France : analyse des données 2011-2022 de la déclaration obligatoire de l’hépatite B aiguë
En France, la surveillance de l’hépatite B aiguë par la déclaration obligatoire (DO) remonte à 2003. Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire vient de publier une analyse des données 2011-2022 de la DO de l’hépatite B aiguë.
Entre 2011 et 2022, 840 cas d’hépatite B aiguë ont été déclarés, le nombre annuel de cas ayant diminué de moitié entre 2015 (94 cas) et 2022 (47 cas).
Les cas étaient majoritairement des hommes (73%) et étaient âgés de 41 ans en moyenne, les femmes étant plus jeunes que les hommes (âge moyen de 35 ans vs 43 ans, p<0,001). La proportion de cas de 40-49 ans, classe d’âge prépondérante en 2011-2014 (27%), a diminué (16% en 2019-2022), tandis que la proportion de cas de 20-29 ans a augmenté de 18% en 2011-2014 à 27% en 2019-2022.
Parmi les cas dont le pays de naissance était renseigné (91%), 60% étaient nés à l’étranger. Près d’un tiers étaient nés en Afrique subsaharienne et 48% étaient arrivés en France la même année ou l’année précédant le diagnostic.
Six cas sur dix étaient hospitalisés et 5% (n=43) avaient une forme fulminante, suggérant une surreprésentation des formes sévères (moins de 1% attendu). Parmi les 36 cas pour lesquels l’évolution était renseignée, 17 ont eu une évolution favorable, 13 ont bénéficié d’une transplantation hépatique et 6 sont décédés.
Parmi les cas dont le statut vaccinal était renseigné, 2% ont déclaré avoir reçu au moins 3 doses correspondant au schéma vaccinal complet.
Parmi les cas avec une exposition à risque au cours des 6 mois précédant les signes cliniques rapportée (65%), 81% avaient une indication vaccinale, mais seuls 5% étaient vaccinés (quel que soit le nombre de doses). Les expositions les plus fréquentes étaient une exposition sexuelle (63% pour les hommes et 47% pour les femmes, p=0,001) et un séjour dans un pays de forte endémicité du VHB (35%). Les autres expositions identifiées étaient des soins invasifs (10%), la présence d’un porteur chronique de l’AgHBs dans l’entourage (9%), la pratique de tatouage ou de piercing (7%). Un séjour en institution, l’usage de drogue par voie intraveineuse ou pernasale ou une exposition professionnelle était retrouvée dans respectivement 4% des cas.
Les personnes nées à l’étranger représentaient 60% des cas et étaient plus jeunes que celles nées en France (39 vs 43 ans, p=0,002). Elles rapportaient plus souvent un voyage/séjour en zone de forte endémicité de l’hépatite B (47% vs 19%, p<0,001) et moins fréquemment une exposition sexuelle que celles nées en France (50% vs 72%, p<0,001).
Les auteurs concluent que ces résultats pourraient refléter une baisse de l’incidence de l’hépatite B aiguë, si l’exhaustivité de la DO, estimée à 27% en 2016, n’a pas diminué depuis. Deux populations doivent être la cible d’actions de prévention vaccinale :
- les adolescents et les jeunes adultes d’aujourd’hui qui constitue une génération insuffisamment protégée devraient se voir proposé un rattrapage vaccinal ;
- les personnes migrantes qui devraient se voir proposer un dépistage suivi d’une vaccination en l’absence de contact antérieur avec le virus de l’hépatite B.
Les biologistes et cliniciens doivent être incités à notifier tous les cas diagnostiqués afin d’améliorer l’exhaustivité et la représentativité de cette DO.