Variole-Mpox

1. Définitions

La variole est une maladie infectieuse virale strictement humaine due au virus de la variole, transmise directement de personne à personne, le plus souvent par contact direct. Elle se présente sous la forme d’une dermatose pustuleuse, ressemblant à une forme grave de varicelle. Son éradication totale a été officiellement déclarée par l’OMS en 1980. On craint sa réémergence sous la forme d'un attentat bioterroriste.

Le mpox (ou variole du singe, variole simienne, ou monkeypox) est une zoonose virale (maladie animale transmissible à l’Homme) due au virus Monkeypox (MPXV). À la suite d'une série de consultations avec des experts mondiaux, l'OMS utilise le terme privilégié "Mpox" comme synonyme de variole du singe. La maladie est transmise essentiellement par des rongeurs sauvages ou des primates à l’homme, puis de personne à personne par gouttelette ou contact rapproché en particulier au sein du foyer familial ou en milieu de soins. Les symptômes sont comparables à ceux de la variole mais la maladie est moins sévère. Depuis mai 2022 une épidémie de mpox avec transmission interhumaine a rapidement diffusé à tous les continents. Le 14 août 2024, le Directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que la recrudescence actuelle du Mpox sur le continent africain constitue une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) en vertu des dispositions du Règlement sanitaire international. L'objectif est de mettre en place une réponse internationale efficace, coordonnée et solidaire.

2. Agents pathogènes

La variole et le mpox sont des orthopoxviroses. Elles sont causées par des virus de la famille des Poxviridae, elle-même composée de deux sous-familles, les Entomopoxvirinae qui infectent les insectes, et les Chordopoxvirinae.

Les Chordopoxvirinae comprennent 18 genres qui peuvent infecter diverses espèces de vertébrés. Des infections humaines ont été rapportées pour 5 genres (Molluscipoxvirus, Orthopoxvirus, Parapoxvirus et Yatapoxvirus).

Le genre Orthopoxvirus comprend 12 espèces de virus à ADN enveloppés qui ont un spectre d’hôtes et une pathogénicité variable. Les Orthopoxvirus présentent de fortes similitudes antigéniques entre leurs membres, ce qui se traduit par une immunité de protection croisée prononcée. Plusieurs Orthopoxvirus peuvent infecter l’Homme dont :

  • Le virus responsable de la variole humaine appelé virus de la variole, un virus strictement humain ;
  • Le virus Cowpox responsable de rares infections cutanées chez l’homme transmises par contact avec un vertébré infecté (rongeur sauvage, animal de compagnie, bovin …) ;
  • Le virus de la vaccine (virus proche du virus Cowpox mais dont l'origine est inconnue) ;
  • le virus du mpox (MPXV) responsable du Mpox.

Le génome des MPXV évolue. Après un certain temps d'évolution des différences plus ou moins importantes apparaissent. Selon l'importance des différences génétiques observées on distingue des clades, des sous-clades, et à l'intérieur de celles-ci des variants.

Le MPXV se compose de deux clades viraux, les clades I et II, et de quatre sous-clades (Ia, Ib, IIa et IIb). L’émergence du clade Ib est récente (septembre 2023). Les clades I et II qui sont génétiquement, cliniquement et géographiquement distincts, ont été initialement désignés respectivement comme les clades d'Afrique centrale (ou du Bassin du Congo) et d'Afrique de l'Ouest. Le système de classification actuel n'utilise pas d'étiquettes géographiques.

Le clade I

Ce clade était à l’origine présent dans le bassin du Congo en Afrique centrale. Le clade Ib a été découvert en septembre 2023 en République démocratique du Congo (RDC), et plus récemment dans des pays frontaliers de la RDC. Sa transmissibilité et sa létalité sont difficiles à préciser en raison de données épidémiologiques partielles.

Le clade II

Le clade II du MPXV comprend deux sous-clades :

  • le clade IIa, anciennement clade ouest-africain ;
  • le clade IIb composé principalement de MPXV humains (hMPXV) et identifié comme responsable de l’épidémie mondiale de 2022.

Les Orthopoxvirus sont sensibles aux désinfectants usuels, notamment l'eau de Javel. Le MPXV est inactivé par la chaleur en moins de 5 min à 70 °C et moins de 15 min à 60 °C, sans différence entre les virus des clades I et II. Une liste d'agents actifs sur le MPXV est disponible ici

Les orthopoxviroses dont la variole sont des maladies à déclaration obligatoire.

Il est important, dans le contexte actuel, afin de caractériser les virus circulants sur le territoire de respecter les règles de transmission d'échantillons et/ou de matériel viral au Centre national de référence (CNR) des Orthopoxvirus à l’Institut de Recherche Biomédicale des Armées (IRBA) pour analyses complémentaires, dont réalisation d’un séquençage du génôme viral (se référer aux paragraphes 4.3 et 4.5.1.b).

3. Variole humaine

La variole humaine était une maladie contagieuse d’origine virale dont l'éradication a été déclarée officiellement par l'OMS le 8 mai 1980.

La variole était transmise directement de personne à personne, le plus souvent par contact direct.

Elle se présentait comme une dermatose pustuleuse, ressemblant à une forme grave de varicelle, mais évoluant en une seule poussée (toutes les lésions étant du même âge et identiques).

Après une période d’incubation de 12 à 14 jours, apparaissait une fièvre, des céphalées, un état de prostration et des douleurs musculaires. Puis une éruption apparaissait sur les muqueuses de la bouche et du pharynx, sur le visage et les bras, pour ensuite atteindre le tronc et les membres inférieurs. L’éruption évoluait progressivement vers la formation de pustules puis de croûtes.

La variole existait sous deux formes : la variole majeure (mortalité de 30 %) et la variole mineure (mortalité inférieure à 1 %). Plus de 90 % des cas de variole étaient caractéristiques ce qui permettait un diagnostic clinique, excepté la forme hémorragique et la forme maligne.

La variole laissait de séquelles cutanées (visage grêlé).

4. Mpox

4.1. Clinique

La période d'incubation (intervalle entre l'infection et l'apparition des symptômes) du mpox est généralement de 6 à 13 jours, mais peut aller de 5 à 21 jours.

L'infection peut être divisée en deux périodes :

  • la période d'invasion (dure entre 0 et 5 jours) caractérisée par de la fièvre, des maux de tête intenses, des lymphadénopathies (gonflement des ganglions lymphatiques), des douleurs dorsales, des myalgies (douleurs musculaires) et une asthénie intense (manque d'énergie). La lymphadénopathie est une caractéristique distinctive du mpox par rapport à d'autres maladies qui peuvent initialement sembler similaires (varicelle, rougeole, variole).
  • l'éruption cutanée commence généralement dans les 1-3 jours suivant l'apparition de la fièvre. L'éruption tend à être plus concentrée sur le visage et les extrémités que sur le tronc. Elle touche le visage (dans 95 % des cas), ainsi que la paume des mains et la plante des pieds (dans 75 % des cas). Sont également touchées les muqueuses buccales (dans 70 % des cas), les organes génitaux (30 %) et les conjonctives (20 %), ainsi que la cornée. L'éruption évolue de façon séquentielle, passant des macules (lésions à base plate évoluant sur 1 à 2 j) aux papules (lésions fermes légèrement surélevées évoluant sur 1 à 2 j), aux vésicules (lésions remplies de liquide clair évoluant sur 1 à 2 j), aux pustules (lésions remplies de liquide jaunâtre évoluant sur 5 à 7 j) et aux croûtes (durée de 7 à 14 j) qui se dessèchent et tombent. Le nombre de lésions varie de quelques-unes à plusieurs milliers. Dans les cas graves, les lésions peuvent fusionner jusqu'à ce que de grandes parties de la peau se détachent. Le mpox est généralement une maladie autolimitée dont les symptômes durent de 2 à 4 semaines.

Les groupes les plus à risque d'évoluer vers une maladie grave dans les pays africains sont les enfants, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées, y compris les personnes atteintes d'une infection par le VIH non contrôlée.

Bien que la vaccination contre la variole ait été protectrice dans le passé, aujourd'hui les personnes âgées de moins de 40 à 50 ans (selon le pays) peuvent être plus sensibles au mpox en raison de l'arrêt des campagnes de vaccination contre la variole dans le monde entier après l'éradication de la maladie.

Les complications du mpox peuvent inclure des infections secondaires, une broncho-pneumonie, une septicémie, une encéphalite et une infection de la cornée entraînant une perte de la vision. On ignore dans quelle mesure une infection asymptomatique peut se produire.

Des issues défavorables de la grossesse, y compris des pertes de grossesse spontanées et des mortinaissances, ont été rapportées dans des cas d'infection confirmée par le MPXV pendant la grossesse. Des cas d'accouchement prématuré et d'infection néonatale par la variole ont également été signalés. La fréquence et les facteurs de risque de gravité et d'issue défavorable de la grossesse ne sont pas connus.

La létalité associée au mpox est hétérogène et varie de 1 % à 12 % pour les cas d'infection par le clade I en Afrique centrale à moins de 0-1 % pour la plupart des épidémies causées par le clade IIa, à l’exception d’une épidémie au Nigéria (2017-18) qui a entraîné une létalité de 3 à 6 %, avec plusieurs décès parmi les personnes immunodéprimées séropositives.

Caractéristiques cliniques de l’épidémie extra-africaine de 2022 par rapport aux épidémies précédentes de mpox

Un article récent publié dans la revue Lancet décrit les caractéristiques de l’épidémie de 2022.

L’épidémie actuelle touche en général des hommes (97 à 100 % des cas selon les séries) adultes (âge moyen entre 37 et 41 ans selon les séries) ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH).

La période d'incubation est de 6 à 7 jours.

Les symptômes systémiques sont fréquents et peuvent survenir avant l'éruption (stade prodromique) ou peu après l'apparition de l'éruption (stade clinique précoce), bien que des éruptions sans maladie systémique ont été rapportés. Dans cette épidémie, un gonflement généralisé des généralisé des ganglions lymphatiques n'a pas été couramment observé.

L’éruption :

  • Les lésions peuvent être présentes à différents stades simultanément et leur évolution ne se fait pas toujours selon la chronologie attendue ;
  • Le nombre de lésions est inférieur à 10 dans 60 à 66 % des cas (0 % dans les épidémies antérieures) et supérieur à 100 dans 0 à 4 % des cas (20 à 42 % des cas dans les épidémies antérieures). L’éruption peut même se limiter à une lésion unique.
  • Les lésions sont en général localisées sur une à trois régions du corps seulement ;
  • Localisation : les lésions apparaissent souvent dans les zones génitales (55-61 %) et anorectales (34-44 %) ou dans la bouche (14-43 %) ; l'éruption cutanée n'apparaît pas toujours sur les paumes ou la plante des pieds (0-10 %) ;
  • Les lésions sont souvent décrites comme douloureuses jusqu'à la phase de guérison où elles deviennent des démangeaisons (croûtes).

Des symptômes rectaux [douleur rectale (14-36 %), proctite (11-25 %)], un mal de gorge (17-36 %), une difficulté à avaler liée à un ulcère de l'amygdale ou du pharynx (5-14 %) ou un œdème du pénis (8-16 %) ont été fréquemment signalés dans l'épidémie actuelle.

Par contre les complications à type d’infection bactérienne secondaire des lésions (3-4 %), de conjonctivite (1 %) ou de pneumopathies sont moins fréquentes que lors des épidémies antérieures.

Le taux d’hospitalisation varie de 1 à 13 %. A ce stade, les cas rapportés sont majoritairement bénins, et peu de décès ont été signalés.

La maladie dure généralement de 2 à 4 semaines.

Concernant le clade Ib, les données sont très limitées. La période d'incubation moyenne a été récemment estimée à 9,9 jours (ICR à 95 % 8,5-11,5 jours), soit une durée plus longue que la plupart des estimations rapportées pour le clade IIb. Sur le plan clinique, le clade Ib pourrait être associé à des formes plus graves. Ces éléments sont cependant à prendre en compte avec circonspection étant donné le peu d'informations disponibles.

Plusieurs diagnostics différentiels peuvent être évoqués en fonction du contexte (varicelle chez l’adulte, syndrome pieds-mains-bouche chez l’enfant, syphilis secondaire, herpes, dermatose bulleuse non infectieuse).

4.2. Transmission

La transmission du MPXV peut se faire de l’animal à l’homme et de manière interhumaine.

Bien que le MPXV ait été isolé chez plusieurs rongeurs et animaux non primates en Afrique (écureuils à corde, écureuils arboricoles, rats de Gambie, loirs, hérisson d’Afrique, opossum et différentes espèces de singes), le réservoir animal exact du virus est encore inconnu et il est suggéré que les singes et les humains soient des hôtes fortuits de l'infection.

Les transmission de l'animal à l'homme (zoonotique) peuvent se produire à la suite d'expositions non invasives à des animaux infectés par contact avec le sang, les fluides corporels ou les lésions cutanées ou muqueuses d'animaux infectés (par exemple, en touchant l'animal, en nettoyant sa cage, en chassant ou en transformant sa viande) ou à la suite d'une morsure ou d'une griffure d'un animal infecté. La consommation de viande mal cuite et d'autres produits animaux provenant d'animaux infectés est un mode de transmission mal documenté. Dans un avis du 24 juin 2022, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a établi la liste des épidémies dans lesquelles la consommation d’aliment a été suspecté (seule la consommation de viande de brousse est identifiée).

La transmission interhumaine.

La période infectieuse dure depuis l'apparition des manifestations cliniques jusqu'à ce que toutes les lésions cutanées soient recouvertes de croûtes et que la réépithélialisation ait eu lieu.

La transmission peut résulter d'un contact étroit avec des sécrétions respiratoires de type gouttelettes (salive, éternuements, postillons…) ou des lésions cutanées d'une personne infectée. La transmission par les particules respiratoires sous forme de gouttelettes nécessite généralement un contact prolongé en face à face. Le contact direct avec des plaies ou des lésions infectieuses sur les muqueuses a été le principal mode de transmission pendant l'épidémie de 2022, et l'ensemble des données confirment que le contact sexuel intime est la principale voie de transmission, la voie respiratoire jouant un rôle moins important.

La transmission peut également se faire par le placenta, de la mère au fœtus (ce qui peut entraîner une infection congénitale) ou lors de contacts étroits pendant et après la naissance.

La transmission percutanée a été rapportée après des blessures par piqûre d'aiguille à partir de fournitures utilisées pour collecter des échantillons de lésions cutanées.

La transmission indirecte à partir d’objets récemment contaminés dans l’environnement du malade est possible..

4.3. Diagnostic

La confirmation diagnostique de Mpox est biologique par l’identification du virus notamment par méthode d’amplification génique (qPCR ou RT-PCR). L’absence de sérologie spécifique du MPXV et l’existence d’une réactivité croisée avec d’autres Orthopoxvirus, ne permettent pas d’utiliser la sérologie pour confirmer le diagnostic d’une infection.

Qui doit bénéficier d’un test à visé diagnostique ?

  • Cas suspect : prélèvement systématique.
  • Cas probable : pas de test systématique (la forte présomption clinique et un lien avec un cas confirmé suffisent en principe à la catégorisation), mais la déclaration est obligatoire.
  • Absence de symptômes : pas de test.

Quels prélèvements ?

Trois types de prélèvements son préconisés et à prioriser selon l’ordre suivant : 

Cutanéo-muqueux

  • Vésicules, ulcérations, exsudats : grattage du plancher de la vésicule (où se situent le cellules infectées) avec un écouvillon sec (crever la vésicule et gratter en tournant l’écouvillon sur le plancher de la vésicule), et/ou prélèvement d’une croûte qui pourront être ensuite conservés dans un tube sec ou déchargés dans un milieu de transport viral ;
  • Biopsie pour les lésions sèches de type macule ou papule.

Sphère ORL : écouvillonnages oropharyngés (nasopharyngés possibles)surtout si poussée éruptive dans la bouche ou la gorge, mais aussi recommandé actuellement de façon systématique car sensible dès la phase prodromique et de façon prolongée. , à décharger dans un milieu de transport viral.

Sang : la virémie est brève (1 à 2 jours) et la recherche de virus peu rentable, sur sang total en tube EDTA.

En cas suspicion d’atteinte pulmonaire ou neurologique les prélèvements respiratoires semi-profonds et profonds (aspirations trachéo-bronchiques, liquides broncho-alvéolaires, prélèvements distaux protégés, crachats induits) ou de liquide céphalo-rachidien (LCR) sont à discuter.

Les prélèvements peuvent être réalisés en établissement de santé, en CEGIDD ou par tout laboratoire de biologie médicale, en respectant les consignes de sécurité, et transmis si besoin à un laboratoire compétent pour l’analyse. Il est conseillé de contacter les laboratoires avant pour s’assurer de leur capacité à prélever (ou être adressé vers un autre site préleveur).

Il est recommandé d’effectuer en complément un bilan d’Infection Sexuellement Transmissible (IST) d’emblée : examens sanguins (sérologies VIH, VHB, VHC, Syphilis) et PCR Gonocoque et Chlamydia trachomatis sur premier jet urinaire.

Quel test utiliser ?

Le diagnostic spécifique de l’infection par le MPXV est réalisé actuellement par PCR de genre (genre Orthopoxvirus) puis confirmation MPXV ou directement par PCR spécifique MPXV  utilisant un test validé par le CNR des Orthopoxvius. Pour différencier les clades, des PCR peuvent être mises en œuvre, une permettant de discriminer clade 1a, clade 1b et clade 2 et une permettant une confirmation clade 1b.

Qui fait le test ?

Le MPXV est un agent biologique de classe 3. Le transport des échantillons relève de règles de biosécurité précisent, mais une dispense d’autorisation de transport est prévue pour des échantillons utilisés aux seules fins d’une analyse de biologie médicale.

Selon les recommandations du HCSP et la réglementation en vigueur, la manipulation des échantillons à visée diagnostique d’un patient suspect d’infection par le MPXV doit s’effectuer en priorité dans un laboratoire de niveau de confinement 3 (LSB3) sous un poste de sécurité microbiologique de type 2 (PSM2) en respectant les bonnes pratiques de travail.

Un laboratoire de niveau de sécurité biologique 2 (NSB2) peut uniquement réaliser les tests de diagnostic moléculaire sur tous les types d’échantillons cliniques à condition de respecter les mêmes pratiques de travail que dans un LSB3 et selon une évaluation des risques à faire selon la nature des prélèvements (risque de contamination) et contexte clinique du patient (perte de chance ?). A noter que la culture du virus reste, dans tous les cas, soumise à un niveau de confinement 3 par les laboratoires détenteurs d‘autorisations de détention et de mise en œuvre délivrée par l‘ANSM.

Pour tous les cas confirmés, le clade (I ou II) doit être déterminé par une PCR spécifique ou par séquençage.

  • Les laboratoires qui ne sont pas en capacité de déterminer le clade doivent transmettre les prélèvements issus de tout cas confirmé au CNR pour détermination du clade ;
  • Les laboratoires en capacité de réaliser la détermination du clade doivent transmettre au CNR le matériel viral issu de tout cas d’infection par le virus MPXV de clade I, pour détermination du sous-clade et séquençage, ainsi que les prélèvements issus de tout cas pédiatrique, tout cas adulte féminin, tout cas grave hospitalisé, tout cas nosocomial et les éventuels cas groupés, pour les cas de Clade II pour caractérisation des souches.

Cet envoi doit respecter les règles suivantes :

  • Échantillons primaires non inactivés (potentiellement infectieux) ou de culture virale : Catégorie A numéro UN2814 ;
  • Échantillons primaires inactivés ou extraits d’acides nucléiques (non infectieux) : Catégorie B numéro UN3373.

Attention : le laboratoire expéditeur ne disposant pas d’une autorisation de détention du MPXV (considéré comme un « Micro-Organismes et Toxines » (MOT) par l’ANSM a 30 jours pour envoyer tous les échantillons cliniques positifs (inactivés ou non) et tous les extraits d’acides nucléiques au CNR Orthopoxvirus. Au-delà, l'établissement a l'obligation de détruire les dits échantillons et extraits d’acides nucléiques purifiés contenant de l’ADN viral du MPV à partir d’échantillons cliniques et de tracer cette destruction (Article R5139-2 du code de santé publique). Tout envoi de MOT doit faire l’objet d’une déclaration spécifique et d’obtenir une autorisation de transport à l’ANSM.

4.4. Prévention du mpox

4.4.1. Prévenir la transmission par l’isolement de la personne malade et les gestes barrières

Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a actualisé le 8 juillet 2022 ses précédents avis sur les mesures de prévention vis-à-vis de la transmission virus MPXV, et la Coordination opérationnelle - Risque épidémique et biologique (COREB) a effectué une mise à jour en 2024. Elles sont résumées ici. 

En milieu de soins

Les mesures de prévention en milieu de soins concernent le personnel soignant, le patient et les visiteurs ainsi que les mesures de nettoyage et désinfection de l’environnement du patient. . Elles sont à maintenir jusqu'à ce que toutes les lésions aient formé des croûtes, que ces croûtes se soient séparées et qu'une nouvelle couche de peau saine se soit formée.

Patient (cas suspect et confirmé)

  • Isolement géographique du patient en chambre individuelle jusqu’à la tombée des croûtes et la réépithélisiation des lésions ;
  • Limitation des déplacements ;
  • Masque chirurgical ;
  • Hygiène des mains ;
  • Couvrir les lésions cutanées si possible.

Soignants

  • Précautions standards pour tous les soins des cas confirmés ou suspects ;
  • Précautions complémentaires air + contact
    • Systématiquement : hygiène des mains avec solution hydroalcoolique, masque FFP2, lunettes ;
    • En cas de contact avec les lésions ou l’environnement du patients : gants et surblouse renforcée par tablier ou surblouse étanche en cas de contact physique avec le patient ;
    • Port d'un écran facial ou de lunettes de protection en plus du masque chirurgical lors du changement de draps (Société française d'hygiène hospitalière).

Visiteurs 

Les visites doivent être limitées au strict minimum (fin de vie, impact psychologique majeur….). Le visiteur doit alors porter les mêmes éléments de protection individuelle (EPI) que les personnels soignants.

Environnement

  • Traitement des surfaces : désinfectant norme 14476 avec au minimum une virucidie à spectre limitée ;
  • Éviter les actes risquant de générer la mise en suspension de matières sèches issues des lésions cutanées (ventilateur, balayage à sec…).

Déchets de soins : filière DASRI.

Au domicile

Isoler au mieux possible le patient (cas confirmé) jusqu’à la tombée des croûtes et la réépithélisiation des lésions : 

  • Si possible, pièce séparée, si possible toilettes et salle de bain dédié, pas de sortie ni de visite, sauf indispensable (médicale par exemple) ;
  • Éviter les contacts physiques : Pas de contact peau à peau, pas d’embrassades …
  • Port du masque chirurgical en présence d’autres personnes ;
  • Couvrir au mieux les boutons et croûtes (vêtements, pansements) ;
  • Matériel dédié au seul malade (affaire de toilettes, vaisselle, vêtements, linge de maison…) ;
  • Éviter tout contact avec les animaux domestiques (possibilité de transmission à l’animal).

Conseils d’hygiène

  • Mains propres, ongles courts, ne pas se gratter, ne pas toucher les boutons ;
  • Se laver les mains avant tout contact et régulièrement en utilisant de l’eau et du savon ou une solution hydro-alcoolique si l’état de la peau le permet ;
  • Éviter de prendre des bains, privilégier les douches et se sécher en tamponnant (sans frotter) ;
  • Laver ses affaires personnelles séparément (vaisselle, linge à 60° si possible);
  • Nettoyer régulièrement les surfaces, surtout sanitaires (1 fois par jour), avec les produits habituels du commerce ;
  • Si des croûtes tombent, elles peuvent être contagieuses, de même que les pansements et bandages souillés : les mettre dans un sac-poubelle spécifique à fermer, puis mettre dans un autre sac poubelle à fermer avant de le jeter avec les déchets ménagers.

Conseils aux proches 

  • Se laver les mains régulièrement ;
  • Eviter tout contact direct (peau à peau) avec la personne infectée ou ses effets personnels (vaisselle, linge, …) ;
  • Porter un masque chirurgical à sa proximité (Distance de moins de 2 m) ;
  • Gants à usage unique en cas de contact avec le malade.

En matière de sexualité : pour les cas probables et confirmés, abstention de rapports sexuels pendant l’isolement, rapport sexuels protégés jusqu’à 8 semaines après la fin de la période de contagiosité.

Mesures de prévention pour le grand public et certaines populations particulières

Les mesures de prévention pour le grand public et certaines populations particulières, notamment dans les rassemblements et événements festifs sont également précisées ; le HCSP rappelle que seules les personnes en contact physique étroit avec une personne présentant une infection symptomatique à MPXV sont exposées au risque d’être contaminées par ce virus, que les personnes infectées ou suspectes d’être infectées par le MPXV ne doivent pas participer à des rassemblements et événements festifs impliquant des contacts physiques intimes ou sexuels entre les participants.

Mesures complémentaires

Dans le cadre de l’épidémie actuelle un ensemble de recommandations complémentaires ont été émises. Il s'agit de :

4.4.2. La recherche et la surveillance des cas contacts

Les personnes pour lesquelles le diagnostic de mpox a été confirmé doivent faire l’objet d’une investigation destinée à déterminer l’origine la plus probable de leur contamination. Leurs personnes-contacts à risque sont listées (voir définition).

La conduite à tenir des personnes contacts est définie au paragraphe 4.5.3.e.

4.4.3. Vaccination : se référer au chapitre spécifique

4.4.4. Traitement

Le traitement est avant tout symptomatique (antihistaminique en cas de prurit, antalgique).

Dans la situation où un traitement spécifique est à envisager pour un patient atteint d’une forme grave de la maladie (après discussion collégiale, en fonction de la symptomatologie, des complications et du terrain du patient), le Tecovirimat est le traitement à utiliser en première intention.

Le tecovirimat a obtenu une autorisation de mise sur le marché européenne (AMM) sous circonstances exceptionnelles le 6 janvier 2023 dans le traitement des infections à virus Smallpox, Monkeypox et Cowpox chez les adultes et les enfants pesant au moins 13 kg. Il est également indiqué dans le traitement des complications dues à la réplication du virus de la vaccine après la vaccination antivariolique.

Cet antiviral est réservé à ce stade aux établissements de santé ou centres prenant en charge des patients infectés par le MPXV.

La durée de traitement recommandée est de 14 jours, à débuter le plus tôt possible après le diagnostic. Il est administré par voie orale à une posologie adaptée au poids.

Le National Institutes of Health, dans un communiqué de presse, a précisé que le Tecovirimat a été bien toléré par les participants d’une étude menée en RDC. Il n'a entraîné aucun effet indésirable grave, mais n'a pas réduit la durée de leurs lésions liées au clade I de Mpox. Le taux de mortalité global parmi les participants à l'étude, qu'ils aient reçu le médicament ou non, est de 1,7 %. Le taux de mortalité du Mpox en RDC étant de 3,6 %, cela montre que le taux de décès du Mpox est inférieur lorsque les malades sont hospitalisés et correctement pris en charge.

Le brincidofovir (sous réserve de disponibilité) et le cidofovir sont positionnés respectivement deuxième intention et troisième intention, bien qu’il n’y ait pas de preuve de leur efficacité chez l’homme.

4.5. La déclaration obligatoire (DO)

Le mpox est une maladie à déclaration obligatoire, au même titre que les autres orthopoxviroses.

Cas suspect : L’information des personnes-contact à risque n’est pas nécessaire à ce stade et la DO ne doit pas être réalisée. Il n’est pas nécessaire d’informer l’ARS des patients suspects.

Cas probable : DO.

Cas confirmé : DO.

En complément de la DO, il faut contacter au plus tôt l’ARS pour les cas adultes féminins et les cas pédiatriques, pour lesquels des investigations renforcées doivent être menées par l’ARS dans les meilleurs délais. En effet, ces personnes constituent des cas inhabituels au regard de l’épidémiologie du sous-clade IIb.

4.5.1. Définition d'un cas de Mpox s’appliquant à l’épidémie en cours

a. Diagnostic de Mpox

a.1. Patient suspect = signes cliniques évocateurs uniquement

  • une éruption cutanée ou une ou des ulcérations de la muqueuse génitale, anale ou buccale, évocatrice de mpox,
  • isolée, ou précédée ou accompagnée d’une fièvre ressentie ou mesurée (>38°C), d’adénopathies ou d’une odynophagie.

a.2. Cas probable = signes cliniques évocateurs + contact à risque d’un cas confirmé

  • une éruption cutanée ou une ou des ulcérations de la muqueuse génitale, anale ou buccale,
    évocatrice de mpox,
  • isolée, ou précédée ou accompagnée d’une fièvre ressentie ou mesurée (> 38 °C),
    d’adénopathies ou d’une odynophagie.

ET un contact à risque (définition infra) avec un cas confirmé en France ou dans un autre pays.

a.3. Cas confirmé = qPCR ou RT-PCR spécifique monkeypox ou générique Orthopoxvirus

Un cas confirmé d’infection par le virus MKP est une personne avec :

  • un résultat positif de qPCR ou RT-PCR spécifique du virus MPXV, ou spécifique d’un clade ou d’un sous-clade du MPXV ; OU
  • un résultat positif en qPCR générique du genre Orthopoxvirus, associée à un résultat de séquençage partiel spécifique du virus MPXV.

b. Diagnostic de clade ou de sous-clade

Pour tous les cas confirmés, le clade (I ou II) doit être déterminé par une PCR spécifique ou par séquençage.

  • Les laboratoires qui ne sont pas en capacité de déterminer le clade doivent transmettre les prélèvements issus de tout cas confirmé au CNR pour détermination du clade.
  • Les laboratoires en capacité de réaliser la détermination du clade doivent transmettre au CNR le matériel viral issu de tout cas d’infection par le virus MPXV de clade I, pour détermination du sous-clade et séquençage, ainsi que les prélèvements issus de tout cas pédiatrique, tout cas adulte féminin, tout cas grave hospitalisé, tout cas nosocomial et les éventuels cas groupés, pour les cas de Clade II pour caractérisation des souches.

Un cas probable est présumé être infecté par le même clade et sous clade que son cas primaire (contaminateur). Cependant, si le clade et sous clade du cas primaire n’est pas connu, il est recommandé de tester le cas probable en vue de cette détermination.

4.5.2. Définition des personnes-contact

a. Personnes-contact à risque

Toute personne ayant eu :

  • un contact direct non protégé sans notion de durée (cf. infra mesures de protection efficaces) avec la peau lésée ou les fluides biologiques d’un cas probable ou confirmé symptomatique, notamment rapport sexuel (avec ou sans préservatif), actes de soin médical, paramédical ou de toilette ; OU
  • un contact physique indirect par le partage d’ustensiles de toilette ou de cuisine, ou de textiles (vêtements, linge de bain, literie) utilisés par le cas probable ou confirmé symptomatique.

b. Personne-contact à risque négligeable

  • Toute personne ayant eu un contact à risque tel que décrit ci-dessus en présence de mesures de protection efficaces portées par la personne-contact, à l’exception des rapports sexuels qui restent toujours à risque. Les mesures de protection efficaces vis-à-vis du contact physique sont notamment le port de gants étanches (latex, nitrile, caoutchouc).
  • Toute autre situation.

4.5.3. Conduite à tenir

a. Patients suspects

  • Tout patient suspect doit bénéficier d’une consultation médicale et d’un test diagnostique
    réalisé par qPCR ou RT-PCR Mpox ou Orthopoxvirus selon les modalités décrites dans la fiche
    Coreb, en particulier pour le choix du ou des prélèvements (lésions cutanées, lésions muqueuses, écouvillon rectal ou pharyngé, etc.). Les informations concernant le diagnostic sont accessibles sur le site du CNR3.
  • Les patients suspects présentant une forme clinique grave doivent être hospitalisés avec mise en place de mesures de protection contact + air jusqu’à l’obtention du résultat du test. Les patients suspects présentant des formes cliniques non graves doivent rester isolés à leur domicile dans l’attente du résultat. En cas de sortie impérative, il est recommandé de couvrir les lésions (vêtements, gants). Les mesures d’isolement doivent être adaptées aux besoins des enfants en bas âge (patients ou enfants des patients), tel que recommandé dans l’avis du HCSP de 20226. Pour les adultes, le médecin prenant en charge le patient peut prescrire un arrêt de travail si le cas ne peut pas télétravailler.
  • L’information des personnes-contact à risque n’est pas nécessaire à ce stade et la DO ne doit pas. être réalisée. Il n’est pas nécessaire d’informer l’ARS des patients suspects.
  • En cas de test positif, le patient suspect devient un cas confirmé (Cf. ci-dessous). En cas de test négatif, le cas est exclu.
  • Chez des cas suspects avec une date de début des signes ancienne (plus de 3 semaines), la PCR peut être négative, en particulier si la cicatrisation des lésions est très avancée. Pour certains d’entre eux, il y a un intérêt à documenter l’infection pour des raisons épidémiologiques (clusters particuliers, cas pédiatriques, cas féminins, …). Il peut être décidé au cas par cas de réaliser une analyse sérologique au CNR pour documenter l’infection. Ces cas devront être discutés et validés avec le CNR et SpF en amont de tout envoi de prélèvement au CNR.

b. Cas probables et confirmés

  • Il n’est pas nécessaire de tester les cas probables et de les confirmer biologiquement, mais une fiche de DO doit être adressée à l’ARS. Cependant, si le clade et sous-clade du cas primaire n’est pas connu, il est impératif de tester le cas probable en vue de cette détermination. Si le cas probable est testé, en cas de test négatif, il est exclu. S’il est testé, et positif, le cas probable devient un cas confirmé (Cf. ci-dessous).
  • Il est recommandé aux cas probables et confirmés de s’isoler à domicile jusqu’à la guérison
    complète des lésions cutanées et muqueuses (en général 21 jours). Cette période de 21 jours doit être étendue si les lésions de la peau ou des muqueuses ne sont pas complètement cicatrisées à son terme.
  • Les mesures d’isolement doivent être adaptées aux besoins des enfants en bas âge (patients ou enfants des patients). 
  • Si l’isolement strict n’est pas possible, les cas doivent limiter leurs interactions sociales aux activités sans partage d’équipement et sans contact physique. Ils doivent télétravailler ou à défaut être en arrêt de travail durant 21 jours à partir de la date de début des signes, et ne pas partager ni mélanger leurs vêtements, leur linge de maison et literie ou leur vaisselle avec d’autres personnes. Le médecin prenant en charge le patient peut ainsi lui prescrire un arrêt de travail s’il ne peut pas télétravailler.
  • Lors des sorties éventuelles (courses alimentaires, promenades, autres), ils doivent porter des vêtements couvrant les lésions cutanées, et des gants en cas de lésions sur les mains, et un masque chirurgical dans l’espace public.
  • Il leur est recommandé de ne pas avoir de contact physique direct avec d’autres personnes, en particulier des rapports sexuels, quels que soient leur orientation sexuelle et le type de rapport.
    La pratique de rapport sexuels distants ou en ligne reste possible.
    De plus, il est recommandé d’utiliser un préservatif lors des rapports sexuels de tous types jusqu’à 8 semaines après la fin de la guérison complète.
  • Les déchets tels que les croûtes des vésicules doivent être jetés dans des sacs-poubelles dédiés, doublés d’un second sac poubelle. Un nettoyage soigneux du domicile comportant les surfaces, la literie, les vêtements et la vaisselle doit être réalisé en fin d’isolement.
  • Les personnes les plus à risque de forme clinique grave (personnes immunodéprimées, femmes enceintes, jeunes enfants) doivent particulièrement prêter attention à l’apparition de toute aggravation et ne pas hésiter à prendre contact sans délai avec le Samu Centre 15.
  • Si le cas probable ou confirmé possède un ou plusieurs animaux de compagnie, il est recommandé de se référer à l’avis de l’ANSES correspondant et de limiter tout contact avec celui-ci ou ceux-ci.

c. Investigation des cas probables et confirmés

  • Compte tenu de l’incidence faible depuis le mois d’octobre 2022, l’investigation de tous les cas probables ou confirmés féminins et pédiatriques doit être réalisés par les ARS, afin d’identifier le mode le plus probable de contamination. En effet, ces personnes constituent des cas inhabituels au regard de l’épidémiologie du sous-clade IIb.
  • Tous les cas d’infection probable ou confirmée par un MPXV de clade I (Ia ou Ib), quel que soit l’âge et le sexe du patient, doivent être investigués (questionnaire) sous la responsabilité des cellules en région (CR) de SpF, en lien avec les ARS, afin d’identifier le mode le plus probable de contamination et de briser les chaines de transmission.
  • Compte tenu du déploiement actuellement limité des PCR de clade et de sous-clade, des critères de suspicion d’infection par le clade I peuvent être retenus pour réaliser l’investigation de certains patients sans attendre la confirmation du clade. Ainsi des cas probables ou confirmés de retour d’un pays à risque, ou rapportant un contact à risque avec une personne de retour d’un pays à risque, doivent être investigués sous la responsabilité de la CR sans attendre la détermination du clade viral (questionnaire, contact tracing/warning).
  • Une investigation ad hoc doit également être réalisée si des cas surviennent dans une collectivité comprenant des personnes vulnérables ou à risque de formes cliniques graves, telles que des foyers d’accueil ou d’hébergement, des lieux de détention, des établissements médico-sociaux… Celle-ci vise à limiter la diffusion du virus parmi des personnes à risque de formes graves, ou parmi une collectivité dont la promiscuité et/ou la précarité pourrait favoriser la transmission du virus.
    Cette investigation doit comporter la recherche de cas non encore identifiés parmi la collectivité. L’identification du cas index et de l’origine de sa contamination sont importants s’il est craint que la transmission puisse se reproduire afin de mettre en œuvre des mesures destinées à limiter ou contrôler la survenue de nouveaux cas. Par ailleurs, cette investigation vise à prendre également des mesures de gestion de l’épisode en cours d’une part en séparant les cas et les patients suspects des personnes non atteintes, d’autre part en identifiant, parmi les autres membres de la collectivité, dont les encadrants et soignants éventuels, les personnes-contacts à risque éligibles à une vaccination post-exposition.

d. Signalement des cas probables et confirmés

Une fiche de DO révisée a été publiée le 9 septembre 2022 et constitue l’outil de recueil des
données épidémiologiques concernant les cas d’infection par un Orthopoxvirus, et notamment par le MPXV. Cette fiche a fait l’objet d’une nouvelle révision en septembre 2024 pour intégrer le clade et le sous-clade viral.

Il est essentiel de veiller à la complétude des données recueillies via la DO (règle générale par
ailleurs), avant que celle-ci ne soit adressée à l’ARS puis à Santé publique France. Les informations recueillies sur la fiche de DO permettent également de distinguer les cas de
contamination sexuelle ou domiciliaire des cas zoonotiques, et de distinguer des cas autochtones et importés.

e. Personnes-contacts à risque

Le contact tracing doit être réalisée par les ARS auprès des cas lorsque cela est possible, qu’il s’agisse de cas autochtones ou de cas contaminés dans un pays habituellement endémique (pour ces derniers, une contamination par un virus d’un autre clade (clade I ou IIa) que celui de l’épidémie de 2022 est possible). L’ARS recueille l’identité des contacts à risque et leurs coordonnées, et réalise un appel destiné à les informer des mesures à prendre, les orienter pour une vaccination post-exposition, et répondre à leurs interrogations. L’appel n’a pas vocation à être complété par un suivi de la personne-contact.

Une vaccination post-exposition avec un vaccin de 3e génération doit être proposée aux personnes contacts à risque d’un cas confirmé ou probable selon les conditions décrites ci-dessus. Le vaccin doit être administré idéalement dans les 4 jours après la date du premier contact à risque et au maximum 14 jours plus tard selon le schéma recommandé par la HAS. Cependant, si le premier contact à risque remonte à plus de 14 jours et qu’il existe des dates ultérieures de contact à risque rapportées, la vaccination peut être proposée dans les délais impartis à partir de la date de dernier contact. Les modalités pratiques de vaccination sont définies par le ministère de la Santé en lien avec les ARS9. La balance bénéfice-risque individuelle sera évaluée par le professionnel de santé proposant la vaccination qui recommandera au cas par cas la vaccination à la personne-contact. Celle-ci est libre d’accepter ou non la vaccination.

Si le contact tracing n’est pas possible, les cas probables et confirmés doivent être incités à informer leurs personnes-contact à risque de leur situation (contact-warning) et leur recommander de se faire vacciner au plus tôt (prophylaxie post-exposition) dans les conditions prévues par la HAS.

Ce « contact warning » concerne toutes les personnes-contacts à risque des cas à partir de la date de début des signes du cas index et jusqu’à son isolement. Afin d’informer précisément les personnes-contacts, un flyer est remis au cas lors de la consultation, expliquant à celui-ci la démarche à entreprendre et les informations à partager.

Il est recommandé aux personnes contacts à risque de surveiller deux fois par jour leur température pendant 3 semaines après le dernier contact à risque avec le cas probable ou confirmé, la fièvre étant souvent plus précoce que l’éruption. En cas de fièvre ou d’éruption, les personnes-contacts à risque sont invitées à appeler leur médecin ou un centre de santé.

Par ailleurs, en raison des incertitudes sur la contagiosité des cas dans les jours précédant l’apparition des signes cliniques, il est recommandé aux contacts de réduire leur nombre de partenaires sexuels durant les 3 semaines de surveillance de la température.

Les recommandations vaccinales

1. Les vaccins

Il existe des vaccins anti-varioliques de première, deuxième et troisième génération.

Les vaccins antivarioliques de première et de seconde génération ne sont pas à proprement parler des vaccins vivants atténués ; ils contiennent le virus de la vaccine, un virus proche du virus de la variole dont l'origine n'est pas connue avec précision, capable d'immuniser les personnes qui le reçoivent en provoquant une maladie très atténuée par rapport à la variole.

1.1. Vaccins de première génération

Ces vaccins historiques étaient produits sur peau de moutons ou de veaux vivants. Il en existe encore des stocks. Les vaccins de première génération peuvent entrainer des effets indésirables graves :

  • encéphalite et encéphalopathie post-vaccinale (de cinq à plusieurs centaines par million de personnes vaccinées) ;
  • eczema vaccinatum(favorisé par un eczéma pré-existant) ;
  • vaccine progressive (vaccinia necrosum), complication grave survenant notamment chez les personnes immunodéprimées ;
  • vaccine généralisée : plus fréquente que la vaccine progressive mais d’évolution généralement favorable ; inoculation accidentelle, de l’ordre de 60 pour 100.000 vaccinés, guérissant le plus souvent ;
  • complications cardiaques, essentiellement à type de myo-péricardites, révélées par les campagnes intensives de revaccination menées aux Etats-Unis depuis 2001.

Ces risques de complications avaient légitimement justifié un nombre important de contre-indications.

1.2. Vaccins de deuxième génération

Le virus de la vaccine est produit sur culture cellulaire à partir des souches vaccinales historiques. Ils offrent une meilleure qualité microbiologique mais sont associés aux mêmes risques d’effets indésirables qu’un vaccin de première génération. Exemple : vaccin ACAM2000 (autorisé aux Etats-Unis et en Australie).

1.3. Vaccins de troisième génération

Des vaccins plus récents, dits de troisième génération, ont été mis au point. Il s'agit notamment du virus vivant modifié de la vaccine Ankara, fabriqué par le laboratoire danois Bavarian Nordic. La souche virale utilisée (modified vaccinia Ankara virus de Bavarian Nordic ou MVA-BN) a été fortement atténuée et présente l’avantage d’être non réplicative (elle ne peut pas se multiplier dans l’organisme humain), contrairement aux vaccins de première génération et de deuxième génération. Le vaccin MVA-BN est globalement bien toléré. Les effets indésirables les plus fréquents (chez plus d'un vacciné sur 10) associés à l'administration du vaccin MVA-BN sont sans gravité. Il s'agit de réactions au site d'injection (douleur, rougeur, gonflement, induration, démangeaisons) et de réactions générales telles que douleurs musculaires, maux de tête, fatigue, nausées, myalgies et frissons. Les personnes atteintes de dermatite atopique peuvent présenter des réactions cutanées locales plus intenses (telles que rougeur, gonflement et démangeaisons) et d'autres symptômes généraux (tels que maux de tête, douleurs musculaires, sensation de malaise ou de fatigue), ainsi qu'une poussée ou une aggravation de leur état cutané.

Plusieurs études ont montré que la vaccination préalable contre la variole avec un vaccin de première ou de deuxième génération était efficace à environ 85 % pour prévenir le mpox et qu’elle permettait d’atténuer les symptômes de la maladie.

L'efficacité de MVA-BN contre le mpox a été extrapolée à partir d'essais d'immunogénicité chez l'homme et de données d'efficacité provenant d'études précliniques en comparaison avec le vaccin de deuxième génération ACAM2000.

Le vaccin MVABN est disponible dans différents pays sous plusieurs noms, chacun d'eux étant associé à une procédure d'autorisation de mise sur le marché spécifique (notamment IMVANEX en Europe, JYNNEOS aux Etats-Unis ou IMVAMUNE au Canada). Des doses du vaccin JYNNEOS ont été importées des Etats-Unis pour vacciner contre le mpox, dans un contexte d'approvisionnement tendu.

2. Efficacité et sécurité

Elles sont décrites précisément et commentées dans les fiches vaccins de MesVaccins.net (un lien renvoie chaque nom de vaccin vers la fiche correspondante). Les données de terrain issues des vaccinations mises en œuvre dans le cadre de l’épidémie en cours depuis mai 2022 sont détaillées dans le chapitre « Données épidémiologiques ».

Les recommandations générales

Pas de recommandations générales (c'est-à-dire des recommandations déterminées uniquement par l'âge ou le sexe).

Les recommandations particulières

1. Vaccination contre la variole humaine

La variole faisait l’objet d’une vaccination qui a été supprimée après l'éradication de la maladie. Son utilisation potentielle comme agent de bioterrorisme a été prise en compte dans l'élaboration des recommandations.

Le Haut Conseil de la santé publique a publié un avis daté du 21 décembre 2012 relatif à la révision du plan variole, dans lequel les recommandations vaccinales sont définies en fonction du niveau de menace de variole :

  • Niveau 0 : menace non spécifique.
  • Niveau 1 : menace avérée de variole (en l’absence de tout cas de variole).
  • Niveau 2 : attaque avec cas isolés à l’extérieur du territoire.
  • Niveau 3 : attaque avec cas confirmés isolés ou cas dispersés sur territoire national (ou en proximité géographique du territoire national).
  • Niveau 4 : survenue de nombreux cas simultanément sur le territoire français.

2. Vaccination contre le mpox

Dans le cadre de l’épidémie de Mpox de 2022 (clade II), une stratégie de réponse en matière de prévention, de dépistage, de prise en charge des cas et des contacts ainsi qu’en matière de vaccination avait été mise en place. Cette stratégie est toujours en vigueur et sera adaptée si nécessaire vis-à-vis du mpox clade I.

Suite à l'importation d'un cas de mpox du Nigeria début septembre 2018, les autorités sanitaires du Royaume-Uni ont décidé de recommander la vaccination anti-variolique par le vaccin IMVANEX pour prévenir cette maladie chez les professionnels de santé exposés. Suite à un avis favorable de l'agence européenne des médicaments (EMA), le vaccin IMVANEX a été autorisé le 25 juillet 2022 par la Commission européenne pour la prévention du mpox. Il existe des données montrant une efficacité du vaccin anti-variolique pour prévenir le mpox, cette maladie étant causée par un virus très proche du virus de la variole ; cette indication figure dans le dossier d'autorisation de mise sur le marché (AMM) de ce vaccin aux Etats-Unis, où le vaccin IMVANEX est commercialisé sous le nom de JYNNEOS, et depuis le 25 juillet 2022 dans le dossier d'AMM du vaccin IMVANEX.

Les données montrant l'efficacité clinique des vaccins antivarioliques contre le mpox proviennent d'études de surveillance menées en Afrique centrale dans les années 1980 et, plus tard, lors d'épidémies dans la même région. Ces données sont étayées par un grand nombre d'études animales (principalement chez les primates non humains) avec provocation par virus vivant par diverses voies d'inoculation. Ces études ont uniformément montré un degré élevé de protection et d'immunité contre le MPXV à la suite de la vaccination avec divers vaccins antivarioliques (Lancet Infect Dis. 2022 Dec;22(12):e349-e358.).

L'émergence de cas non importés de mpox dans de nombreux pays depuis mai 2022, particulièrement en Europe, a conduit à publier des recommandations vaccinales spécifiques contre le mpox.

La vaccination contre le Mpox a été intégré au calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales de 2024.

Le 29 août 2024, la Haute autorité de Santé (HAS) a actualisé les recommandations vaccinales émises en 2022 dans le but de prévenir l’émergence du clade Ib du MPXV en France, de réduire voire d’éliminer en France la circulation du clade II, et de renforcer l’immunité à long terme pour se préparer à d’éventuelles flambées épidémiques. 

Le 02 septembre 2024, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a actualisé les mesures de prévention vis-à-vis de l’infection due au virus monkeypox (MPXV) pour les personnes se rendant dans la zone d’épidémie (voyageurs et professionnels de santé dans le cadre de missions humanitaires). Il a en particulier positionné la place de la prévention vaccinale.

2.1. Vaccination préventive des personnes à haut risque non ou incomplètement vaccinées

En France, la HAS a actualisé ses recommandations (avis du 29 août 2024) et recommande la vaccination en pré-exposition des personnes les plus à risque de Mpox, à savoir :

  • les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) rapportant des partenaires multiples ;
  • les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples ;
  • les personnes en situation de prostitution ;
  • les professionnels des lieux de rencontre sexuelle, quel que soit le statut de ces lieux ;
  • les femmes partenaires occasionnelles ou partageant le même lieu de vie que des personnes à très haut risque d’exposition susmentionnées.

Par contre, pour les personnes qui ont déjà été infectées par le virus, l’immunité naturelle donnée par l’infection rend inutile leur vaccination. De même, si l’infection est survenue après l’administration de la première dose, l’administration d’une deuxième dose n’est pas nécessaire.

2.2. Vaccination post-exposition des personnes en contact avec des cas identifiés (vaccination « réactive »)

En France, la Haute Autorité de santé recommande la vaccination des adultes qui ont eu un contact à risque avec un malade atteint de monkeypox (vaccination en post-exposition, avis HAS n° 2022.0034/SESPEV du 20 mai 2022).

En France, la Haute Autorité de santé recommande la vaccination des adultes :

  • ayant eu un contact à risque direct ou indirect avec un malade atteint de Mpox :
    • contact direct non protégé sans notion de durée avec la peau lésée ou les fluides biologiques d’un cas probable ou confirmé symptomatique, notamment rapport sexuel (avec ou sans préservatif), actes de soin médical, paramédical ou de toilette ; OU
    • contact physique indirect par le partage d’ustensiles de toilette ou de cuisine, ou des textile (vêtements, linge de bain, literie) utilisés par le cas probable ou confirmé symptomatique ;
  • immunodéprimés ayant eu un contact étroit avec une personne-contact à risque.

Cette vaccination réactive doit idéalement être administrée dans les 4 jours suivant le premier contact à risque pour avoir une efficacité optimale, et au plus tard dans les 14 jours avec un schéma à deux doses (ou trois doses chez les personnes immunodéprimées), espacées de 28 jours.

Cependant, si le premier contact à risque remonte à plus de 14 jours et qu’il existe des dates ultérieures de contact à risque rapportées, la vaccination peut être proposée dans les délais impartis à partir de la date de dernier contact.

2.3. Vaccination des personnes primo-vaccinées il y a deux ans (2022)

La HAS recommande chez elles l’administration d’une dose unique de rappel.

Les recommandations professionnelles

Vaccination des professionnels en contact à risque avec un malade atteint de mpox.

La Haute Autorité de santé ne recommande pas, à ce stade, la vaccination systématique en préexposition des professionnels à très haut risque d’exposition professionnelle au mpox (notamment les professionnels des laboratoires et des centres de référence travaillant sur du matériel à orthopoxvirus, ou les professionnels de santé amenés à prendre en charge un nombre importants de patients potentiellement infectés). Ces professionnels sont en effet considérés comme étant à très faible risque étant donné que les mesures d’hygiène habituelles et le port d’équipement de protection individuelle permettent de se prémunir d’une infection. Cependant, une vaccination en préexposition pourra être envisagée, au cas par cas, notamment en raison de leur exposition au virus, de facteurs de risques individuels de formes graves ou à leur demande.

Les recommandations pour les voyageurs

Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a actualisé les mesures de prévention vis-à-vis de l’infection due au virus monkeypox (MPXV) pour les personnes se rendant dans la zone d’épidémie (voyageurs et professionnels de santé dans le cadre de missions humanitaires). Il a en particulier positionné la place de la prévention vaccinale.

AVANT LE DÉPART

  1. Le HCSP rappelle l’importance d’informer les voyageurs se rendant dans des zones où circule le MPXV :
  • des modes de transmissions du virus,
  • des risques d’exposition,
  • de l’importance de respecter les mesures d’hygiène standard et les mesures barrières au cours du voyage,
  • sur la conduite à tenir en cas d’apparition de symptômes après le retour.

2. Le HCSP recommande de déconseiller le voyage en zone de circulation du MPXV :

  • aux immunodéprimés, du fait d’un risque majoré de forme grave et de décès ;
  • aux femmes enceintes ou allaitantes du fait : 
    • du risque de transmission materno-fœtale et périnatale, et de possibles formes graves chez le nouveau-né ;
    • que la vaccination doit être évitée dans la mesure du possible dans cette population dans l’attente de plus de données de sécurité (pas d'AMM) ;
  • aux enfants (jusqu’à 17 ans révolus) qui sont à risque de formes sévères et chez qui la vaccination doit également être évitée dans l’attente de plus de données de sécurité (pas d'AMM).

3. Le HCSP recommande la vaccination préventive contre les orthopoxviroses

a. Conditions d’éligibilité ?

Quel que soit le lieu de séjour : Le HCSP recommande de proposer la vaccination à tous les voyageurs ayant des pratiques sexuelles à risque telles que définies dans les avis antérieurs (personnes à haut risque indépendamment de leur destination : les hommes qui ont des rapports sexuels avec d'autres hommes (HSH) ayant des partenaires sexuels multiples, les personnes trans ayant des partenaires sexuels multiples, personnes en situation de prostitution/travailleuses du sexe, les professionnels des lieux de consommation sexuelle et les partenaires occasionnels ou les personnes partageant le même lieu de vie que les personnes à très haut risque d’exposition au virus)

En cas de séjour dans une zone de circulation active du clade Ia ou Ib, en particulier la République démocratique du Congo et les pays limitrophes de la région des grands lacs, le HCSP recommande de proposer la vaccination aux populations suivantes :

  • Aux professionnels de santé, y compris les personnels de laboratoire, à risque d’exposition.
  • Aux autres travailleurs humanitaires à risque d’exposition partant en mission dans ces zones.
  • Aux personnes originaires des zones de circulation active du virus MPXV de clade I (a et/ou b), résidentes en France et retournant au pays pour rendre visite à leur famille ou leurs connaissances (VFR). La décision de vacciner tiendra compte de la destination, de l’intensité de la circulation du MPXV sur le lieu de séjour, du niveau de proximité avec la population locale, de la durée du séjour, de la notion de cas dans l’entourage immédiat et du niveau attendu d’application des mesures barrières (littératie en santé, conditions de logement, etc.).
  • Aux voyageurs immunodéprimés qui décideraient de maintenir leur voyage et susceptibles d’être exposés au risque.

Tous les autres voyageurs, même en cas de séjour dans une zone de circulation du mpox, sont considérés comme étant à faible risque de mpox dans le contexte actuel, et la vaccination contre le mpox ne leur est pas recommandée. Toutefois, le HCSP recommande d’autoriser la vaccination des personnes souhaitant être vaccinées en cas de séjour en zone d’enzootie et d’exposition à la faune sauvage dans les zones de circulation active du MPXV.

b. Comment identifier les zones de circulation des différents clades de mpox ?

Le HCSP recommande que soit élaborée et actualisée une liste des pays et des zones de circulation active du MPXV. Dans l’attente, les sites actualisés de l’OMS et de l’Africa CDC peuvent être utilisés à cette fin.

c. Quel vaccin ? 

Le vaccin antivariolique de troisième génération MVA-BN commercialisé sous le nom IMVANEX en Europe et JYNNEOS aux États-Unis sont les vaccins recommandés. Ces vaccins sont interchangeables.

d. Où vacciner ? 

Actuellement, la vaccination de fait dans des centres de vaccination contre MPXV dont les coordonnées sont disponibles ici. LE HCSP recommande de mettre à disposition le vaccin contre le MPXV dans les centres de vaccinations internationales et de conseils aux voyageurs.

e. Règles d’administration ?

  • Ne pas administrer la deuxième dose dans un délai inférieur à 28 jours.
  • Éviter dans la mesure du possible de co-administrer d’autres vaccins durant le schéma vaccinal et respecter un délai de 28 jours avant ou après un autre vaccin vivant atténué. 
  • Cependant, en cas de départ imminent :
    • il est possible de réaliser les autres vaccinations du voyageur à n’importe quel intervalle par rapport à la vaccination contre le MPXV ;
    • le HCSP recommande de ne pas s’interdire de vacciner si le délai avant le départ ne permet pas de réaliser la deuxième dose de vaccin contre le MPXV.

AU COURS DU SÉJOUR, POUR TOUS LES VOYAGEURS

  • Respecter les mesures barrières et les mesures d’hygiène.

  • Éviter d’avoir des relations sexuelles avec des partenaires occasionnels dans les zones de circulation active du virus.

  • Pour les professionnels de santé : 

    • Respecter les mesures de prévention en milieu de soins (précautions standards pour tous les soins, avec des précautions complémentaire contact et air pour la prise en charge des cas suspects ou avérés).
    • Pour les cas confirmés ou suspects, éviter les activités susceptibles de remettre en suspension les matières séchées de lésions, de placer le patient en isolement jusqu’à la chute des croûtes et la réepidermisation, utiliser des équipements de protection individuelle (EPI) adaptés aux précautions air et contact, et utiliser des procédures de désinfection avec un désinfectant virucide à la norme EN14476 (annexe 3 de l'avis du HCSP) et gérer les déchets via une filière DASRI (déchets d'activités de soins à risques infectieux).
  • En cas de contact à risque, de s’isoler, de prendre un avis médical et de surveiller l’apparition des symptômes compatibles avec le mpox pendant les 21 jours suivant le contact à risque.

AU RETOUR

  • En cas de contact à risque dans les 21 jours qui précédent le retour, s’isoler, et prendre un avis médical immédiat.
  • Surveiller l’apparition de symptômes dans les 21 jours suivant le retour.
  • En cas d’apparition de symptômes compatibles avec le mpox (fièvre, éruption cutanée avec vésicules) dans les 21 jours suivant le retour :
    • appeler le 15 en précisant le retour d’un pays à risque ;
    • s’isoler immédiatement en attendant l’avis médical et éviter les contacts avec d’autres personnes ;
    • s’abstenir de rapports sexuels dans l’attente de la confirmation diagnostique.

Le schéma vaccinal

IMVANEX ou JYNNEOS (vaccin MVA-BN) : deux doses à 28 jours d'intervalle et au maximum de 35 jours pour les personnes âgées de 18 ans et plus. Les deux vaccins disponibles sont interchangeables.

Chez le voyageur, en cas de départ imminent, le HCSP recommande de ne pas s’interdire de vacciner si le délai avant le départ ne permet pas de réaliser la deuxième dose de vaccin contre le MPXV.

Pour les personnes immunodéprimées , une troisième dose au moins 28 jours après la deuxième dose est recommandée (vaccin vivant atténué non replicatif. Il peut de ce fait être utilisé chez les personnes immunodéprimés). Une vaccination antérieure par un autre vaccin contre la variole ne modifie pas cette recommandation.

Chez les enfants et les adolescents , la sécurité et l’efficacité des vaccins IMVANEX ou JYNNEOS ne sont pas été établies. Pour les mineurs identifiés comme contact à risque, la vaccination est évaluée au cas par cas par les seuls spécialistes, après une évaluation stricte des bénéfices et des risques pour le mineur concerné, dans le cadre d’une décision médicale partagée, et dans les conditions fixées aux articles L.1111-2 et suivants du code de la santé publique, concernant l’information et le consentement des mineurs et des titulaires de l'autorité parentale.

Les données étant encore limitées chez les femmes enceintes ou allaitantes , par mesure de précaution, il est préférable d’éviter la vaccination contre le mpox au cours de la grossesse et de l’allaitement, sauf s’il est estimé que le bénéfice individuel est supérieur au risque. Les études n’ont pas révélé d’impact sur la fertilité.

Les personnes qui ont reçu l'ancien vaccin contre la variole (utilisé jusqu'en 1980) n'ont besoin que d'une seule dose du nouveau vaccin MVA-BN, ou deux en cas d'immunodépression.

Vaccination et antécédent de mpox : compte tenu de l’immunité naturelle conférée par l’infection, il n’y a pas d’indication à vacciner les personnes infectées ni à faire une deuxième dose de vaccin (troisième dose pour les sujets immunodéprimés) chez les personnes ayant contracté l’infection après une première dose (ou deuxième dose chez les sujets immunodéprimés).

Administration simultanée avec d’autres vaccins : les vaccins contre le mpox peuvent être administrés en même temps que les autres vaccins du calendrier vaccinal, y compris les vaccins Covid-19. Si l’administration n’a pas été simultanée, aucun délai n’est à respecter entre ce vaccin et tout autre vaccin du calendrier vaccinal, à l’exception des autres vaccins vivants atténués viraux (ROR, varicelle, zona, fièvre jaune) pour lesquels un intervalle d’au moins 4 semaines doit être ménagé.

L’administration simultanée d’IMVANEX ou JYNNEOS et d’immunoglobulines n’a pas été étudiée et doit être évitée.

Chez le voyageur, en cas de départ imminent, il est possible de réaliser les autres vaccinations du voyageur à n’importe quel intervalle par rapport à la vaccination contre le MPXV.

Le tableau ci-dessous résume les différents schémas de vaccination à effectuer chez les personnes éligibles à la vaccination en fonction des antécédents d’infection et de vaccination

a Vaccin antivariolique reçu avant 1980
* La dose de rappel doit être administrée à distance de la primovaccination et idéalement deux ans ou plus après la dernière dose. Les personnes éligibles à une dose de rappel ayant été primovaccinées en 2022 peuvent donc être revaccinées.

Voie d’administration

Dans le cas d’approvisionnement limité en vaccins, la HAS estime que la voie intradermique (ID) à la dose de 0,1 ml (contre 0,5 ml pour la voie sous-cutanée) peut être envisagée comme une alternative possible chez les adultes. La HAS recommande d’utiliser la voie ID préférentiellement en deuxième dose chez les personnes ayant reçu une première dose par voie sous-cutanée (SC) et n’ayant pas ou peu présenté de réaction au site d’injection. Elle précise que les deux voies d’administration sont interchangeables pour finir le schéma de vaccination.

Pour les personnes immunodéprimées, les femmes enceintes, les enfants et les personnes avec antécédents de cicatrice chéloïde, seule la voie SC est recommandée.

Remarque : Actuellement, la vaccination de fait dans des centres de vaccination contre MPXV dont les coordonnées sont disponibles ici. Le HCSP recommande de mettre à disposition le vaccin contre le MPXV dans les centres de vaccinations internationales et de conseils aux voyageurs.

Les données épidémiologiques

Mise à jour en août 2024 : après la diffusion mondiale du virus Mpox de clade IIb, émergence en Afrique d'un nouveau virus Mpox de clade I.

1. Données épidémiologiques du mpox

Le mpox a été découvert pour la première fois chez des singes macaques (Macaca fascicularis) lors d'une épidémie non mortelle dans une animalerie de Copenhague.

1.1.    Avant 2022 : le Mpox, une maladie quasiment limitée aux zones d’endémicité

En 1970, le premier cas humain de Mpox a été diagnostiqué chez un enfant de 9 ans de la province de l'Équateur en République Démocratique du Congo, dans le cadre de la campagne mondiale visant à éradiquer la variole, 9 ans en province de l'Équateur.

De 1970 à 1996, des cas de Mpox ont été observés en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest, en RDC, au Nigéria, en Côte d'Ivoire, au Liberia, en Sierra Leone, en République centrafricaine, au Gabon, principalement dans des zones rurales et forestières

En 1996, la première épidémie de Mpox a été rapportée en RDC avec 500 cas au total et quelques dizaines de décès avec une forte proportion de cas secondaires par transmission interhumaine directe.

En 2003 ont été rapportés les premiers cas de Mpox en dehors d’Afrique, aux Etats-Unis. Plusieurs dizaines de personnes ont été infectées par un MPXV de clade II à partir de chiens de prairies domestiques eux-mêmes infectés en animalerie par des rongeurs africains importés du Ghana (rat géant de Gambie, loir africain, écureuil arboricole) porteurs du MPXV.

En 2005, l'aire géographique du Mpox s'est étendue en Afrique de l’Est, au sud du Soudan.

Depuis 2016, des épidémies ont été notifiées en RCA, au Cameroun, en RDC, au Liberia, au Nigéria, en République du Congo, en Sierre Leone. Le nombre annuel de cas en Afrique augmente depuis 2014 et, cumulativement, dépasse le nombre de cas notifiés au cours des 40 dernières années dans la plupart des pays, mais jusqu’en 2017, les cas se produisaient presque exclusivement dans des zones rurales forestières, élément en faveur d’une contamination ayant pour origine le réservoir animal. 

  • En 2017, une épidémie de MPXV de clade II a touché le Nigeria avec 132 cas confirmés ou probables dont 7 décès (5,3%) enregistrés entre septembre 2017 et décembre 2018. Par la suite le pays a continué de signaler des cas de Mpox, la plupart d’entre eux dans les États les plus méridionaux, y compris en milieu urbain. Les malades présentaient un tableau clinique particulier, avec des lésions initiales sur les organes génitaux, ainsi que l’absence de prodrome fébrile. Cette épidémie concernait surtout les adultes (84% des cas) citadins/semi-urbains (88%) et en majorité de sexe masculins (68,7 %) ; 7,4 % des hommes déclaraient être homosexuels et 1,8 % des femmes des travailleuses du sexe. Les facteurs de risque significatifs chez les adultes étaient les contacts sexuels et non sexuels avec des personnes atteintes de Mpox, ainsi que les comportements sexuels à risque. Pour les enfants, les facteurs de risque étaient un contact étroit avec une personne mpox-positive et une exposition antérieure à des animaux.

Entre 2018 et 2021 plusieurs cas humain de Mpox ont été rapportés hors zone d'endémie chez des personne ayant séjourné au Nigeria :

  • 2018 : un cas en Angleterre à l’origine d’un cas secondaire de transmission nosocomiale, et un cas en Israël ;
  • 2019 : deux cas importés respectivement en Angleterre et à Singapour ;
  • 2021 : un cas importé au Texas et en Angleterre, 3 cas au sein d’une même famille avec une avec transmission intrafamiliale documentée.

1.2. Mpox en dehors de l'Afrique : épidémie de 2022-2024

L’année 2022 a vu l'émergence mondiale du clade IIb du MPXV, dont l'incidence reste plus faible en Afrique que sur les autres continents. C'est la première fois que de nombreux cas et cas groupés de mpox sont signalés simultanément dans des pays endémiques et non endémiques, dans des zones géographiques très disparates.

Depuis le 1er janvier 2022, des cas de Mpox ont été notifiés à l'OMS par 116 États membres dans les 6 régions de l'OMS. Au 30 juin 2024, un total de 99 176 cas confirmés en laboratoire et 535 cas probables, dont 208 décès, ont été signalés à l'OMS. Les 10 pays les plus atteints par cette épidémie au niveau mondial depuis le 1er janvier 2022 sont les suivants : États-Unis (n = 33 191), Brésil (n = 11 212), Espagne (n = 8 084), France (n = 4 272), Colombie (n = 4 249), Mexique (n = 4 124), Royaume-Uni (n = 3 952), Pérou (n = 3 875), Allemagne (n = 3 857) et République démocratique du Congo (n = 2 999). Ensemble, ces pays représentent 80,5 % des cas signalés dans le monde.

Depuis le début de l'épidémie de mpox en France en mai 2022, un total de 5 002 cas ont été recensés jusqu'à la fin avril 2023. Parmi ces cas, 4 975 ont été déclarés en 2022, et 48 cas supplémentaires ont été signalés en 2023 jusqu'à la mi-décembre. Aucun décès n'a été rapporté en France en lien avec cette épidémie. La majorité des cas concernaient des hommes, principalement des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH)​. Le nombre de cas de Mpox signalés tous les mois en France depuis le début de l’année 2024 a nettement diminué par rapport au nombre de cas signalés en 2022, cependant le virus continue à circuler à bas bruit. Du 1er janvier au 30 juin 2024, 107 cas de mMpox ont été signalés à Santé publique France via la déclaration obligatoire (DO) des orthopoxviroses : 14 au mois de janvier, 13 en février, 12 en mars, 21 en avril, 26 en mai et 21 en juin.

1.3. Mpox en Afrique : émergence en 2024

Depuis fin 2022, alors que l’incidence se stabilisait à un niveau bas en Europe, la situation a fortement évolué sur le continent africain. 

 Les épidémies de Mpox sont de fréquence croissante en Afrique depuis début 2023, le total 2024 étant d’ores et déjà supérieur au total 2023. Du 1er janvier au 28 juillet 2024, l’African CDC rapportait 14 250 cas de Mpox en Afrique (dont 2 745 confirmés biologiquement) et 456 décès. 

Le principal foyer de transmission identifié se situe en République Démocratique du Congo (RDC), totalisant 96,3 % des cas. Un certain nombre de cas sont liés à un nouveau variant du clade I (clade Ib), découvert mi-septembre 2023 dans l’Est de la RDC (zone frontalière avec le Rwanda, Burundi et la Tanzanie), avec une transmission majoritairement sexuelle. La situation sécuritaire dans cette zone est marquée par une grande violence et la présence de groupes armés, ainsi que le déploiement de plusieurs armées étrangères. La visite de cette zone est formellement déconseillée par le Ministère de l'Europe et des Affaires Etrangères, limitant de fait le risque de cas importés en France. Les observations actuelles de l’épidémie de clade I en Afrique centrale font apparaître une létalité et une virulence supérieures à l’épidémie de clade II qui est survenue en Europe en 2022.

Le reste des cas ont été déclarés dans d’autres pays, dont le Cameroun (clades I et II), la République du Congo (clade I) et l’Afrique du Sud (clade IIb). Au cours de l'été 2024, de nouveaux pays ont déclaré leurs premiers cas de mpox comme l’Ouganda (2 cas importés), le Burundi (8 cas), le Rwanda (2 cas), le Kenya (1 cas) et la Côte d’Ivoire (4 cas).

Le 16 août 2024, l’ECDC, qui collabore étroitement avec l’African CDC, a évalué le risque d’émergence du nouveau variant Ib comme faible pour les pays de l’Union Européenne (UE) et de l’Espace Economique Européen (EEE).

Ces épidémies ont justifié la déclaration par l'OMS d'une urgence de santé publique de portée internationale.

1.3. Quel risque de diffusion du clade I du MPXV dans les pays européens ?

Aujourd’hui, en France, aucune contamination par le clade I n’a encore été recensée. Comme noté ci-dessus, depuis l’épidémie de 2022, c’est le virus du clade II qui circule à bas bruit. A ce jour, les cas signalés sont majoritairement bénins et aucun décès n’a été signalé. Pour toute demande d’information, le dispositif téléphonique « Monkeypox info service », mis en place en 2022 par les autorités sanitaires, est toujours accessible afin de répondre aux questions suscitées par le mpox. Ouvert tous les jours de 8h à 23h, un numéro vert (0 801 90 80 69) permet d’informer sur les symptômes, les traitements, les mesures de prévention et la vaccination, et d’orienter vers les dispositifs de prise en charge.

Le risque global d'infection par le clade I du MPXV pour la population générale de l'UE/EEE est actuellement considéré par l’ECDC comme faible, sur la base d'une probabilité très faible et d'un impact faible (voir l’analyse de l’ECDC ici). La probabilité d'infection par le clade I du MPXV pour les contacts étroits de cas importés possibles ou confirmés est en revanche élevée, mais la gravité de la maladie devrait être faible. Cependant, dans ce même groupe, la gravité de la maladie est considérée comme modérée chez les personnes souffrant de maladies sous-jacentes, en particulier les personnes immunodéprimées. Globalement, le risque pour ces populations est respectivement modéré et élevé.

Enfin, la probabilité d'infection pour les personnes ayant de multiples partenaires sexuels qui n'étaient pas auparavant infectées par le clade IIb du MPXV ou qui n'étaient pas vaccinées lors de l'épidémie de 2022 est considérée comme modérée. Cette évaluation est basée sur la difficulté de contrôler la propagation de l'infection lors de l'épidémie de clade II en 2022/23 dans ce groupe à risque. Bien que la gravité de la maladie soit dans la plupart des cas faible, les personnes immunodéprimées et celles atteintes d'une infection par le VIH non traitée pourraient présenter une gravité clinique modérée. Globalement, le risque pour ces populations est modéré.

Depuis début mai 2022, des cas de mpox ont été signalés dans des pays où la maladie n'est pas endémique, et continuent d'être signalés dans plusieurs pays endémiques. La plupart des cas confirmés ayant des antécédents de voyage ont signalé avoir voyagé dans des pays d'Europe et d'Amérique du Nord, plutôt qu'en Afrique occidentale ou centrale, où le virus MPXV est endémique. 

La plupart des cas signalés jusqu'à présent ont été identifiés par le biais des services de santé sexuelle ou d'autres services de santé dans des établissements de soins de santé primaires ou secondaires et concernent principalement, mais pas exclusivement, des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.

2. Efficacité vaccinale : données de terrain

Royaume-Uni

En Angleterre, les données relatives à la prise en charge de la vaccination entre le 4 juillet et le 3 novembre 2022 ont été examinés afin d'estimer l'efficacité du vaccin au sein de la cohorte éligible des homosexuels, des bisexuels et des HSH, la couverture vaccinale parmi les cas étant comparée à celle de la population éligible plus large.

Sur les 363 cas de monkeypox sur cette période, 8 avaient été vaccinés au moins 14 jours auparavant et 32 avaient été vaccinés entre 0 et 13 jours auparavant. Les autres (323) n'ont pas été vaccinés pendant cette épidémie. Cela donne une estimation de l'efficacité du vaccin pour une dose unique de 78 % 14 jours ou plus après la vaccination.

États-Unis

Pour examiner l'incidence du mpox chez les personnes non vaccinées et celles qui avaient reçu au moins dose du vaccin Jynneos, 5 402 cas de mpox signalés survenus chez des hommes âgés de 18 à 49 ans entre le 31 juillet et le 3 septembre 2022 ont été analysés en fonction du statut vaccinal. L'incidence moyenne du mpox (cas pour 100 000) chez les personnes non vaccinées était 14,3 (IC 95 % = 5,0-41,0) fois plus élevée que chez les personnes ayant reçu 1 dose de vaccin Jynneos 14 jours ou plus auparavant. [Payne AB. et al. MMWR. 2022. 71(40)]

Une seconde étude a comparé les caractéristiques démographiques et cliniques des cas de mpox survenus 14 jours ou plus après l’administration d'une dose de vaccin Jynneosaux caractéristiques des cas parmi les personnes non vaccinées. Du 22 mai au 3 septembre 2022, sur 14 504 cas de variole étudiés, 6 605 (45,5 %) disposaient d'informations sur la vaccination et ont été et ont été inclus dans l'analyse. Parmi les cas inclus, 276 (4,2 %) étaient parmi les personnes qui avaient reçu une dose de vaccin 14 jours ou plus avant le début de la maladie. Les cas de variole survenus chez ces personnes vaccinées ont été associés à un pourcentage plus faible d'hospitalisation (2,1 % contre 7,5 %), de fièvre, de céphalées, de malaises, de myalgies et de frissons, par rapport aux cas survenus chez des personnes non vaccinées.[Farrar J.L. et al. MMWR. 2022. 71(51-52)].

3. Sécurité des vaccins : données de terrain

Les données de surveillance relative à l’utilisation des vaccins dans le cadre de la lutte contre l’épidémie qui a débuté en mai 2022 sont rassurantes et en accord avec les études préalables à l'homologation.

Australie

Au 12 décembre, un total de 10 143 doses du vaccin Jynneosa été administré (6 567 par voie intradermique dont 2001 doses de rappel et 3 576 doses par voie sous-cutanée dont 710 doses de rappel) à une population masculine à 97 %, l’âge allant de moins de 1 an à 108 ans.

Les effets indésirables signalés sont sans gravité et leur fréquence diminue avec la seconde dose de vaccin (au moins un effet indésirable a été signalé après administration intradermique dans 54 % de cas après D1 et 40 % des cas après D2 ; après administration sous-cutanée, ces proportions sont respectivement de 47 % et 34 %).

L'effet indésirable le plus fréquemment cité est une réaction locale qui est plus fréquente après injection intradermique (53 % après D1, 39 % après D2) qu’après injection sous-cutanée (44 % après D1, 32 % après D2). Pour les trois autres effets indésirables les plus fréquents il n’est pas noté de différence en fonction du mode d’administration : fatigue (17 % après D1, 14 % après D2), céphalées (9 à 10 % après D1, 6 à 7 % après D2), myalgies/arthralgies (8-10 % après D1, 6 % après D2).

Moins d'une personne sur 100 a déclaré avoir consulté un médecin ou s'être rendue aux urgences dans les jours qui ont suivi l'administration du vaccin.

Etats-Unis

Du 22 mai au 21 octobre 2022, 987 294 doses de vaccin Jynneosont été administrées dont 652 641 (66 %) premières doses et 334 568 (34 %) secondes doses ; 51 % des doses ont été administrées par voie ID, 34 % par voie sous-cutanée et les 15 % restants par une voie inconnue ou autre. Dans l'ensemble, 90 % des personnes vaccinées étaient des hommes. Le vaccin Jynneosa été administré à 1 003 personnes âgées de moins de 18 ans.

Le système de surveillance déclaratif a reçu 1 350 notifications concernant le vaccin Jynneos. La plupart des rapports concernaient des hommes (84 %), l’administration de la première dose (D1) (63 %), et l’administration par voie intradermique (54 %) ou sous-cutanée (25 %) :

  • 638 effets indésirables (47 %) documentaient une erreur d'administration du vaccin, sans retentissement sur la santé dans 98 % des cas. Le taux déclaré d'erreur d'administration était de 818/106 doses intradermiques et de 314/106 doses sous-cutanées. L'erreur de vaccination la plus courante signalée pour l'administration intradermique était l'absence de papule lors de la première tentative d'injection (54 % des rapports d'erreur).
  • 685 effets indésirables (51 %) ont fait état d'un retentissement sur la santé sans différence de fréquence selon le mode d’administration. Les types d'effets indésirables les plus courants signalés différaient selon la voie d'administration.
  • 14 rapports (1 %) ont été classés comme graves.

Les effets indésirables graves étaient les suivants :

  • Deux décès chez des hommes de 37 et 58 ans ont été signalés dans les 2 jours suivant la vaccination. Dans un cas, la noyade était la cause du décès. Le certificat de décès est en attente pour l'autre cas.
  • Neuf rapports ont été classés comme graves en raison d'une hospitalisation pour les événements suivants : myocardite (deux) (Le taux de déclaration de myocardite était de 1,53/106 doses dans les 30 jours après D1 et de 2,99/106 doses après D2), péricardite (deux), appendicite (un), méningite aseptique (un), fibrillation auriculaire (un), purpura thrombocytopénique idiopathique (un) et méthémoglobinémie (un).
  • Trois déclarations d'anaphylaxie dans les 24 heures suivant la vaccination ont été reçues (taux de déclaration global = 3,04 ; IC à 95 % = 0,63-8,88 cas par million de doses administrées).

Au 21 octobre 2022, la recherche active d'effets indésirables a porté sur un total de 43 253 doses de vaccin Jynneos, ce qui représente environ 4,3 % de toutes les doses administrées au niveau national. Parmi les 25 659 hommes et les 1 953 femmes ayant reçu D1, 58 % et 37 %, respectivement, ont également reçu D2. Un cas de myocardite a été identifié après chaque dose chez des hommes. L'incidence chez les hommes était de de 39/106 doses (IC 95 % = 0,1-217,1) après D1 et de 67 (IC 95 % = 1,7-374,4) après la dose 2.

Parmi les 65 personnes de moins de 18 ans (âge entre 4 mois et 17 ans) ayant reçu au moins une dose de vaccin, des effets indésirables ont été signalés dans respectivement 18 % des cas après D1 et 21 % après D2. Aucun événement indésirable grave n'a été signalé.

Concernant les cas de myocardite, il est conclu que les données actuelles ne suggèrent pas une augmentation du risque de myocardite après la réception de Jynneos, mais la possibilité d'un faible risque ne peut être exclue.

France

Au 28 novembre 2022, le nombre total de doses administrées est de 138 383. Au 1er septembre 2022, 15 déclarations d’événements indésirables rapportés après une vaccination ont été analysées par les Centres Régionaux de PharmacoVigilance (CRPV). Ces événements sont majoritairement non graves et font partie des effets indésirables connus (réactions locales au site de vaccination et syndromes pseudogrippaux).

Références

Vaccins contre cette maladie