Infections graves à méningocoque : l'épidémiologie change
Les données de la surveillance épidémiologique en France des infections invasives à méningocoque (méningites et septicémies) viennent d'être publiées dans la revue de l'Institut de veille sanitaire (le Bulletin épidémiologique hebdomadaire ou BEH).
Le méningocoque est une bactérie fragile, strictement humaine et qui survit peu de temps à l'extérieur. Elle est transmise de personne à personne par l'intermédiaire de gouttelettes de salive lors de contacts rapprochés (moins d'un mètre). Elle peut rester présente au niveau de la gorge sans entraîner de maladie. Parfois cependant, la bactérie peut atteindre la circulation sanguine puis les méninges, entraînant une septicémie (encore appélée méningococccémie) ou une méningite dont l'évolution peut être fatale. Le méningocoque possède une capsule qui lui permet de résister aux défenses immunitaires de l'homme. Selon la composition de cette capsule, 12 sérogroupes peuvent être définis. Les sérogroupes A, B, C, Y et W135 sont les plus fréquemment en cause dans les infections graves.
En 2010, 522 cas ont été déclarés, soit un taux d'incidence de 0,89 pour 100.000 habitants. En France, le taux d'incidence annuel des infections invasives à méningocoque se situe, depuis plus de vingt ans, entre 1 et 2 cas pour 100.000 habitants. Pour la première fois ce taux, en diminution depuis 2008, passe donc sous la barre de 1 cas pour 100.000 habitants. La baisse a été plus marquée entre 2009 et 2010 (- 18 %) et pour le sérogroupe C (- 35 %). La fréquence des infections à méningocoque au cours des années connaît des variations cycliques qui ne sont pas toujours expliquées. Cependant, dans tous les pays où une vaccination contre le méningocoque C a été mise en place, on a assisté à une chute de l'incidence de la maladie. La mise en place en France, depuis juin 2009, d'une recommandation vaccinale contre les infections à méningocoque a probablement contribué à la baisse observée. Aucun cas d'infection grave à méningocoque C n'est survenu en 2010 chez un sujet antérieurement vacciné par le vaccin recommandé. Selon des données préliminaires datant de juin 2011, la couverture vaccinale était estimée à 46 % pour les enfants nés en 2009. Cependant, le rattrapage vaccinal au-delà de 24 mois est très insuffisant (couverture vaccinale inférieure à 10 % pour les adolescents nés avant 1998) pour entraîner une immunité de groupe protectrice des jeunes nourrissons de moins d'un an, non concernés par le programme de vaccination et chez lesquels la fréquence des infections à méningocoque C reste la plus élevée.
Les groupes d'âges les plus atteints sont les moins d'un an, les 1-4 ans et les 15-19 ans. Les départements ayant les taux d'incidence les plus élevés étaient les Alpes-de-Haute-Provence, la Manche, la Somme et les Pyrénées‑Orientales.
La répartition des sérogroupes de méningocoque en cause était la suivante :
- B : 74 %
- C : 17 %
- Y : 5 %
- W135 : 2 %
Le sérogroupe Y est en augmentation par rapport aux années antérieures, et cette augmentation se poursuit pour atteindre 8 % des cas durant les 8 premiers mois de l'année 2011.
Après avoir augmenté entre 1999 et 2002, passant de 10 à 16 %, la létalité (proportion de décès parmi les cas d'infections invasives à méningocoque) est stable, entre 10 et 12 %, depuis 2003. En 2010, la létalité était de 11 % pour le sérogroupe B et de 7 % pour le méningocoque C, alors qu'au cours des années précédentes le risque de décéder était plus élevé en cas d'infection par le méningocoque C.
Source : BEH n°45-46 (6 décembre 2011).