Vaccins : et si un massage pouvait remplacer la piqûre ?
Devoir endurer une piqûre reste pour beaucoup, des enfants mais aussi de grands costauds, un obstacle à l’acceptation de la vaccination. Les vaccins injectés dans l’enfance sont parfois à l’origine d’une phobie des injections qui va compliquer de nombreux actes tout au long de la vie. Des études ont été menées pour comprendre les raisons de cette manifestation et pour définir les procédures et améliorations techniques susceptibles d’en prévenir l’apparition et d’en surmonter les effets (1). En particulier, des systèmes permettant une administration des solutions vaccinales sans aiguille sont proposés. Ils utilisent des dispositifs produisant de hautes pressions, mais aussi des patchs (parfois dotés de micro-aiguilles) diffusant le vaccin dans les couches superficielles de l’épiderme (2).
Une étude publiée dans le très sérieux Cell Reports va peut-être renforcer l’intérêt pour ces alternatives à la piqûre (3). Elle montre, chez la souris, que l’étirement de la peau par un simple massage entraine des modifications tissulaires transitoires qui concourent à une activation de l’immunité locale : des cellules immunitaires sont recrutées sans qu’il y ait d’effraction cutanée, des cellules dendritiques migrent vers les ganglions lymphatiques, l’ouverture des follicules pileux permet la pénétration de macromolécules déposées en surface. La structure même des tissus est modifiée, avec une réorientation des fibres de collagène, révélant une réponse biologique complexe à un stimulus mécanique banal. Il est également observé que la pénétration de produits de la flore cutanée de surface participe à élever le niveau d’activation des défenses locales.
Les chercheurs sont allés plus loin et ont étudié la réponse à un vaccin antigrippal déposé sur la peau des animaux avant le massage. Dans leur modèle, ils ont observé que la réponse anticorps contre l’antigène (l’hémagglutinine du virus grippal) était plus importante après le massage que lorsque l’administration était effectuée par injection intramusculaire.
Il n’est pas interdit de penser que des techniques « douces » pourront un jour remplacer les injections pour l’administration des vaccins, levant ainsi un frein à leur utilisation. Beaucoup de travail reste cependant à faire pour confirmer les observations, en généraliser la portée, mettre au point des procédures et présentations vaccinales adéquates.
Accessoirement, l’étude présentée rappelle que la peau n’est pas une barrière infranchissable et que ce qui se trouve à sa surface peut, dans des circonstances assez banales, être internalisé et avoir un effet, pas forcément recherché.
Références