Etat des lieux sur l'épidémie de mpox

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L’Organisation mondiale de la santé a mis en ligne le 23 décembre le bilan de l’épidémie de mpox à la date du 15 décembre pour la région Afrique, et à celle du 30 novembre 2024 pour les autres régions. 

  1. Données globales

Du 1 janvier 2022 au 30 novembre 2024, 117 663 cas confirmés de mpox dont 263 décès (0,2%) ont été rapportés par 127 pays dans les six régions de l’OMS, dont 2726 nouveaux cas confirmés en novembre 2024.

Du 1 janvier 2024 au 30 novembre :

Figure 1 : carte des pays où des cas de mpox ont été confirmés en 2024

  • Afrique : 15 267 cas (77 décès) dont 1941 en novembre (+0,3% par rapport à octobre) ; sur l’année, le nombre de cas signalé chaque mois est en constante augmentation. Les pays le plus touchés sont la République démocratique du Congo (RDC), le Burundi et l’Ouganda avec respectivement au 15 décembre 2024, 9513, 2650 et 1027 cas confirmés. L’épidémie est considérée actuellement comme active dans 11 autres pays (Guinée, Liberia, Côte d’Ivoire, Ghana, Nigeria, Cameroun, République centrafricaine, Congo, Angola, Kenya, Rwanda).
  • Amériques : 66 806 cas (151 décès) dont 206 en novembre (-65% par rapport à octobre) ; sur l’année, le nombre de cas signalé est stable avec une chute en novembre.
  • Europe : 28 682 cas (9 décès) dont 277 en novembre (+21% par rapport à octobre) ; on note une tendance à la baisse au cours du premier semestre 2024, mais de mai à novembre 2024, le nombre de cas de mpox a augmenté
  • Pacifique Occidental : 5039 cas (12 décès) dont 294 en novembre (-22% par rapport à octobre) ; on note une tendance à la baisse au cours du premier semestre 2024, mais de mai à novembre 2024, le nombre de cas de mpox a augmenté
  • Sud Est Asiatique : 991 cas (11 décès) dont 4 en novembre (-46% par rapport à octobre) ; sur l’année, on note une diminution régulière du nombre de cas signalé chaque mois
  • Méditerranée Orientale : 878 cas (3 décès) dont 1 en novembre (-67% par rapport à octobre) ; sur l’année, on note une diminution régulière du nombre de cas signalé chaque mois.

En dehors de l'Afrique, le plus grand nombre de cas confirmés en novembre 2024 a été signalé par l'Australie. Le pays a connu une flambée croissante de clade IIb MPXV, affectant principalement les hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes infectés par contact sexuel.

2. L’épidémie en fonction des clades de MPXV

2.1. Clade Ia

Le clade Ia MPXV se trouve essentiellement en RDC. Il s’est étendu à la province de Kinshasa, ainsi qu’en RCA et au Congo en 2024. Ce clade a une origine zoonotique avec une transmission secondaire interhumaine. Cependant, une transmission interhumaine durable a été rapportée dans les réseaux sexuels de Kinshasa et semble de plus en plus fréquente.

2.2. Clade Ib

Aucun cas humain n'a encore été relié de manière substantielle à une exposition animale présumée pour ce clade, et les données actuelles suggèrent qu'il ne se transmet que par contact physique étroit d'homme à homme, souvent par contact sexuel. Lorsque les grappes initiales s'étendent et à mesure que l'épidémie progresse, les schémas de transmission semblent évoluer, avec une propagation plus importante au sein des ménages et des communautés par le biais de contacts physiques étroits et directs, ce qui conduit à une modification progressive de la répartition par âge et par sexe, avec une proportion croissante de cas chez les enfants.

La flambée de clade Ib MPXV s'est étendue de l'est de la RDC aux pays voisins. En outre, des cas ont également été signalés chez des personnes hors d'Afrique, principalement chez celles qui ont voyagé récemment dans les pays africains touchés.

2.2.1. En Afrique

a. République démocratique du Congo

Jusqu'à présent, le clade Ib MPXV a été détecté dans les provinces du Sud-Kivu, du Nord-Kivu, de Kinshasa, du Kasaï, de la Tshopo, du Tanganyika, du Haut-Katanga et de Mai'Ndombe. 

En 2024, environ 10 % des échantillons PCR positifs pour le MPXV dans le pays auront été séquencés, mais avec une répartition inégale selon les provinces. La distribution des clades du virus pourrait donc être différente de celle rapportée actuellement.

Figure 2 : clades de MPXV identifiés en RDC du 1 octobre 2023 au 8 décembre 2024

Les données sur le taux de létalité de tous les cas suspects signalés dans le pays en 2024 suggèrent une différence entre les provinces endémiques (3,6%) touchées principalement par le clade Ia MPXV, Kinshasa (0,3%) où les deux sous-clades circulent, et le Nord et le Sud-Kivu (~0,2%) où le clade Ib MPXV circule. On ne sait pas encore si cette différence dans le taux de létalité est due au clade viral ou à des différences dans des facteurs tels que la vulnérabilité de la population, l'accès aux soins de santé, les caractéristiques démographiques et la déclaration des cas, entre autres.

b. Burundi

Au 15 décembre 2024, 2 650 cas confirmés dont un décès ont été signalés dans 46 districts sanitaires sur 49, mais l'épidémie reste largement concentrée dans et autour de Bujumbura, et de la capitale, Gitega. Presque tous les cas suspects de mpox sont testés, et le taux de positivité des tests est d'environ 49%. Seul le clade Ib MPXV, apparenté aux souches circulant dans le Sud-Kivu, a été détecté dans le pays, et les données actuelles suggèrent une transmission interhumaine exclusive du virus.

Au cours des dernières semaines, le groupe des 20-29 ans a remplacé celui des moins de 5 ans en tant que groupe d'âge le plus touché dans le pays. La transmission domestique, la transmission communautaire et la transmission par contact sexuel contribuent à la propagation du mpox dans le pays. Toutefois, les contributions relatives de chacune d'entre elles à la propagation de la maladie ne sont pas claires.

c. Ouganda

Au 15 décembre 2024, 1027 cas dont 6 décès ont été signalés, dans au moins 57 sur 146 des districts du pays, mais l'épidémie reste largement concentrée à Kampala, et dans ses environs. Jusqu'à présent, seul le clade Ib MPXV  a été détecté dans le pays. Le nombre de cas a augmenté au fil du temps, avec des indications d'un plateau au cours des dernières semaines.

Les personnes âgées de 20 à 29 ans sont les plus touchées, les contacts sexuels étant considérés comme le principal facteur de transmission, amplifié par les réseaux de travailleurs du sexe et leurs clients. Toutefois, les schémas de transmission ont évolué, avec une propagation croissante au sein des ménages et des communautés par le biais de contacts physiques étroits et directs, ce qui a entraîné un changement progressif de la répartition par âge, marqué par une proportion croissante de cas chez les enfants.

d. Rwanda : 59 cas et aucun décès, plusieurs districts sont touchés dont la capitale

e. Kenya : 26 cas dont un décès, plusieurs comtés dont la capitale situés le long du principal corridor de transport routier de la côte à l'Ouganda et à la Tanzanie sont touchés.

f. Zimbabwe : un cas avec un antécédent de voyage en Tanzanie

g. Zambie : un cas qui a passé le plus de temps dans une province située à la frontière avec la République démocratique du Congo.

2.2.2. Hors Afrique

Hors Afrique, des cas importés de mpox dû au clade Ib du MPXV ont été signalés par : l'Allemagne (cinq cas entre octobre et décembre 2024, avec une transmission secondaire signalée en décembre 2024), la Belgique, le Canada (un cas le 22 novembre), les Etats-Unis (un cas en novembre 2024 en Californie), l'Inde (un cas rapporté en septembre 2024 chez une personne de retour de Dubaï ; l'analyse phylogénétique a montré que la souche en cause était proche de celle décrite au Kenya), le Royaume Uni (cinq cas avec une transmission secondaire signalée), la Suède (un cas en août 2024), la Thaïlande (un cas en août 2024) ; 

Le 2 décembre 2024, le Pakistan a notifié à l'OMS son premier cas de mpox due au clade Ib MPXV. Il s'agit d'un homme adulte qui résidait aux Émirats arabes unis. Il s'est rendu au Pakistan le 28 novembre 2024 et s'est rendu à l'hôpital le même jour. Il a été confirmé qu'il était atteint de mpox le 29 novembre 2024. Une analyse de séquençage génomique ultérieure a révélé qu'il était infecté par le clade Ib MPXV. Aucun cas de mpox dû au clade Ib MPXV n'a été signalé par les Émirats arabes unis jusqu'à présent.

Par ailleurs un cas de mpox de clade I MPXV a été signalés dans le Sultanat d’Oman le 10 décembre 2024, sans information actuellement sur le sous-clade en cause. Il s'agit d'un homme adulte résidant à Oman qui a déclaré avoir voyagé aux Émirats arabes unis du 20 au 25 novembre 2024, avant l'apparition des symptômes le 30 novembre 2024. Il s'est présenté dans un établissement de santé le 3 décembre 2024. Le 9 décembre 2024, il a été confirmé qu'il avait le mpox. Les investigations sur la source d'exposition sont en cours.

2.3. Clade IIa MPXV

En 2024, la Côte d'Ivoire, la Guinée et le Liberia ont signalé la présence du clade IIa MPXV. Des informations épidémiologiques récentes suggèrent que la Côte d'Ivoire et le Liberia connaissent une transmission communautaire soutenue de cette souche, avec des cas dispersés sur une vaste zone géographique dans ces pays. Il s'agit d'un phénomène nouveau et préoccupant, car la transmission interhumaine du clade IIa MPXV n'avait pas été signalée avant 2024. 

En outre, la co-circulation du MPXV de clade IIa et de clade IIb a été signalée pour la première fois en Côte d'Ivoire et au Liberia. Des cas ont été signalés chez des adultes et des enfants, dont beaucoup n'ont pas de lien épidémiologique connu, ce qui suggère une transmission communautaire continue et largement non détectée. 

Les modes de transmission ne sont pas entièrement compris et le clade IIa MPXV reste la souche MPXV la moins décrite dans la littérature scientifique. Bien qu'il n'y ait aucune preuve documentée de transmission par contact sexuel pour cette souche, il est probable que toutes les formes de contact étroit contribuent à sa propagation, qui a été documentée pour la première fois en 2024. documentée pour la première fois en 2024.

2.4. Clade IIb

La plupart des épidémies de mpox dans d'autres parties de l'Afrique de l'Ouest, du Nord et du Sud, et dans d'autres parties du monde, sont dues au clade IIb MPXV, dans le prolongement de l'épidémie multi-pays qui a débuté en 2022. La plupart des régions signalent une circulation de la lignée B.1 du clade IIb, bien que la lignée A.1 circule également dans certains pays de la région de la Méditerranée orientale. La population la plus touchée en dehors de l'Afrique reste celle des hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes, principalement exposés par contact sexuel. Dans les cas où d'autres personnes ont été touchées, comme les femmes et les enfants, il n'y a pas eu de transmission durable, contrairement à ce que l'on observe pour le clade I MPXV dans le contexte africain. L'Australie a connu une augmentation sans précédent du nombre de cas ces derniers mois, avec 1 352 cas confirmés signalés à l'OMS en 2024 au 30 novembre 2024.

Source : Organisation mondiale de la Santé, Centers for Disease Control and Prevention

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