Le virus « sous-clade K » de la grippe va-t-il changer le cours de l’épidémie ?
Alors que l’épidémie de grippe saisonnière se développe dans tous les pays de l’hémisphère nord, la circulation d’un nouveau virus suscite quelque inquiétude (1). Il s’agit d’un variant du virus de type H3N2, porteur de plusieurs mutations, apparu semble-t-il à la fin de l’épidémie de l’hémisphère sud, et qui se répand à présent dans les pays qui rentrent dans l’hiver.
Les virus H3N2, ainsi nommés en raison du type d’hémagglutinine (H) et de neuraminidase (N) qu’ils présentent à leur surface, sont des virus dérivés de virus aviaires adaptés à l’Homme de longue date. Ils sont régulièrement rencontrés durant les épidémies et pour cette raison, les antigènes d’un virus H3N2 - type A/Croatia/10136RV/2023 - entrent dans la composition des vaccins recommandés pour la saison 2025-2026. Cependant, le variant détecté, identifié comme « sous-clade K », a accumulé 7 mutations susceptibles de modifier ses antigènes de telle façon qu’ils pourraient être moins bien reconnus par les anticorps induits par la vaccination. Il se répand rapidement, à la faveur, ou à l’origine, d’une épidémie qui a débuté plus précocement que les années précédentes, particulièrement au Royaume Uni. Là, 98% des cas récents de grippe sont dus à un virus de type A, dont 84% de H3N2, de sous-clade K pour 87% d’entre eux. D’autres pays ont constaté un début précoce de l’épidémie et une présence importante de virus H3N2, mais n’ont pas encore de données sur l’incidence du nouveau sous-clade. En particulier, les changements intervenus dans le fonctionnement des organismes de santé publique aux USA font qu’on ne dispose pas d’informations à jour pour la région.
Les virus H3N2 provoquent des grippes souvent plus sévères que les virus H1N1, qui circulent également, en particulier chez les personnes âgées. L’apparition de mutations qui ont peut-être facilité le développement de l’épidémie et pourraient permettre au virus d’échapper à l’immunité conférée par le vaccin fait craindre une augmentation de formes graves. De nombreuses personnes n’ont peut-être pas non plus été vaccinées à temps. Pour l’instant, les observations sont cependant plutôt rassurantes (2,3). Les premières données publiées au Royaume Uni indiquent que la protection vaccinale reste de bon niveau : elle serait de 70 à 75% contre les formes nécessitant un passage à l’hôpital pour les enfants et adolescents, de 30 à 40% pour les adultes (ce niveau de protection varie d’une année à l’autre entre 30 et 60%, il est classiquement plus élevé chez les sujets jeunes).
Il est trop tôt pour connaitre l’impact de l’apparition du sous-clade K. Pour l’heure, la vaccination et le respect de mesures d’hygiène (lavage des mains, port éventuel du masque, …) restent recommandés et justifiés. La vigilance doit être maintenue afin que toute inflexion de la situation soit détectée.
Références