Campagne de vaccination dans les collèges : l'occasion d'un bilan vaccinal chez nos adolescents

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En 2023, les autorités de santé françaises ont lancé une campagne de vaccination contre les papillomavirus (HPV) dans les collèges. En 2024, il a été décidé d'élargir cette campagne aux rattrapages vaccinaux pour quatre groupes de maladies à prévention vaccinale. Chaque Agence Régionale de Santé (ARS) peut décider quels groupes de maladies seront proposés à la vaccination, avec ou sans condition liée à l'acceptation de la vaccination contre les HPV.

La vaccination contre les papillomavirus (HPV)

En France, on dénombre entre 6 300 et 6 400 nouveaux cas de cancers liés aux HPV, chaque année. Parmi ceux-ci, près de 44% correspondent aux cancers du col de l'utérus (soit environ 3 000 nouveaux cas par an), 24% aux cancers de l'anus, et 22% aux cancers oro-pharyngés. La répartition par genre est consultable sur le site de l'INCA. Vous y trouverez également une plaquette d'information téléchargeable.

Concernant la mortalité, elle dépend de multiples facteurs, tels que les traitements disponibles, les différents types de cancers, etc. Vous pouvez consulter des données détaillées à ce sujet sur le site de l'INCA.

À noter : le cancer du col de l'utérus est à lui seul responsable de 1 170 décès par an en France.

Après plus de 15 ans d'utilisation et avec plus de 300 millions de doses administrées à travers le monde, le profil de sécurité des vaccins contre les infections par papillomavirus (HPV) est solidement établi. Les effets indésirables les plus couramment observés avec le vaccin Gardasil 9, lors des études cliniques, sont des réactions au site d'injection, des céphalées, des sensations de vertige, des troubles gastro-intestinaux, de la fièvre et de la fatigue. Ces effets, généralement légers ou modérés, surviennent peu après la vaccination et sont de courte durée.

De nombreuses études pharmaco-épidémiologiques se sont penchées sur le lien potentiel entre les vaccins contre les infections à HPV et le risque de maladies auto-immunes. Les conclusions sont rassurantes : aucune augmentation du risque d’apparition de ces maladies n'a été observée chez les personnes vaccinées. Cependant, quelques rares cas de syndrome de Guillain-Barré (SGB) ont été signalés après vaccination. Une étude publiée en janvier 2022 (Risk of Guillain–Barré syndrome after vaccination against human papillomavirus: a systematic review and meta-analysis, 1 January 2000 to 4 April 2020) est très rassurante à ce sujet, en concluant que le risque absolu et relatif de SGB suite à la vaccination contre le VPH est très faible et ne présente pas de signification statistique.

La vaccination contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite et la coqueluche

La diphtérie, maladie grave a été éradiquée des pays industrialisés grâce à la vaccination. Cependant cette maladie continue à circuler dans de nombreux pays et des cas importés sont observés chaque année en France. Surtout l’expérience montre que l’arrêt de la vaccination (comme ce fut le cas dans les pays de l’Europe de l’Est lors de l’implosion du système soviétique) est rapidement suivi de la survenue de grandes épidémies. Le maintien d’une couverture vaccinale élevée représente donc un rempart contre la réintroduction de la maladie.

Le tétanos est également une maladie grave que l’on contracte à partir de plaies ou effractions cutanées contaminées par la terre qui est le réservoir du bacille responsable de la maladie. L’infection n’immunise pas, de sorte que la vaccination représente le seul moyen durable de se prémunir contre cette maladie dont plusieurs cas à plusieurs dizaines de cas sont observés chaque année en France.

La poliomyélite est une maladie potentiellement mortelle lorsque les paralysies qu’elle provoque touchent l’appareil respiratoire. Les paralysies des membres, plus fréquentes, sont irréversibles. Cette maladie a été éliminée dans les pays industrialisés mais continue à circuler en Afghanistan et au Pakistan. En outre, dans les pays du tiers monde qui utilisent un vaccin vivant atténué, des flambées épidémiques sont observées, liées aux virus vaccinaux ayant retrouvé leur virulence. Ceci est notamment observé dans les pays où la vaccination est entravée par la guerre. Une réintroduction de la maladie est donc possible en cas de chute des taux de couverture vaccinale.

La coqueluche est une infection respiratoire dont le symptôme essentiel est une toux quinteuse, pénible et durable. Relativement bénigne chez le grand enfant et l’adulte, la maladie est grave, potentiellement mortelle, chez les nourrissons de moins de 6 mois. Ceux-ci sont habituellement contaminés par leur entourage, le plus souvent un des parents, mais aussi un membre de la fratrie. En effet, la maladie immunise pendant environ 10 ans alors que la protection conférée par la vaccination ne va pas au-delà de 5 ans. Les rappels de vaccination coquelucheuse recommandés chez les enfants visent à réduire ce problème. En outre, des taux de couverture vaccinale insuffisants chez les enfants et adolescents peuvent être à l’origine d’épidémies en milieu scolaire qui vont perturber le fonctionnement des écoles. Ces éléments justifient la pratique de rappels coquelucheux durant l’enfance et l’adolescence.

La vaccination contre la rougeole, la rubéole et les oreillons

La rougeole est une maladie habituellement bénigne mais qui peut être à l’origine de complications graves, respiratoires (pneumopathies) et neurologiques (encéphalites). Ces complications sont plus fréquentes avant 1 an et chez les adultes. La vaccination efficace et bien tolérée peut permettre d’éliminer totalement la maladie. Il est nécessaire pour cela que 95% de la population ait reçu 2 doses de vaccin. Cette vaccination est obligatoire depuis 2018 chez les nourrissons à partir de 1 an. Il est également recommandé que les personnes nées depuis 1980 et qui n’ont pas été vaccinées correctement et ont échappé à la maladie bénéficient d’un rattrapage. Ainsi, une personne n’ayant reçu qu’une dose de vaccin devra compléter sa vaccination par l'administration d’une 2° dose et une personne non vaccinée devra recevoir 2 doses espacées d’au moins 1 mois. Des flambées épidémiques de rougeole sont encore observées en France, notamment à partir de cas importés. Une amélioration de la couverture vaccinale des adolescents et adultes jeunes devrait permettre d’éviter ces problèmes.

La rubéole est une maladie éruptive habituellement bénigne. Cependant, contactée durant la grossesse, cette maladie peut entraîner des malformations graves voire une mort du fœtus. La vaccination, efficace et bien tolérée, a permis d’éliminer cette maladie en France. Cependant des cas importés peuvent être observés pouvant être à l’origine de cas secondaires chez des personnes non vaccinées. Comme la vaccination contre la rougeole, la vaccination contre la rubéole est obligatoire depuis 2018 à l’âge de 1 an. Cette vaccination est pratiquée avec un vaccin trivalent Rougeole, Rubéole, Oreillons, de sorte que les personnes non à jour vis à vis de la rubéole ne sont également pas à jour vis à vis de la rougeole. Elles devraient donc bénéficier d’un rattrapage selon les mêmes modalités.

Les oreillons réalisent une inflammation aiguë des glandes salivaires. La maladie est habituellement bénigne mais peut se compliquer de méningites (c’était la première cause de méningite avant la vaccination), d'encéphalite et de surdité définitive. La vaccination a permis de réduire de manière drastique l'incidence de la maladie en France. Cette vaccination s’effectue avec un vaccin ROR et nécessite 2 doses ; Elle est obligatoire chez les enfants de 1 an depuis 2018. Les personnes non ou incomplètement vaccinées peuvent bénéficier d’un rattrapage selon les mêmes modalités que la rougeole.

La vaccination contre les méningocoques ACWY

Les méningocoques sont responsables d’infections graves de type méningite ou septicémies, liées à une létalité pouvant atteindre 20% et pouvant causer des séquelles (neurologiques, amputations de membres chez les survivants). Les sérogroupes B et C étaient responsables de la plupart des cas. Le sérogroupe C a pratiquement été éliminé grâce à la vaccination. Après le sérogroupe B, c’est maintenant le sérogroupe W qui domine. Ce sérogroupe a pour particularité d’affecter non seulement les jeunes enfants mais aussi les adolescents et les jeunes adultes. C’est également le sérogroupe associé au plus fort risque de létalité. Il existe des vaccins qui protègent contre les sérogroupes A,C,W et Y. Ces vaccins sont efficaces et bien tolérés et sont désormais recommandés chez les adolescents de 11 à 14 ans, quel que soit le statut vaccinal vis-à-vis des méningocoques C ou B. A cet âge, une seule dose est nécessaire. La recommandation étant nouvelle, peu d’adolescents ont reçu ce vaccin. La campagne de vaccination HPV représente une excellente opportunité de le faire (les 2 vaccins pouvant être administrés au cours de la même séance).

La vaccination contre l'hépatite B

Le virus de l’hépatite B est responsable d’hépatites aiguës évoluant parfois vers une défaillance hépatique potentiellement mortelle en l’absence de transplantation hépatique, mais le plus souvent d'évolution favorable. Certains patients restent porteurs du virus et développent une hépatite chronique (souvent asymptomatique et non reconnue) évoluant vers la cirrhose ou le cancer du foie. La maladie actuellement se transmet essentiellement par voie sexuelle et les adolescents sont à risque dès leurs premières expériences sexuelles. Depuis 2018, cette vaccination est obligatoire chez les nourrissons à partir de l’âge de 2 mois. Cependant, avant l’obligation, nombre d’enfants n’étaient pas vaccinés, du fait notamment des controverses relatives à la responsabilité de ce vaccin dans la survenue de sclérose en plaque (responsabilité écartée par de nombreuses études). Ainsi, environ la moitié des adolescents vont entrer dans la période de risque sans être protégés. La campagne de vaccination HPV représente une opportunité d'initier cette vaccination ou de la compléter si le schéma complet n’a pas été administré.

Les vaccinations inscrites au calendrier vaccinal français protègent contre des maladies graves. Certaines ont actuellement disparu dans notre pays mais sont susceptibles de réapparaître si la couverture vaccinale devient insuffisante. Outre la protection individuelle, la vaccination procure une protection collective. Enfin, ne pas être vacciné expose en cas de voyage à contracter une maladie dans un pays où elle circule.

Pour de nombreuses raisons, le calendrier vaccinal est mal respecté. Toute opportunité doit de ce fait être saisie pour vérifier le statut vaccinal et le mettre à jour si nécessaire. La campagne de vaccination dans les collèges en est une, à ne pas manquer.

Pr Daniel Floret

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