Couverture vaccinale en France : des efforts à soutenir en 2018
La Semaine européenne de vaccinationqui se déroule en France du 23 au 29 avril 2018 est l'occasion de faire le point sur la couverture vaccinale. Santé publique France vient de publier les données les plus récentes concernant la couverture vaccinale.
La couverture vaccinale correspond à la proportion de personnes vaccinées dans une population à un moment donné. Sa mesure est nécessaire pour savoir si le programme de vaccination est correctement appliqué ; elle permet aussi de déterminer le nombre de personnes protégées directement après avoir été vaccinées (bénéfice individuel de la vaccination) et indirectement, car des personnes non vaccinées peuvent être protégées par leur entourage vacciné (bénéfice collectif d'une vaccination dite "altruiste").
Diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche et_Haemophilus influenzae_ de type b : les objectifs de couverture vaccinale sont atteints.
Depuis plusieurs années, la couverture vaccinale contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche et Haemophilus influenzae de type b est atteinte. En 2016, la couverture vaccinale (primovaccination à 2 doses suivie d'une dose de rappel) était de 96 % chez les enfants âgés de 24 mois (nés en 2014) en population générale. Il existe des disparités régionales avec une couverture vaccinale de 95 % en Nouvelle-Aquitaine.
Malgré cette couverture vaccinale très élevée, les maladies concernées n'ont pas disparu en France et dans le monde. C'est le cas de la diphtérie. En France, entre 1989 et 2017, 21 cas importés de diphtérie ont été déclarés en métropole et 11 cas de diphtérie ont été rapportés à Mayotte. Le tétanos est une maladie que l'on ne peut éradiquer car la bactérie responsable (Clostridium tetani), hébergée dans le tube digestif de nombreux mammifères, persiste sous forme de spores résistantes dans le sol. L'efficacité de la vaccination contre les infections invasives à Haemophilus influenzae de type b a permis de diminuer de manière drastique le nombre de méningites et d'infections profondes chez le nourrisson (42 cas en 2016 chez les enfants de moins d'un an).
Ces données factuelles indiquent qu'une couverture vaccinale élevée doit être maintenue chez les nourrissons.
Rougeole, oreillons et rubéole : la couverture vaccinale contre ces maladies** est insuffisante, ce qui **explique la survenue de vagues épidémiques de rougeole en France.
Compte tenu du caractère très contagieux de la rougeole (capacité de transmission de la rougeole à 15 personnes à partir d'un cas de rougeole), et de la couverture vaccinale insuffisante, des flambées épidémiques surviennent régulièrement en France. La dernière épidémie a débuté en novembre 2017 ; à la date du 25 avril 2018, plus de 2.000 cas de rougeole étaient déclarés : 76 % des départements ont déclaré au moins un cas et 56 % des cas sont survenus en Nouvelle-Aquitaine. Cette situation épidémiologique était prévisible car la couverture vaccinale contre cette maladie était insuffisante. Selon le calendrier vaccinal, les nourrissons âgés de deux ans devraient avoir reçu deux doses d'un vaccin trivalent contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR). En 2016, la couverture vaccinale à deux doses de ROR était de 79 % en France, avec des disparités inter- et intra-régionales. La couverture vaccinale chez les adultes n'est pas connue, mais on sait qu'elle est insuffisante. Or, la couverture vaccinale contre la rougeole devrait être égale à au moins 95 % pour empêcher la survenue de flambées épidémiques dans la population.
L'efficacité élevée de la vaccination a quasiment fait disparaître la rubéole congénitale en France.
Couverture vaccinale insuffisante contre les infections invasives à méningocoque C, ne permettant pas de protéger les nourrissons âgés de moins de 12 mois.
En 2017, la recommandation initiale de vaccination contre les infections invasives à méningocoque C des personnes âgées de 1 à 24 ans révolus a été modifiée car le nombre de cas de méningites C augmentait chez les nourrissons âgés de moins de 12 mois, qui n'étaient pas vaccinés. En effet, entre 2015 et 2017, les couvertures vaccinales, bien qu'en progression, étaient insuffisantes : 73 % chez les nourrissons de moins de 2 ans et 28 % chez les adolescents de 15 à 19 ans en 2017. En Nouvelle-Aquitaine, la couverture vaccinale atteignait 69 % chez les moins de 2 ans et 19 % seulement chez les 15-19 ans.
Couverture vaccinale contre les papillomavirus : en légère progression mais toujours très faible.
Après un point bas en 1999, la couverture vaccinale contre les papillomavirus s'est légèrement redressée d'année en année pour atteindre 21,4 % chez les jeunes filles âgées de 16 ans. C'est bien entendu très insuffisant et très inférieur aux chiffres élevés qui sont observés dans certains pays comme l'Australie, le Royaume-Uni, le Portugal ou la Finlande, où l'incidence des infections et des lésions pré-cancéreuses causées par les papillomavirus a chuté.
Ce sont les couvertures vaccinales dont il faut maintenir un taux élevé, celles qui sont insuffisantes et la moindre perception dans la population générale des maladies infectieuses qui ont conduit les autorités sanitaires à recommander l'obligation vaccinale chez les nourrissons nés à partir du 1er janvier 2018.
Car l'acte de se faire vacciner présente un bénéfice individuel mais également pour son entourage, notamment pour protéger une personne qui ne peut pas être vaccinée.
Les vagues épidémiques de rougeole que l'on observe actuellement dansplusieurs pays européenssont un exemple frappant des conséquences d'une couverture vaccinale insuffisante.
Source : Santé Publique France.