Pour la première fois depuis juillet 2020, douze cas de paludisme acquis localement ont été enregistrés à Mayotte
De janvier à juillet 2025, 66 cas de paludisme ont été enregistrés à Mayotte, soit plus de la moitié des cas recensés sur l’ensemble de l’année 2024 (119 cas)(Figure 1). Parmi les 66 cas rapportés en 2025, 54 sont des cas importés, 12 ont été acquis localement. Il s’agit des premiers cas acquis localement identifiés sur le territoire de Mayotte depuis juillet 2020.
Les investigations menées autour du premier cas acquis localement, signalé début février, n’ont pas permis de retrouver de notion de voyage déclaré pour ce cas ni de lien évident avec un cas importé. A ce jour, les investigations autour de ce cas sont en cours pour déterminer l’origine de la contamination. S’agissant de ce premier cas acquis localement observé sur le territoire depuis plus de 4 ans, il ne peut s’agir que d’un cas introduit.
Le deuxième cas de paludisme acquis localement a été déclaré en juin 2025. Les investigations menées autour de ce cas n’ont, à ce jour, pas permis d’établir de lien épidémiologique avec un cas importé. Aucune notion de voyage n’a été rapportée et aucun cas suspect n’a été identifié dans l’entourage du patient. Par ailleurs, les investigations entomologiques n’ont pas permis d’identifier de gîte larvaire d’anophèles dans un rayon de 500 mètres autour du domicile. Les pièges posés n’ont pas mis en évidence la présence de moustiques anophèles adultes à proximité. Des investigations complémentaires sont en cours pour déterminer le lieu potentiel de contamination, qui pourrait différer du domicile du cas.
Les dix autres cas de paludisme acquis localement ont tous été signalés au cours de la deuxième quinzaine de juillet, dont huit dans le sud de l’île , notamment à Bandrélé (7 cas) et à Chirongui (1 cas), et deux dans le nord, dans la commune de Koungou. Les investigations menées autour des cas de Bandrélé ont mis en évidence la présence de gîtes larvaires d’anophèles, mais aucun lien épidémiologique avec des cas importés n’a pu être établi. Les recherches se poursuivent pour déterminer s’il s’agit de cas introduits ou indigènes. Concernant les cas signalés à Chirongui et à Koungou, aucun lien avec les cas de Bandrélé n’a été identifié à ce jour. Le lieu de contamination reste inconnu, aucun gîte larvaire n’ayant été détecté à proximité des domiciles concernés. Tous ces cas sont toujours en cours d’investigation.
Plasmodium falciparum est l’espèce prédominante représentant la totalité des cas déclarés à Mayotte en 2025.
La grande majorité des 54 cas importés (45 sur 54, soit 83 %) ont été contaminés aux Comores. Les autres cas proviennent du Cameroun (1 cas), du Burundi (1 cas), de Madagascar (2 cas) et de Tanzanie (3 cas), tandis qu’un cas déclare avoir voyagé à la fois en Inde et en Tanzanie.
L’apparition de cas acquis localement, après 5 années sans aucun cas acquis localement, souligne que le risque de réintroduction demeure permanent, en raison de la présence de moustiques vecteurs compétents, principalement Anopheles gambiae s.l. et Anopheles funestus.
Cette situation montre que l’évolution du paludisme à Mayotte est influencée non seulement par les actions de lutte anti-
vectorielle (LAV) mises en œuvre par l’ARS, mais aussi par les efforts de lutte dans les îles voisines, notamment aux Comores. À titre d’exemple, la baisse significative du nombre de cas autochtones observée depuis 2011 est probablement liée à la stratégie de LAV adoptée en 2012, incluant la distribution et l’installation de moustiquaires imprégnées de deltaméthrine (MIILD) sur l’ensemble du territoire, ainsi qu’à la diminution des cas importés en provenance des Comores, grâce aux interventions du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) de l’Union des Comores à cette période.
La recrudescence des cas aux Comores depuis 2024 a entraîné une augmentation marquée des cas importés à Mayotte, ainsi que la déclaration des premiers cas acquis localement depuis cinq ans. Cette situation souligne l’importance d’une approche régionale coordonnée pour lutter efficacement contre la maladie. Mayotte demeure vulnérable, en particulier face à l’augmentation des cas importés. Bien que le territoire soit toujours engagé dans une démarche d’élimination, le contexte actuel impose un renforcement des mesures de surveillance, de prévention et de lutte vectorielle, afin d’éviter une reprise de la transmission locale.
Recommandations pour les voyageurs
- Il est recommandé de se protéger des piqûres de moustiques en utilisant des répulsifs, des moustiquaires imprégnées et en portant des vêtements couvrants dès la tombée de la nuit.
- Il n'est pas recommandé de chimioprophylaxie du paludisme pour un séjour à Mayotte. Il est par contre conseillé de consulter rapidement un médecin en cas de fièvre sur place ou dans les trois mois suivant le retour.
Source : Santé publique France