Vaccination rougeole, rubéole, oreillons, varicelle : une nouvelle revue systématique de la littérature

mesvaccins.net

La Cochrane Library vient de publier une nouvelle revue systématique de la littérature relative à l’efficacité et la sécurité de la vaccination contre la rougeole, la rubéole et les oreillons (par le vaccin trivalent ROR) ainsi que contre la varicelle (V) soit en co-administration avec le vaccin ROR, soit par l’utilisation du vaccin combiné ROR-V [1]. Il s’agit d’une mise à jour de la revue publiée en 2005, déjà actualisée en 2012 et qui inclut 74 nouvelles études.

Les études incluses ont été sélectionnées selon les critères habituels de rigueur de la Cochrane et comportent les études de méthodologies diverses (randomisées contrôlées, cas-témoins, écologiques…) comparant l’administration d’au moins une dose de vaccin ROR, ROR+V ou ROR-V à un placebo ou une absence de vaccination chez des enfants en bonne santé âgés de 15 ans au maximum. Le risque de biais et le niveau de preuve ont été évalués par le système GRADE.

Au total, 138 études correspondant à 23 480 668 participants ont été incluses dans l’analyse. Cinquante et une études (10 248 159 enfants) portent sur l’efficacité et 87 (13 232 509 enfants) portent sur les effets indésirables.

1. Efficacité vaccinale

Rougeole

  • L’efficacité vaccine (EV) pour la prévention de la rougeole après une dose est de 95% (RR 0,05 IC 95% 0,02 à 0,13), niveau de preuve modéré. Après deux doses, l’EV est de 96 % (RR 0,04 IC95% 0,01 à 0,28), niveau de preuve modéré.
  • L’EV pour la prévention autour d’un cas en milieu familial ou chez les enfants contact est de 81 % après une dose, 85 % après deux doses et de 96 % après trois doses (niveau de preuve faible).
  • L’EV de la prophylaxie post-exposition est de 74 % (RR 0,26 IC95% 0,14 à 0,50), niveau de preuve faible.

Oreillons

  • L’EV pour le vaccin ROR comportant la souche Jéryl Lynn est de 72 % après une dose (RR 0,24 IC95% 0,08 à 0,76), niveau de preuve modéré, 86 % après deux doses (RR 0,12 IC95% 0,04- 0,34), niveau de preuve modéré.
  • L’EV pour la prévention autour d’un cas en milieu familial est de 74 % (RR 0,26 IC95% 0,13 à 0,49), niveau de preuve modéré.

Rubéole

  • L’EV pour la rubéole est de 89 % (RR 0,11 IC95% 0,03 à 0,42), niveau de preuve modéré.

Varicelle

  • L’EV de la vaccination à deux doses administrées chez les enfants de 11 à 22 mois pour la prévention de la varicelle (toutes formes) est de 95 % avec un recul de 10 ans (RR 0,05 IC95% 0,03 à 0,08), niveau de preuve élevé.

2. Sécurité vaccinale

  • Méningite aseptique : association significative entre la survenue d'une méningite aseptique et la vaccination par ROR contenant les souches oreillons Urabe et Leningrad-Zagreb mais pas la souche Jeryl Lynn (souche contenue dans les vaccins ROR actuellement disponibles en France) RR 1,30 IC95% 0,66 à 2,56. Niveau de preuve faible.
  • Convulsions fébriles : association significative entre vaccination ROR, ROR+V ou ROR-V (souche Jeryl Lynn) et survenue de convulsions fébriles. Risque attribuable à la vaccination : 1 cas pour 1700 à 1135 doses administrées.
  • Purpura thrombopénique idiopathique : association significative entre vaccination ROR et PTI. Cependant, le risque attribuable à la vaccination (1 cas pour 40 000 doses) est inférieur au risque généré par la rougeole ou la rubéole. Le risque de PTI généré par l’infection naturelle est de 1 cas pour 20 000 et par an.

Pas d’association entre vaccination ROR et

  • Encéphalite/encéphalopathie : RR 0,90 IC95% 0,50 à 1,61, bas niveau de preuve.
  • Troubles du spectre autistique : RR à 0,93IC95% 0,85 à 1,01 niveau de preuve modéré.
  • Retard du développement, diabète de type 1, asthme, dermatite/eczéma, rhume des foins, leucémies, sclérose en plaques, troubles de la marche, infections bactériennes ou virales.

Les données ne sont pas suffisantes pour évaluer l’association entre la vaccination ROR et les maladies inflammatoires de l’intestin.

Cette revue systématique de la littérature confirme l’excellent niveau d’efficacité des vaccins contre la rougeole, la rubéole et la varicelle, ainsi que l’efficacité moindre mais restant importante de la vaccination contre les oreillons. Elle confirme surtout la bonne tolérance de ces vaccins. Les EI sont rares et déjà bien connus (convulsions fébriles, PTI). L’exclusion du lien vaccination-encéphalite est importante dans la mesure où on utilise des vaccins vivants atténués et que les maladies naturelles peuvent générer ce type de complication. Cette étude apporte une preuve supplémentaire d’absence de lien entre la vaccination ROR et l'autisme.

Toutefois, dans un contexte de résurgence de la rougeole, cette revue n’apporte pas d’éléments de réponse quant à une éventuelle perte de l’immunité au cours des années ou à un lien entre efficacité vaccinale et âge lors de la vaccination [2]. Ce sera sans-doute pour la prochaine mise à jour…

Références