L'OMS convoque un comité d'urgence pour évaluer la propagation du mpox en Afrique

medecinedesvoyages.net

Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (DG-OMS) a annoncé le 7 août qu'il allait convoquer un comité d'urgence pour évaluer la menace que représente la situation complexe du virus mpox en Afrique. Le groupe d'experts se réunira dès que possible. 

Les comités d'urgence formulent généralement des recommandations et évaluent si la situation justifie une « urgence de santé publique de portée internationale » (PHEIC), c’est-à-dire un événement extraordinaire dont il est déterminé qu’il constitue un risque pour la santé publique dans d’autres États en raison du risque de propagation internationale de maladies et qu’il peut requérir une action internationale coordonnée. Cette qualification est la plus haute alerte que l'organisation peut déclencher.

Le directeur général de l'OMS, déclaré avoir pris cette décision en raison de la propagation d'un nouveau clade du mpox en dehors de la RDC et du risque de propagation à d'autres pays d'Afrique et au reste du monde.

La RDC connaît une grave épidémie depuis 2022, avec plus de 14 000 cas signalés cette année, dont 511 mortels, selon l'OMS. La flambée dans l'est de la RDC, initialement centrée sur les provinces du Sud-Kivu et maintenant du Nord-Kivu, est due à un nouveau virus de clade 1b dont on pense qu'il provoque une maladie plus grave que les autres clades.

Quatre pays voisins qui n'avaient pas encore signalé de cas de variole ont récemment fait état de 50 cas confirmés, ainsi que d'autres cas suspects. Le virus du clade 1b a été confirmé au Kenya, au Rwanda et en Ouganda, et le clade du Burundi fait toujours l'objet d'une enquête.

Parallèlement, le virus mpox de clade 1a - endémique dans certains pays africains - alimente des flambées dans d'autres régions de la RDC, ainsi qu'en République centrafricaine et en République du Congo. 

La souche mondiale du clade 2 a déclenché des épidémies au Cameroun, en Côte d'Ivoire, au Liberia, au Nigeria et en Afrique du Sud. Le clade 2 est la souche à l'origine de l'épidémie mondiale qui a débuté en 2022.

Des questions sur la transmissibilité et la gravité

"La maladie a été enregistrée dans les camps de déplacés autour de Goma, au nord-est de la RDC, où l'extrême densité de la population rend la situation très critique. Les risques d'explosion sont réels vu les énormes mouvements de population. Les risques d’explosion sont réels vu les énormes mouvements de population dans et en dehors de la RDC." précise le coordinateur médical de Médecins sans frontières (MSF) en RDC, Louis Albert Massing

Rosamund Lewis, MSc, responsable technique de l'OMS pour le mpox, a déclaré que les scientifiques sont encore en train d'évaluer si le nouveau clade est plus transmissible et plus grave, mais elle a indiqué qu'il semble se transmettre efficacement par contact sexuel, en particulier par l'intermédiaire de réseaux sexuels interconnectés qui peuvent favoriser une propagation rapide, et qu'il a été associé à des infections graves et à des décès. Elle a ajouté que les contacts domestiques, les fomites (supports inertes) et la propagation par voie respiratoire pouvaient contribuer à la propagation du virus.

La plupart des patients touchés sont des adultes, mais les enfants sont plus vulnérables, a déclaré Mme Lewis, ajoutant que la gravité dépend du contexte de circulation.

Le taux de létalité global en RDC est de 3,6 %, avec des taux plus élevés dans les zones endémiques des provinces du centre, de l'ouest et du nord du pays et des taux plus faibles dans la partie orientale du pays. Les taux de mortalité sont les plus élevés chez les enfants, qui contractent le virus par contact domestique, et les plus faibles chez les adultes, qui contractent le virus par transmission sexuelle. Selon Mme Lewis, la proportion d'infections chez les travailleurs du sexe a quelque peu diminué à mesure que le virus se propage dans la communauté, chez les étudiants, les hommes d'affaires et les voyageurs.

Un financement indispensable

Le DG-OMS a indiqué que l'OMS a déjà élaboré un plan de réponse régional qui nécessitera 15 millions de dollars et qu'elle a libéré un premier million de dollars de son fonds d'urgence. Il a indiqué qu'il avait entamé le processus d'inscription sur la liste des utilisations d'urgence de deux vaccins contre la variole déjà approuvés par certains pays de la région et déjà recommandés par le groupe consultatif de l'OMS sur les vaccins. Les Etats-Unis ont annoncé mercredi une aide de 10 millions de dollars pour la RDC, destinée à "l'assistance sanitaire" pour répondre à l'épidémie actuelle.

Source : Center for Infectious Disease Research and Policy - University of Minnesota, Médecin sans frontières (MSF), Franceinfo

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