mondial sur le paludisme 2024, un outil annuel essentiel pour évaluer les progrès et les lacunes de la lutte contre le paludisme dans le monde.

Le poids du paludisme

Les responsables de la santé mondiale font état d'environ 263 millions de cas, avec une incidence de 60,4 cas pour 1000 personnes à risque, et de 597 000 décès dus au paludisme (en légère baisse) dans le monde en 2023. Cela représente environ 11 millions de cas supplémentaires en 2023 par rapport à 2022, et presque le même nombre de décès.

Si le paludisme reste une grave menace pour la santé mondiale, la région africaine où de nombreuses personnes à risque n'ont toujours pas accès aux services dont elles ont besoin pour prévenir, détecter et traiter la maladie est la plus touchée par la maladie puisqu'elle concentre 95 % des décès liés au paludisme.

En 2023, les pays où le paludisme représente une charge élevée sont 11 pays africains qui recensent 66 % des cas de paludisme et 68% des décès dans le monde (Burkina Faso, Cameroun, République démocratique du Congo, Ghana, Mali, Mozambique, Niger, Nigeria, Soudan, République-Unie de Tanzanie et Ouganda). Les cinq pays où la charge de morbidité estimée en 2023 est la plus lourde sont le Nigéria (26 %), la République démocratique du Congo (13 %), l'Ouganda (5 %), l'Éthiopie (4 %) et le Mozambique (4 %). L'Inde a quitté officiellement ce groupe en raison des progrès significatifs réalisés dans la réduction de l’incidence du paludisme et de la mortalité observée dans ses États à forte endémie.

En 2023, dans 33 pays à transmission modérée à élevée de la région africaine de l'OMS, on estime que 34 % des grossesses ont été infectées par le paludisme.

La Région OMS de la Méditerranée orientale a connu une augmentation de 57 % de l'incidence depuis 2021. En 2023, le Pakistan représentait la plupart des cas estimés de paludisme dans cette région (41,9 %), suivi du Soudan, de la Somalie, du Yémen, de l'Afghanistan et de Djibouti.

Biologie

La propagation d'An. stephensi reste une menace : après sa détection à Djibouti en 2012, le vecteur envahissant a été détecté en Érythrée, en Éthiopie, au Ghana, au Kenya, au Nigéria, en Somalie, au Sri Lanka, au Soudan et au Yémen. Aucun nouveau pays n'a été identifié en 2023 ; cependant, An. stephensi a été détecté dans de nouveaux sites au Kenya. Compte tenu de l'urbanisation rapide, la propagation de ce vecteur dans les villes africaines pourrait accroître le risque de transmission du

Elimination du paludisme

En 2023 et 2024, des progrès notables ont été réalisés dans l’élimination du paludisme. Le nombre de pays où le paludisme est endémique est passé de 85 en 2022 à 83, grâce au Timor-Leste et à l’Arabie saoudite qui ont maintenu l’absence de cas autochtones pendant trois années consécutives. En outre, en 2024, un total de 26 pays qui étaient endémiques en 2000 ont réussi à déclarer zéro cas indigène pendant trois années consécutives.

Des progrès ont été réalisés dans la lutte contre le paludisme dans de nombreux pays. En novembre de cette année, 44 pays et 1 territoire avaient été certifiés exempts de paludisme, selon l’OMS. Dans les 83 pays où le paludisme est endémique, 25 déclarent 10 cas ou moins par an. En 2000, seuls 4 pays déclaraient 10 cas ou moins par an.

En 2023, l’Azerbaïdjan, le Belize, le Cabo Verde et le Tadjikistan ont été certifiés exempts de paludisme. En 2024, l’Égypte a également obtenu le statut de pays exempt de paludisme, devenant ainsi le troisième pays de la région de la Méditerranée orientale de l’OMS à obtenir ce statut.

Prévention, diagnostic et traitement

Dans bon nombre de ces pays, des progrès ont été réalisés dans le déploiement des moustiquaires de nouvelle génération à double principe actif (pyréthrinoïdes et de butoxyde de pipéronyle (PBO), qui représentent 78 % des 195 millions de moustiquaires livrées à l’Afrique subsaharienne, contre 59 % en 2022.

Une chimioprévention du paludisme saisonnier a été mise en œuvre dans 19 pays où le paludisme est endémique, et le nombre d'enfant ayant reçu au moins une dose continue de croître.

Le traitement préventif intermittent du paludisme pendant la grossesse mis en place par 34 pays est en progression, mais reste encore loin de la couverture cible de 80%.

L’utilisation du traitement curatif combiné à base d'artémisinine (ACT) est en progression chez l’enfant ce qui suggère une augmentation de l'application des recommandations concernant les traitement de première intention des accès à P. falciparum.

En octobre 2023, l'OMS a recommandé un deuxième vaccin, R21/Matrix-M (R21), pour compléter le déploiement en cours du premier vaccin antipaludique, RTS,S/AS01 (RTS,S), ce qui permettra de disposer d'une quantité suffisante de vaccins pour prévenir le paludisme chez les enfants vivant dans des zones à risque.

Selon l'OMS, dix-sept pays d'Afrique, qui représentent environ 70 % de la charge mondiale de paludisme, proposent désormais des vaccins antipaludiques à l'échelle infranationale dans le cadre de leurs programmes de vaccination systématique des enfants. Depuis 2023, plus de 12 millions de doses de vaccin cofinancées par Gavi, l'Alliance du Vaccin, et des pays, ont été achetées et livrées par l'UNICEF à ces pays.

Quatorze de ces pays ont introduit les vaccins pour la première fois en 2024, notamment le Cameroun, le Burkina Faso, la Sierra Leone, le Bénin, le Libéria, la Côte d'Ivoire, le Soudan du Sud, le Mozambique, la République centrafricaine, le Niger, le Tchad, la République démocratique du Congo, le Soudan et le Nigéria. Le déploiement et la poursuite de la mise à l'échelle des vaccins en Afrique constituent une étape cruciale dans la lutte contre l'une des maladies les plus meurtrières du continent.

Ces vaccins devraient permettre de sauver des dizaines de milliers de jeunes vies chaque année, à mesure qu'ils seront développés dans les pays les plus touchés.

Pour la seule année 2023, plus de 177 millions de cas et plus d’un million de décès ont été évités dans le monde.

Source : Organisation mondiale de la Santé

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