Pakistan : sept nouveaux cas signalés de polio ce qui porte à 59 le nombre des cas enregistrés cette année

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Au Pakistan, le laboratoire régional de référence pour l'éradication de la poliomyélite de l'Institut national de la santé à Islamabad a confirmé la détection de plusieurs nouveaux cas de poliomyélite à poliovirus sauvage de type 1 (PVS1).

Le Baloutchistan (26) est la province la plus touchée, suivi des provinces du Khyber Pakhtunkhwa (16), de Sind (15), du Pendjab (un cas) et d'Islamabad (un cas).  

Les 59 cas confirmés en 2024 à ce jour sont les plus nombreux depuis 2020, année où 84 cas avaient été signalés.

Avec les 23 cas signalés en Afghanistan en 2024, le nombre total de cas dans les deux pays où la polio est endémique s'élève à 82, contre 12 pour l'ensemble de l'année 2023.

Dans un éditorial publié dans le journal pakistanais The News, les auteurs écrivent que la persistance du virus est presque entièrement due à des lacunes que l'on s'est imposées à soi-même. Des milliers de parents, souvent issus de milieux défavorisés, refusent toujours de laisser leurs enfants se faire vacciner pour qu'ils soient en sécurité et en bonne santé. Les efforts déployés par l'État pour convaincre ces parents semblent s'être heurtés à un mur. Le mois dernier, le Sind a enregistré à lui seul plus de 43 000 cas de refus de vaccination. Il y a ensuite les lacunes de nos réseaux de soins de santé et les perturbations causées par la situation sécuritaire qui font que de nombreux enfants passent tout simplement entre les mailles du filet. Selon un rapport du Conseil de surveillance indépendant (IMB) de l'Initiative mondiale pour l'éradication de la poliomyélite (IMEP) publié en septembre, plus de quatre millions de vaccinations prévues ont été manquées lors des campagnes d'immunisation dans le pays en 2024. Les provinces où la situation sécuritaire est la plus précaire, le Baloutchistan et le Khyber Pakhtunkhwa, sont également en tête du classement des cas de polio.

Pour ne rien arranger, les travailleurs de la polio qui remplissent une mission vitale et la police qui les protège sont souvent sous-payés, sous-équipés et victimes de violences. Cette dernière tendance est liée au refus des vaccins. Le fait que tant de personnes ne confient toujours pas au gouvernement la santé de leurs enfants et continuent de croire à une propagande anti-vaccinale malveillante et non scientifique témoigne de l'incapacité de l'État à instaurer un climat de confiance avec l'ensemble des citoyens et à éduquer sa population. Rien n'est plus frustrant que des enfants paralysés ou mourant parce que les adultes qui les entourent ne savent pas ce qu'il faut faire, ou des enfants qui ne sont pas vaccinés parce qu'ils sont pauvres ou vivent dans des régions en proie à des conflits qu'ils n'ont pas déclenchés. Les travailleurs de la polio et ceux qui les protègent ne méritent pas qu'on leur tire dessus ou qu'on les calomnie, mais ils devraient être payés à temps et équipés des outils dont ils ont besoin. Le fait que ce ne soit pas encore le cas et que des enfants souffrent inutilement n'est rien d'autre qu'une débâcle.
Source : ReliefWeb, Outbreak News Today (24 novembre, 3 décembre)

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