Nouvel avis : le Haut Conseil de la santé publique recommande le maintien de la stratégie vaccinale contre les infections graves à pneumocoque du nourrisson

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Le Haut Conseil de santé publique (HCSP) a publié sur son site internet un nouvel avis sur la vaccination contre le pneumocoque intitulé “Avis relatif à une éventuelle évolution des recommandations de vaccination des nourrissons contre les infections invasives à pneumocoque par le vaccin pneumococcique conjugué 13-valent”. Vous trouverez ici quelques informations permettant d'expliquer cet avis.

C'est quoi un pneumocoque ?

Le pneumocoque (Streptococcus pneumoniae) est une bactérie d'une très grande diversité. Il possède en effet une capsule, structure composée de sucres complexes (appelés polyosides ou polysaccharides) enveloppant la bactérie et expliquant pour partie sa virulence. Selon la nature de ces polyosides, plusieurs sortes de pneumocoques sont définies, appelées sérotypes. Il existe environ une centaine de sérotypes du pneumocoque, dont l'importance est variable en médecine humaine. Ces sérotypes sont désignés par des chiffres parfois suivis d'une lettre (exemple : pneumocoque de sérotype 1 ou de sérotype 19F). Le polyoside capsulaire est utilisé comme antigène vaccinal : un vaccin contre un sérotype donné n'est donc le plus souvent pas efficace contre un autre sérotype. De nombreuses personnes, surtout les enfants, abritent le pneumocoque dans leur nasopharynx. Le terme de “portage du pneumocoque” est utilisé pour désigner cette situation d'hébergement de la bactérie par l'être hulmain. Depuis son gîte nasopharyngé, le pneumocoque peut être transmis à d'autres personnes par l'intermédiaire de gouttelettes de salive. Dans certains cas, il est capable de traverser les tissus, entraînant des infections très diverses. On emploie le terme d' infection invasive à pneumocoque pour désigner certaines formes graves de la maladie, essentiellement la septicémie et la méningite. Les infections à pneumocoque sont plus fréquentes chez les enfants, à l'origine d'otites, de sinusites, d'infections pulmonaires, de septicémies et de méningites. En France, le pneumocoque est la première cause de méningite chez l'enfant de moins de deux ans. Chez l'adulte, le pneumocoque est responsable essentiellement de pneumonies, de sinusites, de septicémies et de méningites. Le traitement repose sur les antibiotiques.

L'épidémiologie des infections à pneumocoque depuis la vaccination

En France, depuis l'utilisation du vaccin pneumococcique heptavalent (contenant les sérotypes 4, 6B, 9V, 14, 18C, 19F et 23F), la fréquence des infections dues aux sérotypes vaccinaux, qui sont aussi les plus résistants aux antibiotiques, a fortement diminué chez les enfants de moins de deux ans. Par contre, une augmentation de la fréquence des infections dues à certains sérotypes non vaccinaux (notamment les sérotypes 1, 7F et 19A) est en augmentation. Ces sérotypes sont couverts par un nouveau vaccin 13-valent qui contient, en plus des sérotypes du vaccin heptavalent, les sérotypes 1, 3, 5, 6A, 7F et 19A. Le HCSP a été saisi par la Direction générale de la santé afin d'examiner la nécessité éventuelle de faire évoluer les recommandations vaccinales. Pour répondre à cette demande, les donnés épidémiologiques disponibles (Institut de veille sanitaire, Centre national de référence du pneumocoque et réseau Epibac) ont été prises en compte. Ces données montrent qu'entre 2007 et 2009, l'épidémiologie des infections invasives à penumocoque en France a été marquée par une accentuation de phénomène de remplacement sérotypique (changement des sérotypes responsables d'infections par d'autres sérotypes) ayant conduit à recommander l'utilisation du vaccin 13-valent (il n'existe actuellement qu'un seul vaccin commercialisé 13-valent, le Prevenar 13). D'une manière globale, l'effet bénéfique du vaccin conjugué heptavalent sur l'incidence des sérotypes vaccinaux a été dépassé par l'augmentation de l'incidence des sérotypes non vaccinaux (c'est-à-dire des sérotypes non contenus dans le vaccin), de sorte que, globalement, l'incidence des infections invasives à pneumocoque a augmenté et que seules les tranches d'âge concernées par la vaccination tirent encore bénéfice de celle-ci. Une enquête sur le portage du pneumocoque par les enfants a par ailleurs montré que le nouveau vaccin 13-valent était capable de supprimer le portage des nouveaux sérotypes, en particulier ceux dont l'augmentation pose aujourd'hui un problème.

Les recommandations vaccinales contre les infections à pneumocoque

En conséquence, le HCSP a recommandé que la stratégie vaccinale pour la prévention des infections invasives à pneumocoque chez le nourrisson, utilisant le vaccin 13-valent, soit maintenue. L'épidémiologie des infections invasives à pneumocoque en France dans les différentes tranches d'âge permettra d'évaluer de manière plus précise l'impact de la vaccination par le vaccin 13-valent. Les sérotypes additionnels contenus dans ce nouveau vaccin, ainsi que les premières données disponibles, laissent espérer un impact bénéfique fort de la vaccination. Il est nécessaire de maintenir une couverture vaccinale élevée permettant la mise en place d'une immunité de groupe. Le suivi ultérieur de l'épidémiologie et des souches circulantes est indispensable pour la détection d'éventuelles souches de remplacement et, le cas échéant, la mise en œuvre de nouvelles stratégies.

Source : Haut Conseil de la santé publique.