En France, 70% des adultes hospitalisés pour une IRA sévère devraient être vaccinés contre la grippe ET le pneumocoque, mais les couvertures vaccinales (CV) contre ces infections sont insuffisantes en particulier contre le pneumocoque

La revue International of Infectious Diseases a mis en ligne un article étudiant la couverture vaccinale (CV) antigrippale et antipneumococcique chez les adultes hospitalisés au moins 24 heures pour une infection respiratoire aiguë sévère en France (IRAS). Il s’agit d’une étude prospective menée entre les saisons 2016 et 2022 dans cinq hôpitaux de référence.

L’étude a inclus 4614 patients d’âge médian de 72 ans (58-83), 65% étant âgés de 65 ans ou plus. Au total 85% présentaient au moins une pathologie chronique, la plus fréquente étant une pathologie respiratoire (38% des patients). Une immunodépression concernait 33% d’entre eux, due une fois sur deux à une affection maligne. Sur les 4614 maladies, 88% étaient éligibles à une vaccination antigrippale, 71% à une vaccination antipneumococcique et 70% aux deux.

Vaccination antigrippale

La CV antigrippale globale au sein de la population ayant au moins une indication de vaccination était de 53%. Cette CV était de 57% avant la pandémie de covid 19 et de 50% sur les saisons 2020/2021 et 2021/2022. La CV était de 35% chez les malades âgés de moins de 65 ans, et de 60% chez les autres. Chez les 65 ans et plus sans autre indication que l’âge, la CV était de 50%. Elle passait à 62% quand se surajoutait au moins une pathologie chronique et augmentait avec le nombre d’indications. Au total, une indication de vaccination antipneumococcique existait chez 81% des malades présentant une indication de vaccination antigrippale, mais seuls 28% d’entre eux étaient vaccinés contre les pneumocoques.

Vaccination antipneumococcique

Sur les 3265 malades présentant une indication de vaccination antipneumococcique, 54% étaient atteint d’une pathologie chronique sans immunodépression. L’historique vaccinal a pu être étudié chez 89% (2920/3265) des malades chez qui la vaccination antipneumococcique était recommandée. Au sein de cette population 551/2920 patients (19%) avaient reçu au moins une dose d’un vaccin antipneumococcique, qu’il s’agisse d’un vaccin conjugué ou non (27% avant la pandémie de covid, 13% après). Le schéma vaccinal a pu être précisé chez 439 personnes vaccinées : 233/439 (53%) avaient reçu une dose unique de vaccin non conjugué, 104/439 (24%) un vaccin conjugué seul et 102/439 (23%) les deux types de vaccin. Entre 2016 et 2022, l’administration isolée du PPSV23 a diminué alors que celle du vaccin conjugué utilisé seul ou combiné au PPSV23 a augmenté. L’utilisation d’un schéma a deux doses étaient significativement plus élevé dans la population immunodéprimée. La CV antigrippale était de 79% dans la population chez qui les deux vaccins étaient recommandés.

Conclusions

La CV antigrippale rapportée est en accord avec de nombreux résultats publiés. Elle augmente chez les patients porteur d’une pathologie pulmonaire chronique et chez ceux présentant des indications vaccinales multiples. Les auteurs évoquent comme explications le rôle des pneumologues et le fait que les occasions de vaccination sont multiples chez les malades polypathologiques.

La CV antipneumococcique est médiocre. Les raisons en sont probablement multiples (méconnaissance des indications, sous-estimation du risque, complexité des recommandations). Les auteurs espèrent une amélioration de cette CV avec la multiplication des acteurs de la vaccination (pharmaciens et infirmiers) et l’extension récente des recommandations de la vaccination contre le pneumocoque à tous les adultes âgés de 65 ans et plus.

Source : International of Infectious Diseases